L'Actu Citoyenne

« C'est un voleur » Philippe Poutou crée un malaise sur BFM en parlant du patron de la chaîne


ÉCONOMIE | Publié le 28 janvier 2023

Philippe Poutou était l'invité de l'émission « Week-end direct » diffusée sur BFM TV ce dimanche 22 janvier 2023.


“ C'est toujours contre les gens, contre la population. ”

Philippe Poutou : « Ça fait quand même des décennies qu'on voit que les reculs sociaux correspondent à l'autre bout de la société, à des fortunes qui s'accumulent. Donc c'est assez simple aussi de comprendre que les richesses, elles ne s'inventent pas. Elles se prennent là où elles existent et elles s'accumulent par un mécanisme de vol. Et on pense que les reculs successifs de l'âge de la retraite, on pense que les licenciements, les démantèlements des services publics, c'est justement un accaparement des richesses du côté des plus fortunés et c'est pris à la collectivité. Donc voilà, c'est tout ça qui se passe. Donc là, l'ajustement qu'il y a à faire, c'est le chemin inverse depuis des décennies. Parce qu'on s'aperçoit que les solutions libérales, ultralibérales qui permettent de remplir les poches des plus riches, elles dégradent l'ensemble de la société. Enfin, tout va mal, le capitalisme s'enfonce dans ces crises. » Charles Consigny : « La solution ultralibérale, ce serait la retraite par capitalisation. Là on reste quand même sur... » Philippe Poutou : « On n'en est pas forcément très loin. C'est vrai que ce n'est pas cette étape-là. » Charles Consigny : « On reste sur une retraite par répartition qui n'est quand même pas une solution ultralibérale. » Philippe Poutou : « C'est ce qu'il y a en ligne de mire. On commence par déjà reprendre le plus possible et après on fait l'étape finale. Et l'étape finale c'est effectivement la rupture ou la fin du système par solidarité. Donc là on sait qu'ils ont ça en tête. Donc nous, la réponse qu'on a : c'est oui, ce sont des ajustements, mais complètement dans l'autre sens, c'est-à-dire de reprendre tout ce qui a été volé, de ce que l'on considère comme étant volé, qui a été accumulé de manière complètement injuste et complètement indécente. Parce qu'aujourd'hui on le voit, enfin des fortunes... Enfin, on le sait tous en plus, ça fait bizarre de toujours discuter de ça parce que Véran, il a dit ce matin... Enfin, il n'est pas le seul, mais je crois que c'est ce matin qu'il a dit : " De toute façon, c'est simple, si on ne change pas, le système se casse la gueule. " Il dit : " Soit on recule l'âge de la retraite, soit on s'attaque aux cotisations. " Mais les solutions qu'il a, c'est toujours contre les gens, contre la population. »


“ Drahi, c'est un voleur. ”

