L'Actu Citoyenne

Accord entre Bercy et la banque Rothschild ? : La question d'un député à Bruno Le Maire


ÉCONOMIE | Publié le 04 avril 2022

L'intervention de François Ruffin dans une vidéo publiée sur sa chaîne Youtube ce mercredi 30 mars 2022.

« Des trusts dans des paradis fiscaux type Jersey, Guernesey, île de Man »

François Ruffin : « J'ai regardé hier, le Off Investigation de " Patrimoine de Macron, où sont passés les millions ? " Tu sais, c'est les millions qu'il a gagnés chez Rothschild, notamment avec le deal Nestlé. Et il y a un élément dedans qui m'a marqué. Il y a une affirmation du journaliste comme quoi la banque Rothschild aurait passé un accord avec le ministère de l'Économie depuis les années 2000 pour que la rémunération des banquiers de chez Rothschild ne soit pas seulement effectuée en France, mais puisse être effectuée ailleurs. Et donc que ça puisse éventuellement passer par des trusts dans des paradis fiscaux type Jersey, Guernesey, île de Man. Indépendamment de Macron, tu vois, c'est tous les banquiers de chez Rothschild, on peut se demander si c'est toutes les banques d'affaires du pays, tous les banquiers du pays. On ne voit même pas pourquoi, à la limite, tous les salariés du pays ne pourraient pas bénéficier du même privilège de pouvoir défiscaliser leurs revenus ! Mais de la même manière pour les entrepreneurs ou pour les professions libérales. »

« J'ai adressé ce matin une question écrite au ministère de l'Économie »

François Ruffin : « Donc j'ai adressé ce matin une question écrite au ministère de l'Économie pour savoir si cette affirmation du journaliste Jean-Baptiste Rivoire est bien exacte et qu'il y a bien un accord entre Bercy et la banque Rothschild qui permet en fait une fraude fiscale légale, pour ainsi dire. Et c'est marrant parce que je regardais le programme d'Emmanuel Macron, il y a des mots qui sont absents dedans. Tu sais, c'est mon truc de faire des CTRL+F dans ses textes. Le mot " bénéfices ", par exemple, dans un moment où le Cac 40 a enregistré son record de bénéfices de tous les temps, 160 milliards d'euros : le mot est absent. Mais, par exemple, le mot fraude n'est présent qu'une seule fois : c'est pour la fraude sociale, c'est pas pour la fraude fiscale, dont on sait pourtant qu'elle est nettement plus élevée. Et de la même manière, il n'y a pas du tout l'expression " paradis fiscal ". Donc il ne s'agit pas de lutter contre ça, quoi. En revanche, on va lutter contre les assistés au RSA. »

« Il y a comme un temps de corruption accélérée »

François Ruffin : « Mon sentiment, c'est qu'il y a comme un temps de corruption accélérée, quoi. Quand tu vois McKinsey, qui est au fond un dépouillement de l'État de l'intérieur, et le dépouillement des milliards n'est rien à côté du dépouillement des compétences dans la durée de l'État. Ou que tu vois le mercato qui est en train de se passer dans la macronie, avec le nombre de conseillers parlementaires, conseillers ministériels, qui rejoignent par paquets les " relations publiques ", ça veut dire les lobbies, quoi. T'as, donc, on l'avait dit, Michael Nogal, qui rejoint l'industrie agroalimentaire. T'as un autre qui rejoint la Fédération nationale des industries laitières. T'en as une autre qui rejoint Intercéréales, où était déjà parti un conseiller de Bruno Le Maire qui en était devenu le responsable. Bon, t'as une conseillère de Amélie de Montchalin qui entre à la Française des jeux, privatisée par Emmanuel Macron. Bon bref, c'est le grand truc des portes tournantes. »

« Et va-et-vient là, c'est encore plus vrai chez McKinsey »

François Ruffin : « Et ce va-et-vient là, c'est encore plus vrai chez McKinsey, où t'as eu trois hauts responsables de McKinsey qui, en 2017, se sont engagés dans la campagne de Macron. Donc, t'as le patron de la branche secteur public aujourd'hui, qui s'appelle Karim Tadjeddine. T'as Éric Hazan, qui est le directeur de la branche numérique. T'as Guillaume de Ranieri, qui est le directeur du secteur aérospatial et défense. Donc qui ont fait la campagne de Macron en 2017. Et t'as ceux qui ensuite ont rejoint la macronie, comme Ariane Komorn, qui est devenue, elle, à la République en marche, cheffe du Pôle engagement, alors qu'elle était chez McKinsey auparavant. Et de la même manière pour un autre mec qui s'appelle Paul Midy, je ne les ai pas appris par cœur non plus, hein, mais qui est entré dans la macronie alors qu'il était passé par chez McKinsey. Et, enfin, un autre gars qui s'appelle Mathieu Maucort, qui lui aussi était chez McKinsey et qui est passé au secrétariat d'État au Numérique. »

« Pour aller y gratter des millions ou des dizaines de millions »

François Ruffin : « Bon, bref, c'est les mêmes dirigeants qui un coup sont dans le privé, un coup sont dans le public, pour mieux dépouiller le public et le filer à leurs copains du privé, quoi. L'expression " lobby " pour moi, tu sais, c'est en dessous de la réalité. Parce que le lobby suppose qu'il y ait besoin de faire pression sur Macron et compagnie pour qu'ils remplissent les désidératas des multinationales. En vérité, il n'y a pas besoin de faire pression. Parce que c'est un même univers qui un coup se trouve dans le privé pour aller y gratter des millions ou des dizaines de millions, revient dans le public pour faciliter les lois pour les copains, puis repart dans le privé dans une espèce de va-et-vient permanent. Donc il s'agit d'en finir aussi avec ça pour reconstituer un État clair qui a ses prérogatives et qui défend une fiscalité égale pour tout le monde. Pour l'entrepreneur et pour le banquier d'affaires, pour l'actionnaire et pour le salarié. Mais bon, évidemment, il faut nettoyer les écuries d'Augias maintenant. C'est le mythe des douze travaux d'Hercule, où à un moment ça pue tellement dans les écuries – je crois que c'était un roi, Augias – que Hercule, tout ce qu'il trouve à faire, c'est de détourner une rivière et de la faire passer en plein milieu des écuries pour te nettoyer tout ça d'un seul coup. »