POLITIQUE

Publié le 01 novembre 2022

Et pendant ce temps, à l'Assemblée nationale, Élisabeth Borne défend le troisième 49-3 dégainé en une semaine

Clémence Guetté, députée, intervenait lors de la séance à l'Assemblée nationale de ce lundi 31 octobre 2022.


“ Votre gouvernement est coupable de ses économies sur notre santé. ”

Clémence Guetté : « Présidente, ministres, collègues. Jamais deux sans trois. Après avoir gracieusement accordé quelques jours de débat aux représentants du peuple, madame Borne a dégainé son troisième 49-3 en une semaine. Pourtant, ça commençait bien. C'était la séquence du compromis, quand monsieur Attal nous enjoignait, il y a dix jours, à bâtir avec confiance et responsabilité un PLFSS qui serait l'une des briques d'un pays plus uni et plus solidaire. C'est beau, mais au lieu de l'unité du pays, pour la troisième fois, cet outil brutal de la cinquième République fait la preuve éclatante de votre isolement et de votre minorité. Votre gouvernement est coupable de ses économies sur notre santé. Pas un centime de plus dans ce budget, une fois retirées les hausses de dépenses causées par l'inflation. En macronie, c'est le règne de l'Ondam. Coupable de ne pas recruter suffisamment de soignants alors qu'il en manquerait déjà 100 000, faute de payer décemment, et de faire fuir à coups de burn-out généralisés ceux qui exerçaient un métier qu'ils aimaient.


“ Cette odieuse réforme promise à BlackRock et à Bruxelles. ”

Coupable de la fermeture de 21 000 lits d'hospitalisation sous le mandat précédent. Coupable, en temps de pénurie, de laisser les multinationales du médicament gorger les actionnaires de dividendes, à l'image de Sanofi qui a distribué 4 milliards en 2021. Coupable de soutien aux patrons voyous d'Orpea avec l'argent public comme un blanc-seing pour maltraiter nos grands-parents, malgré le dévouement d'un personnel surmené et mal payé. Nous avons alerté, nous nous sommes mobilisés dans la rue contre l'inaction climatique, contre la vie chère et contre cette réforme de la retraite à 65 ans. Mais vous préparez le terrain, doucement, à coups de mensongères évidences, sur l'impossibilité de financer notre système par répartition, sur l'impérieuse nécessité de travailler plus longtemps. Sachez que nous marcherons chaque fois que vous remettrez sur la table cette odieuse réforme promise à BlackRock et à Bruxelles, mais dont les Français ne veulent pas. Vous n'êtes même pas 49,3 % dans cette assemblée. Moins d'un Français sur dix a voté pour le chaos macroniste au premier tour des législatives. Votre gouvernement ne tient donc plus qu'à un fil, le 49-3. Vous voilà réduits à tirer sans cesse sur la corde qui vous maintient en place tels des pantins. Le 49-3, c'est le porte-étendard de cette caste qui navigue entre les ministères et les entreprises du CAC 40. Cette classe qui rejette l'État social parce qu'elle pense pouvoir, elle, s'en passer.


“ Quelques jours de discussion pour la forme et puis un 49-3 pour tout balayer. ”

La loi, le débat, la démocratie ne sont pour vous que les oripeaux d'un temps que vous voudriez défaire. Quelques jours de discussion dans cette assemblée, pour la forme, pour l'image, pour dire qu'on a discuté. Et puis un 49-3 pour tout balayer. » Élisabeth Borne : « Mesdames et messieurs les députés, dès le départ, les oppositions avaient indiqué qu'elles rejetteraient le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Pour autant, le projet de loi a été adopté en commission. Pour autant, les débats dans l'hémicycle ont été de qualité. Nos discussions ont été utiles, elles ont nourri le texte. Michel Rocard le disait devant cette assemblée : " Le 49-3 permet de conclure un débat, jamais de l'interdire. " J'entends les oppositions qui peuvent légitimement penser que voter un texte financier reviendrait à une approbation plus large de la politique du gouvernement. Mais je veux retenir que, sur ce texte, nous n'avons pas été loin d'un accord, pas loin de répondre à l'attente des Français : construire des compromis sans compromissions. Ce projet de loi propose des acquis sociaux majeurs. Nous resterons ouverts au dialogue au Sénat comme en nouvelle lecture, et nous restons déterminés à agir au service des Français. Je vous remercie. »



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