Philippe Poutou : « Et il n'a jamais cette idée et c'est bizarre, mais même nous on n'en discute pas tant que ça, c'est cette idée qu'en fait il y a un truc qui manque dans la discussion, c'est qu'il y a des milliards et des milliards qui s'accumulent, bon, tout à l'heure, je le disais, il y a les dividendes. C'est 80 milliards cette année je crois. Les fortunes, les grandes fortunes augmentent. Vous avez un patron qui est quand même plutôt bien placé dans le classement. Je ne sais pas combien il est : 12ème, un truc comme ça, ou 11ème ? Drahi, 8 à 9 milliards. Bon, et puis il y en a d'autres comme ça. Arnault, lui, il explose les records. Donc là, il y a quand même un truc où on se dit, mais, est-ce bien normal ça ? Est-ce bien raisonnable ? Est-ce qu'on ne peut pas, à un moment donné, reprendre, pas un peu, on peut reprendre beaucoup et en laisser, ils en auraient encore beaucoup ? Voilà, c'est un rééquilibrage. » Alice Darfeuille : « Donc vous voulez demander aux grands patrons de payer les retraites des Français ? » Philippe Poutou : « Oui mais parce que les grands patrons, ils ont volé l'argent. Drahi, c'est un voleur. Vous n'allez pas le dire, vous ne pouvez pas le dire, c'est votre patron. Non mais sérieusement, sérieusement, ces gens-là, comment on peut avoir... » Charles Consigny : « Vous vous exprimez quand même sur sa chaîne de télé, vous ne pouvez pas dire un truc comme ça ou alors vous ne venez pas. » Philippe Poutou : « Je vais le remercier d'être là. » Charles Consigny : « Il y a un truc, c'est juste la correction de ne pas insulter son hôte, mais bon. » Philippe Poutou : « Ce n'est pas une insulte, non. » Charles Consigny : « Ah bon ? Voleur, c'est quand même une insulte. » Philippe Poutou : « Bah non, c'est un état de fait, peut-être, je ne sais pas. » Alice Darfeuille : « Un, rien ne vous permet de dire ça. Deux, ce n'est pas le sujet ce soir. Donc allez-y, continuez. » Philippe Poutou : « Si, c'est le sujet. Parce qu'on veut nous expliquer que les retraites, il n'y a pas d'argent, qu'on est obligé de faire ça. » Alice Darfeuille : « Et qu'il faut aller le chercher ailleurs, c'est ça ? » Philippe Poutou : « Alors quand on est dans une situation où les gens n'ont même pas 1 200 € par mois. Le SMIC, il est à 1200. Il y a plein de gens qui ont moins de 1 200 € par mois parce que là, c'est moi qui suis le méchant, là. »


“ C'est du vol légal. ”

Philippe Poutou : « Bien sûr, c'est moi qui suis le méchant, parce que j'insulte un patron qui est ultra riche. » Charles Consigny : « Non, non, ce n'est pas ça, c'est parque ce que vous faites un coup. » Philippe Poutou : « Nan mais, sans déconner, il y a quand même un monde où il y a des choses qui sont inadmissibles. » Charles Consigny : « Vous faites comme Boyard chez Hanouna. » Philippe Poutou : « Aujourd'hui qu'il y ait autant de richesses que ça, on ne va pas revenir sur Drahi, mais globalement les milliards qu'il y a, et puis la fraude fiscale, l'évasion fiscale, pourquoi on n'en parle plus de ça ? Ce sont 80 milliards, à peu près, d'euros de manque à gagner pour l'Etat. Tous ces gens-là, ce sport de ces gens-là qui vont tricher en déplaçant l'argent, pourquoi on ne parle pas de ça ? Donc c'est pour ça qu'il y a de quoi s'énerver quand même, quand on nous dit, il n'y a pas d'argent pour augmenter les salaires, il n'y a pas d'argent pour embaucher, il n'y a pas d'argent pour l'hôpital, il n'y a pas d'argent pour les enseignants dans l'Education nationale, il n'y a pas d'argent pour accueillir les gens qui sont sans domicile ou pour pouvoir accueillir des réfugiés. Enfin, il y a quand même quelque chose qui ne va pas dans ce monde-là. Et on sait que l'argent existe, on sait que l'argent existe et on sait qui s'accumule quelque part. Pourquoi on n'est pas capables de discuter d'un monde, un peu quand même, un peu rationnel ou un peu équilibré, qui dit : " Ben oui, là il y a un problème. " Et pourquoi Macron ? Et pourquoi Véran ? C'est pourquoi aberrant qu'il. » Alice Darfeuille : « Que vous pensiez qu'Il faut aller l'argent ailleurs c'est une chose. » Philippe Poutou : « Et donc il faut aller le récupérer là, cet argent-là. » Alice Darfeuille : « Vous ne pouvez pas lancer des accusations comme ça sans aucune preuve. » Philippe Poutou : « Mais si, la preuve c'est l'impôt sur les sociétés.... Mais c'est légal parce que c'est du vol légal. C'est pour ça que ça vous scandalise, mais c'est un vol légal. C'est-à-dire qu'en fait, quand l'argent, parce qu'avant on avait une retraite à 60 ans, on avait des services publics partout, des bureaux de poste partout, des gares partout. Aujourd'hui, il n'y a plus tout ça. »