ENVIRONNEMENT

Publié le 10 décembre 2020

1972, cette incroyable prémonition sur les dérives de la société de consommation

En 1972, Jacques Piccard (Océanographe) nous expliquait que les excès de notre civilisation nous conduiraient à la catastrophe. Voici ce qu'il disait :

«La totalité de la production humaine devient un déchet»

Jacques Piccard (Océanographe): «On se développe de plus en plus, on produit de plus en plus, on achète de plus en plus, on transporte de plus en plus. Et bien dites-vous une chose aussi, c'est que à plus ou moins brève échéance, la totalité de la production humaine devient un déchet et donc devient pollution, n'est-ce pas ? Alors imaginez que nous soyons en train de monter sur cette courbe. Qu'est-ce qui va se passer ? Il y a un moment donné où ça n'ira plus.» Un journaliste: «Il y a eu, à toutes les époques, des gens qui ont poussé des cris d'alarme, mais à chaque fois, le progrès a permis de trouver des solutions.» Un autre journaliste: «Prenez l'exemple de Malthus. Jacques Piccard: «Voilà précisément. Malthus l'avait déjà dit. Malthus avait dit déjà à ce moment là qu'on courrait à la catastrophe.»

«Jamais aujourd'hui, l'homme n'a été autant en danger»

Un journaliste: «Oui, mais il a dit à son époque et jamais aujourd'hui, l'homme n'a été si bien portant.» Jacques Piccard: «Pas du tout. Jamais aujourd'hui, l'homme n'a été autant en danger. On peut être très bien, pourtant, à la veille d'un accident. Si vous roulez en voiture sur l'autoroute, vous êtes en parfaite santé. Une seconde avant votre accident.» Un journaliste: «Aujourd'hui, on vit mieux qu'on ne vivait au 19ème siècle, à l'époque de Malthus.» Jacques Piccard: «Oui, mais nous vivons mieux, ça, c'est un effroyable égoïsme de dire ceci parce que nous vivons mieux, nous, personnellement, c'est entendu, mais il n'y a pas assez de matière première. Il n'y a pas la possibilité de faire vivre le monde entier, c'est à dire les 3,8 milliards que nous sommes sur la Terre maintenant avec le niveau de vie que nous avons nous mêmes. Mais ça ne on veut pas dire que nous vivons mieux, nous, personnellement, c'est entendu.»

«Il y aura une chute brutale de la population d'à peu près les deux tiers»

Un journaliste: «Scientifiquement, on peut dire réellement, sérieusement aujourd'hui que l'humanité est menacée.» Jacques Piccard: «Oui, certainement. Il est extrêmement difficile de donner un délai si vous voulez. A quel moment, est-ce que ce sera la catastrophe ? Ca, c'est difficile. Et bien ce qu'on peut dire, je crois que ça a été étudié par différents groupes, en particulier le fameux groupe de Rome, des groupes de savants de très haut niveau, extrêmement modérés et prudents et précis dans la méthode de travail, qui ont travaillé avec le MIT, c'est à dire le Massachusetts Institute of Technology de Boston. Parfaitement. Et ils ont quand même étudié les choses de façon très approfondie et précisément dans ce domaine de prospective, pour tâcher de voir combien de temps on pouvait courir sur notre lancée actuelle. Et ils ont programmé, si vous voulez, tout ceci sur des ordinateurs et ils ont, en particulier, fait jouer les données principales suivantes les investissements en capital ou le niveau de vie, ce qui revient à peu près au même; la population, le taux d'accroissement de la population, l'exploitation des ressources naturelles, la pollution et la pollution de l'alimentation. Et ils ont mis ceci, je schématise un petit peu de temps, ils ont mis tout ceci dans un ordinateur et ils ont dit à l'ordinateur qu'est-ce qui va se passer ? L'ordinateur a montré que si tout continue de la même façon vers les années 2030, à peu près approximativement dans 50-60 ans, il y aura une chute brutale de la population d'à peu près les deux tiers. Notez bien que ces deux tiers, c'est un chiffre qu'on retrouve dans toutes les grandes catastrophes naturelles chez les animaux, quand il y a des explosions de population, chez les insectes ou chez les fameux lemmings, les rongeurs ou même chez des cerfs, des chevreuils, etc. On retrouve ce même chiffre, à peu près les deux tiers de la population disparaissent au moment où il y a eu un excès de population, une explosion de la population.»

«Quelles que soient les façons de les trouver, systématiquement, on annonce cette catastrophe pour cette époque là»

Un journaliste: «Est-ce qu'on peut sérieusement imaginer que c'est aussi dramatique ?» Jacques Piccard: «Oui, oui, attendez, vous allez voir. Il faut continuer un petit peu ceci. Alors, là-dessus, ils ont dit : " Bon, mais qu'est-ce qu'il se passe si on fait un effort énorme et on réduit la pollution de tant et tant ? Totalement insuffisant, 2030, même catastrophe. Alors, ils ont fait varier tous ces différents facteurs et toujours, quelles que soient les façons de les trouver, systématiquement, on annonce cette catastrophe pour cette époque là, donc une réduction de la population d'à peu près les deux tiers, pour toute la Terre.Un journaliste: «C'est peut-être une solution ?» Jacques Piccard: «Oui, oui, on va y arriver, vous allez voir.» Un journaliste: «Si on est dans le dernier tiers.»

«Vous dites vous-même la solution est impossible à appliquer. Et ben voilà le danger»

Jacques Piccard: «Bon, alors là dessus, ils ont posé le problème à l'envers. Ils ont dit à l'ordinateur : " Alors qu'est-ce que tu veux qu'on fasse pour qu'en l'an 2000, on soit stabilisé ? Alors l'ordinateur a répondu. Il faut réduire les investissements, et vous voyez notre société de consommation ce qu'elle a à faire, réduire les investissements de 40 %, [...], réduire la pollution de 50%, réduire l'exploitation des matières premières de 75 % et réduire la production alimentaire de 20%.» Un journaliste: «Est-ce que c'est imaginable compte tenu des croyances religieuses, de stopper la natalité ou de la freiner ? Est-ce que c'est imaginable alors que les trois quarts de l'humanité sont en état de sous-développement de freiner le progrès économique ?» Jacques Piccard: «Et bien, vous venez de répondre à la question que vous me posiez tout à l'heure, est-ce que l'humanité est en danger ? Alors vous voyez, on trouve une solution, n'est-ce pas ? Et vous dites vous-même la solution est impossible à appliquer. Et ben voilà le danger.»



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