POLITIQUE

Publié le 02 octobre 2022

Des propos qui font froid dans le dos ? Édouard Philippe explique à des étudiants sa méthode pour gouverner

Édouard Philippe intervenait lors de la conférence « Les mardis de l'ESSEC » qui s'est déroulée le mardi 18 mai 2021.

« Pour éviter la colère d'Achille, il faut la ruse d'Ulysse »

Édouard Philippe : « L'idée que la société française était comprimée, était angoissée, était désemparée, et que donc elle pouvait craquer, était une idée que j'avais en tête en juillet 2018. Il y a une colère rentrée dans la population française qui va exploser. Et je termine mon propos, après avoir présenté toute une série de choses qu'on va faire, sur l'idée que, pour éviter la colère d'Achille, il faut la ruse d'Ulysse. Et que donc, face à cette colère potentielle qui va se déclencher, il faut être rusé. On ne sait jamais laquelle des gouttes est la dernière. Ça, on ne sait pas. On peut le pressentir, mais on ne le sait pas. En revanche, on sait, on peut savoir si le vase est bientôt plein. En 2017, quand le président de la République est élu, il n'est pas élu sur un programme de : " Bon, on va calmer tout, on ne va pas en faire trop, parce que tout le monde est très très angoissé. »

« Et ça passe »

Édouard Philippe : « " Ce n'est pas du tout ça, le programme du président de la République. Il n'est pas élu pour ça. Il est élu sur un programme de transformation, d'attractivité, de compétitivité, de fin de la rente, d'émancipation. Je veux dire, c'est son programme. Il est élu pour ça. En tout cas, c'est ce qu'il porte. Et moi, je suis Premier ministre, donc c'est ce que je fais, ou alors ça n'a pas de sens. Et en 2017, on fait les ordonnances Travail. Moi, je me dis, quand on fait les ordonnances Travail, ça va être terrible, parce que je me souviens de la loi Travail, deux ans avant : manifestations monstres, tension maximale. Et on fait les ordonnances Travail et ça passe. On fait la réforme de la SNCF et on termine le statut, on met fin au statut. Et on ouvre à la concurrence, on développe la concurrence. On dit comment est-ce que ça va se passer. »

« La taxe carbone, et peut-être d'autres mesures, cristallise le mécontentement et la colère »

Édouard Philippe : « On s'attend à des blocages complets. Et on ne les a pas tant que ça. Il y a des grèves, il y a des... Mais ça passe. On dit qu'on va pouvoir entrer dans les universités, dans l'enseignement supérieur, sur le fondement d'une orientation sélective. Si vous avez suivi l'actualité politique des 20 ou 30 dernières années, vous savez que c'est une bombe. On le fait, il y a des universités qui sont occupées, on les désoccupe, et ça passe. Et donc vous vous dites, au fond, même quand ça crispe, si 1) on a un programme qui dit ça et 2) on considère que c'est bon pour le pays, il faut y aller. Et donc on y va. Et on fait la taxe carbone à un rythme beaucoup plus rapide que ce qu'elle avait été engagée, en sachant que c'est un rythme très rapide, et on ne voit pas que ce qui est passé auparavant ne va plus passer, et que la taxe carbone, et peut-être d'autres mesures, cristallise le mécontentement et la colère que j'évoquais tout à l'heure. »



À découvrir aussi...

Partager cette page