POLITIQUE

Publié le 14 septembre 2024

Dominique de Villepin donne une leçon de démocratie en recadrant Macron et Barnier sur France Inter


OPINION

Villepin recadre Macron : Les « bizarreries » de la nomination de Michel Barnier

Le jeudi 12 septembre, Dominique de Villepin, ancien Premier ministre, était l'invité de Léa Salamé lors de la matinale de France Inter. Sans détour, il a exprimé ses critiques sur les choix politiques récents d'Emmanuel Macron, notamment concernant la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre. Cette intervention a mis en lumière ce que Dominique de Villepin considère comme trois « bizarreries » dans la gestion actuelle du gouvernement.

Dès le début de l'entretien, Dominique de Villepin s'est attaqué au calendrier et aux priorités du nouveau Premier ministre, soulignant ce qu'il perçoit comme un décalage entre les attentes des Français et l'attitude de l'exécutif. Il a notamment mentionné que Michel Barnier a pris le temps de déjeuner avec le président et de participer à des événements publics tels que la cérémonie paralympique pendant plusieurs heures, alors que le contexte politique et social en France exige des actions immédiates et concrètes. « Les Français attendent des réponses », a martelé Dominique de Villepin, estimant que ces moments de mondanité politique envoient un mauvais signal.

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Un manque de légitimité selon Dominique de Villepin

L'une des critiques centrales de Dominique de Villepin concerne la légitimité même de Michel Barnier à la tête du gouvernement. Selon lui, bien que le président ait nommé Barnier, cette nomination ne lui confère aucune légitimité politique aux yeux du Parlement, notamment parce que son parti n'est pas majoritaire à l'Assemblée nationale. Le nouveau Premier ministre se trouve donc dans une position délicate où il doit négocier avec d'autres formations politiques pour obtenir une majorité de circonstance.

Dominique de Villepin rappelle que, traditionnellement, un Premier ministre arrive avec une majorité clairement établie derrière lui, ce qui lui permet de gouverner avec une certaine stabilité. Or, dans le cas de Michel Barnier, le nouveau chef du gouvernement doit composer avec un Parlement fragmenté, où aucune majorité absolue ne peut garantir la mise en œuvre d'un programme politique cohérent. Cette situation rend la tâche du Premier ministre d'autant plus compliquée et fragilise son autorité.

Un processus politique inversé

La deuxième « bizarrerie » relevée par Dominique de Villepin concerne le déroulement même de la nomination du Premier ministre et la formation du gouvernement. Dans un contexte politique normal, explique-t-il, on connaît la ligne politique d’un Premier ministre avant même qu’il n’entre en fonction. Or, Michel Barnier se retrouve dans une position où il doit d’abord former un gouvernement, avant que les ministres eux-mêmes ne connaissent les orientations politiques exactes qu'ils devront défendre.

Pour Dominique de Villepin, cette situation est particulièrement déroutante. Elle inverse les rôles et met les ministres dans une posture inconfortable où ils doivent attendre pour connaître les lignes directrices du gouvernement. Cette incertitude pourrait, selon lui, compromettre l'efficacité du gouvernement et accentuer les divisions internes, dans un contexte où la France fait face à des défis majeurs, tant sur le plan économique que social.

Un rapport de force inversé

Enfin, Dominique de Villepin a mis en avant une troisième bizarrerie, celle du rapport de force entre les différents partis politiques. Dans le cadre de la nomination de Michel Barnier, c'est le cinquième parti en termes de résultats électoraux qui se retrouve en tête du gouvernement, une situation pour le moins inédite et déstabilisante.

Cette inversion du rapport de force met Michel Barnier dans une position de faiblesse, non seulement face aux autres formations politiques, mais aussi face à ses propres ministres. Dominique de Villepin a cité Gérald Darmanin comme exemple de cette dynamique délicate : bien que ce dernier se soit dit prêt à intégrer le gouvernement de Barnier, il a clairement mentionné qu’il avait des « lignes rouges » qu’il ne franchirait pas. Ces propos, selon Villepin, révèlent la fragilité de la position du Premier ministre, qui risque d’être constamment sous pression, non seulement de la part de l’opposition, mais aussi au sein de son propre cabinet.

Un mandat sous pression constante

Dominique de Villepin conclut son analyse en soulignant que cette pression constante que subira Michel Barnier tout au long de son mandat pourrait rendre la tâche du Premier ministre extrêmement difficile. Chaque ministre, en fonction de ses propres intérêts politiques et de ses ambitions personnelles, pourrait tenter d'influencer la ligne gouvernementale, rendant le travail de cohésion gouvernementale quasi impossible.

Pour Villepin, cette situation est loin d’être idéale pour la France, qui a besoin d'un gouvernement fort et stable pour faire face aux nombreux défis qui l’attendent. Le manque de légitimité, les processus inversés et le rapport de force défavorable entre les partis risquent de compromettre la capacité de Michel Barnier à mener à bien son mandat.

Une nomination sous le feu des critiques

L'intervention de Dominique de Villepin sur France Inter a révélé des critiques profondes sur la nomination de Michel Barnier et sur l'état actuel de la politique française. Selon lui, ces « bizarreries » nuisent à l'efficacité du gouvernement et à la légitimité du Premier ministre. Alors que la France traverse une période de crises multiples, Villepin appelle à une action politique plus cohérente et légitime pour répondre aux attentes des citoyens.

Par Tony Houdeville


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