POLITIQUE

Publié le 24 mars 2022

L'intervention piquante d'une étudiante face à Gabriel Attal : « McKinsey, c'est un scandale d'État »

Gabriel Attal était l'invité de l'émission « Les Grandes Gueules » diffusée sur RMC ce jeudi 24 mars 2022.

« On stigmatise les gens qui sont au chômage et on engloutit plus d'un milliard dans des cabinets de conseil »

Léa Falco : « C'est un scandale d'État, quand même, ce qui se passe avec les cabinets de conseil et le gouvernement. Il y a un rapport du Sénat qui est sorti, qui montrait qu'il y avait plus de 900 millions d'euros en 2021 qui avaient été engloutis par des cabinets de conseil, seulement dans les ministères. Donc ça veut dire qu'avec le reste des corps intermédiaires, on est largement au-dessus du milliard, et entre autres par McKinsey. On a eu l'audition il y a quelques semaines, par le Sénat aussi, je crois, de quelqu'un qui présentait un plan de 200 pages qui avait coûté 500.000 euros, par McKinsey. Et on a découvert que McKinsey n'avait pas payé d'impôts sur les sociétés en France depuis dix ans, à priori, alors que leur chiffre d'affaires en 2020, sur le territoire français, c'était 329 millions d'euros. Est-ce qu'il n'y a pas un petit problème quand, d'un côté, on stigmatise les gens qui sont au chômage en leur disant qu'il faut travailler, et de l'autre côté, on engloutit plus d'un milliard dans des cabinets de conseil privés, alors que ça pourrait être internalisé ? »

« Un PowerPoint à 900.000 euros, quand même, de la part de McKinsey »

Alain Marschall : « McKinsey, un scandale d'État ? » Gabriel Attal : « Alors pas du tout. » Alain Marschall : « Ce n'est pas un scandale d'État ? » Léa Falco : « Eh ben, ça devrait en tout cas. » Gabriel Attal : « Non, ce n'est pas un scandale d'État. Il y a deux sujets dans votre question et je vais essayer de répondre à chacun d'entre eux. D'abord les cabinets de conseil : est-ce que c'est un scandale que l'État, des ministères puissent avoir recours à des cabinets de conseil ?! » Léa Falco : « Le fait que McKinsey ne paye pas ses impôts en France, alors qu'il y a 329 millions ? » Gabriel Attal : « C'est pour ça que je dis qu'il y a deux questions dans votre question. Je commence par la première, vous avez parlé des cabinets de conseil. » Olivier Truchot : « On a besoin de cabinets de conseil pour gérer l'État ? » Gabriel Attal : « Moi je considère que ce n'est pas un scandale. L'État n'est pas omniscient, omnipotent, il peut avoir recours à des cabinets d'experts sur certaines missions, sur certains points pour venir les accompagner, les conseiller. » Léa Falco : « Un PowerPoint à 900.000 euros, quand même, de la part de McKinsey. » Olivier Truchot : « Donc si vous êtes réélus, vous continuerez à utiliser des cabinets de conseil ? »

« 2018, c'était 400 millions d'euros pour les cabinets »

Gabriel Attal : « Ça fait des décennies que c'est utilisé, c'est utilisé dans tous les pays, il y a des collectivités, des mairies, des régions qui les utilisent aussi. Ce qu'il faut, c'est les utiliser avec un cadre. » Olivier Truchot : « Est-ce que vous dépenserez autant d'argent ? » Léa Falco : « Voilà, parce qu'il faut dire : 2018, c'était 400 millions d'euros pour les cabinets. Là, c'est 900 millions, encore une fois, que pour les ministères. » Olivier Truchot : « Est-ce qu'il faut plafonner ? Est-ce qu'il faut un plafond ? » Gabriel Attal : « Ce qu'il faut, c'est qu'il y ait un cadre et que ce soit fait avec parcimonie. » Alain Marschall : « Donc là, il y a eu abus ? » Gabriel Attal : « En gros, ce qu'il faut, ce n'est pas demander à un cabinet de conseil de faire quelque chose qu'on peut faire avec les compétences qui sont dans l'État. Qu'il y ait eu, en 2021, au moment où on développait la campagne de vaccination et où, effectivement, il y a des cabinets de conseil qui sont venus appuyer l'État pour déployer la campagne de vaccination... » Olivier Truchot : « Malgré tous les organismes du ministère de la Santé : les ARS, la Haute Autorité, on avait besoin en plus de conseils ? »

« Quand est-ce que l'on supprime ça ? »

Gabriel Attal : « Quand vous devez aller vite, être les plus agiles possible, pouvoir avoir un appui d'experts, voilà. Je crois qu'on a dépensé 40 fois moins que chez certains de nos voisins, notamment au Royaume-Uni, en cabinets de conseil. Tous les pays y ont recours. » Léa Falco : « Ça ne veut pas dire que c'est bien pour autant. » Gabriel Attal : « Mais encore une fois, il faut que ça soit : 1) utile et 2) que ça ne vienne pas dédoubler les compétences de l'État. Ensuite, vous posez une deuxième question, qui est celle des impôts qui sont payés. Et nous, on a toujours été très clairs sur le fait qu'une entreprise qui fait ses bénéfices en France, elle doit payer ses impôts en France. » Johnny Blanc : « Le problème qu'il y a, en fin de compte, on peut faire toutes les enquêtes qu'on veut : on est sur de l'optimisation fiscale, quelque chose qui est légal. Quand est-ce que l'on supprime ça ? Parce que moi, petit chef d'entreprise, je paye plus de 100.000 euros d'IS cette année. » Léa Falco : « C'est plus que McKinsey, du coup ! » Johnny Blanc : « Parce que moi je peux optimiser rien du tout. Quand est-ce qu'on supprime ces lois d'optimisation fiscale ? Elles ne servent à rien, si ce n'est qu'à détourner l'argent. »



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