POLITIQUE

Publié le 05 août 2022

Bruno Le Maire se fait secouer par une députée en pleine Assemblée : « Bienvenue en Macronarchie »

Mathilde Panot, députée, intervenait lors de la séance publique à l'Assemblée nationale ce jeudi 4 août 2022.

« Nul besoin de vous cacher, vous avancez à visage découvert »

Mathilde Panot : « Il y a quelques années, vous faisiez encore semblant de gouverner pour l'intérêt général. Nous écoutions alors d'une oreille distraite vos sornettes sur le ruissellement. Le temps du bilan est passé. Vous n'avez désormais plus le bénéfice du doute : non, l'argent des riches ne circule pas dans l'économie réelle. Non, l'argent distribué aux multinationales ne sert ni à augmenter les salaires, ni à encourager l'investissement, ni à créer des emplois. Oui, tous vos cadeaux fiscaux s'échappent en dividendes et en spéculation. À présent, nul besoin de vous cacher, vous avancez à visage découvert, vous êtes guidés par une seule conviction : les plus riches doivent faire nation à part. Vous vous êtes nommés Renaissance, sans doute pour annoncer votre projet : la régénération d'une société de castes. Après tout, qui a besoin de seigneurs quand en France, un criminel climatique comme Total n'a pas payé d'impôt sur les sociétés ces dernières années et a doublé ses bénéfices en un an ? Quand l'entreprise réalise un record de 18 milliards de profits mais fait l'aumône de 500 millions d'euros aux Français étranglés par le prix de l'essence, soit 0,2 % de son chiffre d'affaires ? »

« Bienvenue en Macronarchie »

Mathilde Panot : « Qui a besoin de seigneurs quand, en France, le CAC 40, arrosé d'argent public sans conditions, réalise 174 milliards d'euros de bénéfices et redistribue 80 milliards d'euros de dividendes à ses actionnaires, tandis que les PME sont deux fois plus taxées que les grands groupes ? Qui a besoin de seigneurs quand, en France, 5 personnes possèdent autant que 27 millions de français, pendant que vous culpabilisez les précaires et les chômeurs. Vous avez écarté l'une après l'autre toute forme de mise à contribution des plus riches. Vous refusez toujours de bloquer les prix, vous refusez de taxer les profiteurs de crise, vous refusez de rétablir l'impôt de solidarité sur la fortune, vous refusez d'augmenter les salaires, mais vous proposez aux Français de revendre leurs RTT pour arriver à finir les fins de mois. Bienvenue en Macronarchie où la répartition des richesses se heurte à un caprice sémantique. Comprenez collègues, Monsieur Bruno Le Maire, ici présent, abhorre le mot taxe et le mot surprofit. Alors tant pis, tant pis pour les 10 millions de pauvres, tant pis pour les 8 millions de personnes qui relèvent de l'aide alimentaire. Tant pis pour les 12 millions de personnes en précarité énergétique. Tant pis pour les 13 millions de personnes qui peinent à se déplacer, faute de véhicule ou de carburant trop chers. »

« Vous engouffrez le pays tout entier dans la cupidité et l'égoïsme social »

Mathilde Panot : « Ils ne sont pas, à vos yeux, une raison suffisante pour renoncer à l'engraissement d'une poignée au détriment de tous. Finalement, ce ne sont pas les taxes que vous détestez, Monsieur le ministre, c'est la justice sociale. Le 4 août 1789, les constituants, comme un certain Vicomte de Noailles, projetaient la France à l'avant-garde du progrès humain en Europe. Je le cite : " Le royaume flotte dans ce moment entre l'alternative de la destruction de la société ou d'un gouvernement qui sera admiré et suivi de toute l'Europe. " Aujourd'hui, le 4 août 2022, nous en sommes à la remorque. Le FMI recommande de taxer les super profits, tout comme la Commission européenne qu'on ne peut pas qualifier de partageux. Cette taxe est prévue au Royaume-Uni, en Italie et en Espagne. Hier, c'est le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Antonio Guterres lui-même, qui souligne la cupidité grotesque des entreprises pétrolières qui se gavent sur le dos des plus pauvres et appelle à son tour à une taxe sur ces super profits immoraux. Comme vous êtes seul, Monsieur le ministre, mais vous vous obstinez. Vous engouffrez le pays tout entier dans la cupidité et l'égoïsme social. Songez donc à ces mots de Larousse : " Le bonheur du peuple est facile à faire quand ceux qui le gouvernent s'occupent moins d'eux-mêmes que de lui. " Alors Monsieur le ministre, collègues, cessez de vous préoccuper des intérêts de vos amis les seigneurs, prenez goût à l'intérêt général. Soyez enfin à la hauteur de notre Histoire. »



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