L'Actu Citoyenne

Question piquante d'un journaliste à McKinsey France, la réponse est surréaliste


ÉCONOMIE | Publié le 18 août 2022

Clarisse Magnin-Mallez, directrice générale de McKinsey France, était l'invitée de l'émission « Good Morning Business » diffusée sur BFM Business ce lundi 11 juillet 2022.

« On est à peu près à 450 millions d'euros de chiffre d'affaires aujourd'hui »

Christophe Jakubyszyn : « Alors, si on prend toute l'activité de McKinsey en France, vous l'avez dit, combien de... 150 millions d'euros de chiffre d'affaires, c'est ça, à peu près ? » Clarisse Magnin-Mallez : « On est à peu près à 450 aujourd'hui, mais on... » Christophe Jakubyszyn : « 450 aujourd'hui. Et alors, pendant 10 ans, vous n'avez pas payé d'impôt sur les sociétés. Alors, vous en avez payé en 2021, je sais, mais pendant 10 ans, vous n'en aviez pas payé parce qu'il y avait les prix de transfert entre la maison mère et la France. Tout le monde fait ça, mais vous le faites très bien parce que vous êtes des experts. Et en plus, la maison mère, elle est immatriculée au Delaware. Donc elle ne paye pas non plus, en tout cas très peu, d'impôt sur les sociétés. Est-ce que vous ne trouvez pas que ce n'est pas normal, quand même ? Est-ce qu'à un moment donné, il ne faut pas que tout le monde paye des impôts sur les sociétés à partir du moment où l'on fait de l'activité et du bénéfice dans chaque pays ? »

« On a un marché qui est très onéreux. Puisqu'en fait, le coût du travail en France c'est quinze points de plus que la moyenne européenne »

Clarisse Magnin-Mallez : « Alors, écoutez, ce que je peux vous dire, c'est qu'on respecte toutes les règles fiscales et sociales. » Christophe Jakubyszyn : « Ça, j'en suis convaincu. Est-ce que ce n'est pas une manière d'optimiser ces règles, quand même ? » Clarisse Magnin-Mallez : « Non, mais je vais vous expliquer. Il y a trois raisons pour lesquelles on ne paye pas l'impôt et ce n'est pas du tout, en fait, ce qui a été dit. La première chose, c'est que le marché du conseil en France, c'est un marché très compétitif. Donc nos honoraires sont 15 à 20 % plus faibles en France que dans le reste de l'Europe. » Christophe Jakubyszyn : « D'accord, ce sont les marges, quoi. » Clarisse Magnin-Mallez : « Ça, c'est l'effet numéro un. L'effet numéro deux, c'est qu'on a un marché qui est très onéreux. Puisqu'en fait, le coût du travail en France – ça fait un peu écho à la discussion précédente –, c'est quinze points de plus que la moyenne européenne. Et la troisième chose, c'est que McKinsey est dans une stratégie d'investissement en France. Et on est dans cette stratégie d'investissement.

« Je ne veux pas que vous pensiez que ces règles ont été conçues pour la France »

Clarisse Magnin-Mallez : « On a d'ailleurs payé l'impôt sur les sociétés, vous le disiez, en 2021, mais on l'a payé dans le passé, on le paye via notre filiale de mise en œuvre opérationnelle. Mais, encore une fois, la contribution à l'impôt d'une entreprise, ce n'est pas que l'impôt sur les sociétés. Et nous, on a payé pratiquement un demi-milliard, donc 422 millions d'euros sur les dix dernières années, donc on contribue : cotisations sociales et différentes taxations. » Christophe Jakubyszyn : « L'impôt minimal, 15 %, c'est une bonne idée, finalement, ça mettrait fin à ce type de polémiques ? » Clarisse Magnin-Mallez : « Alors, s'il y a un sujet sur lequel, clairement, je ne suis pas compétente, sur lequel je ne m'exprimerai pas, c'est la fiscalité. Mais en tout cas, par rapport à ce que vous disiez, nous, on a vraiment ces règles fiscales dont vous parlez. On les respecte dans tous les pays et elles sont identiques. Donc, je ne veux pas que vous pensiez que ces règles ont été conçues pour la France, qui ne représente de toute façon que 3 % de McKinsey dans le monde. Donc vous voyez, ce n'est pas une optimisation de l'entité France. »