POLITIQUE

Publié le 09 septembre 2022

« C'est l'Union européenne qui décide, nos gouvernants sont des pantins » Charles Gave

Charles Gave était l'invité de l'émission « Bercoff dans tous ses états » diffusée sur Sud Radio ce jeudi 8 septembre 2022.

« On a des pantins. C'est-à-dire des gens dont le but essentiel dans la vie, c'est de gagner l'élection cantonale la semaine prochaine. »

Charles Gave : « Pourquoi le niveau intellectuel des classes dirigeantes en France s'est écroulé comme ça ? C'est pas nouveau. Si vous voulez, si vous comparez les gens qui entourent Macron aux gens qui entouraient de Gaulle, entre Guillaumat, etc., il y avait quand même des poids lourds autour de De Gaulle, ce n'était pas n'importe quoi. On pouvait ne pas être d'accord, mais enfin, c'étaient des mecs qui avaient l'intérêt de la France, qui réfléchissaient à long terme, etc. Donc là, on a des pantins. C'est-à-dire des gens dont le but essentiel dans la vie, c'est de gagner l'élection cantonale la semaine prochaine. Ils ne raisonnent qu'en fonction de la réélection et de l'élection de la semaine prochaine, quelle qu'elle soit. Et moi, ce qui me tue, c'est que si vous faites une politique énergétique, votre horizon est de 30 ou 35 ans. À la limite, ce n'est même pas quelque chose qui vous rentre dans la tête. Donc on a une série de jean-foutre, mais qui dépasse l'entendement ! Mais le vrai problème que je vois partout en Europe – c'est que ça s'est passé partout en Europe –, c'est l'écroulement du personnel politique. »

« Je ne suis pas maître de ma monnaie »

Charles Gave : « Et le but dans une démocratie, c'est quand il y a un type qui est trop nul, on le vire, quoi, on fait une élection, on le vire, etc. Mais il n'y a pas un pays en Europe où il y ait quelqu'un sur la liste d'attente. Vous voyez ce que je veux dire ? Qui vous allez mettre à la place en Angleterre ? Madame Truss ? La pauvre femme, elle est nulle ! En Allemagne, c'est effrayant ! Vous regardez partout... Donc comment se fait-il que cette espèce d'avatar européen nous ait amené un personnel politique aussi nul partout ? » André Bercoff : « Est-ce que, Charles Gave, on n'a pas le personnel politique qu'on mérite ? Il faut se poser la question en tout cas. » Charles Gave : « Mais si vous voulez, si vous demandez, à vous ou moi, d'aller faire quelque chose en France, je ne peux rien faire, puisque je ne suis pas maître de ma monnaie, je ne suis pas maître de mes taux d'Intérêt, je ne suis pas maître de mon budget, je ne suis pas maître de ma loi, puisque tout est fait... etc. »

« Les apparences du pouvoir »

Charles Gave : « Donc, à quoi ça sert d'être au gouvernement en France puisque de toute façon vous n'allez avoir aucun pouvoir. Donc, vous n'attirez que les gars qui ne sont attirés que par les apparences du pouvoir, mais pas par la réalité du pouvoir. » André Bercoff : « Ça veut dire que le vrai pouvoir aujourd'hui, enfin, un des vrais pouvoirs, c'est chez madame Von der Leyen et la Commission européenne ? » Charles Gave : « C'est eux qui les prennent et on les laisse les prendre. » André Bercoff : « Ils ne sont pas élus, d'ailleurs. » Charles Gave : « Aucun n'est élu et j'ai lu un papier très intéressant fait par un politologue américain qui m'a amusé. Il a dit : " On est en train de remplacer “The rule of law” – vous savez, la règle par la loi, l'État de droit – par “The rule of judges” ", la règle des juges. Donc vous avez toute une série de gars à Bruxelles, la Cour européenne des droits de l'homme ou la Cour de justice européenne, qui, dans le fond, font le droit, alors que ça devrait être la responsabilité de chaque Parlement, de chaque pays et des citoyens. »

« C'est une trahison des élites »

Charles Gave : « Mais là, ils sont élus par personne et ils font le droit. On ne peut pas virer un ayatollah de service qui aurait dit des choses désagréables en France sur la France. On est obligé de demander la permission à Bruxelles, qui nous la donne ou qui ne nous la donne pas. Donc, on a une perte monstrueuse de souveraineté en France et qui n'est pas compensée par une montée en puissance de l'Europe qui ferait le boulot de protéger, par exemple, les frontières européennes. » André Bercoff : « Oui, et qui jouerait un rôle de médiateur dans le conflit, par exemple. » Charles Gave : « Et qui s'est couchée devant les États-Unis avant qu'on ait le temps de dire ouf. Donc, c'est une trahison des élites, vous savez, comme l'avait dit... » André Bercoff : « La trahison des clercs. » Charles Gave : « Oui, c'est vrai. On a une trahison, mais extraordinaire, et c'est pour ça que les gens ne vont plus voter. »



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