POLITIQUE

Publié le 20 octobre 2021

«La démocratie, paillasson de Macron !» Une députée dézingue la macronie sur le passe

Mathilde Panot, députée, pointe du doigt le passe sanitaire en séance publique à l'Assemblée nationale ce mardi 19 octobre 2021.

«Il est truffé d'ordonnances sur lesquelles nous n'avons pas notre mot à dire»

Mathilde Panot: «Ministres, Collègues. Regardez autour de vous, on se croirait presque dans un hémicycle, on dirait presque que nous sommes parlementaires, réunis ici pour discuter d'un projet de loi, pour l'amender et pourquoi pas même le rejeter. Nous sommes donc en démocratie, c'est bien noté, laissez-nous simplement le temps de nous y habituer. Bon, je dis presque, car après tout le parlementaire n'a pas beaucoup parlementé ces derniers mois. La plupart des décisions sanitaires majeures se sont prises au sein d'un Conseil de défense, couvert par le secret-défense, c'est-à-dire pas d'organigramme, pas de relevé de décisions. simplement ce pauvre monsieur Attal, qu'on plaint, mais pas trop non plus, lui qui essayait péniblement de traduire en langage terrien les ordres et les contre-ordres venus de Jupiter. Vous me direz que vous jouez le jeu : ce projet de loi est le cinquième du genre cette année. Mais comme tous les autres, il est truffé d'ordonnances sur lesquelles nous n'avons pas notre mot à dire. Ainsi, les parlementaires s'ennuient. L'une des vôtres s'ennuyait tellement qu'elle a abandonné son mandat pour se carapater chez AccorHotels, puisque vous trouverez désormais plus de démocratie dans un conseil d'administration qu'au sein du temple républicain. D'autres ont l'esprit, et le portefeuille ailleurs, aux Seychelles, par exemple.»

«Ce projet de loi prolonge un régime d'exception»

Mathilde Panot: «Mais attention, certains d'entre eux se rebellent. Notre groupe, La France insoumise, trouve même des alliés chez vos macronistes pur-jus, passablement irrités d'être sans cesse confondus avec des paillassons. Enfin bref, quelle faveur vous nous faites, quelle amabilité ! Imaginez collègues, qu'un jour en macronie, notre rôle soit de prendre nous-mêmes les décisions qui engagent le quotidien de la population. Imaginez seulement, puisque ce ne sera pas pour cette fois. Ce projet de loi prolonge un régime d'exception, soi-disant provisoire mais devenu éternel, tant et si bien qu'un enfant né en 2015 aura passé les 3/4 de sa vie sous un régime de cette nature. Il consiste à donner un blanc-seing au gouvernement pour prendre des décisions sanitaires, lesquelles proviennent toujours de la même origine : sur quel pied le Président de la République s'est-il levé ? Pied gauche? Couvre feu, pied droit ? Déconfinement, pied gauche ? Passe sanitaire, pied droit ? Tout dépend de quand il s'est levé du pied gauche. Voilà le modèle inédit de gouvernement que vous avez institué : l'absurdie généralisée. Grâce à ce texte, vous remettez une fois encore le quotidien des Français entre les mains du président, qui pourra activer, désactiver ou réactiver seul, selon son humeur, le passe sanitaire puisque dans la farce de la gestion de crise sanitaire, monsieur le Premier ministre n'occupait qu'un rôle de figurant. Monsieur le premier ministre nous le répéterons autant qu'il le faudra : nous sommes contre le passe sanitaire.»

«Comment la population peut-elle croire et vous croire ?»

Mathilde Panot: «Le Conseil scientifique lui-même est dubitatif sur son efficacité, il est votre excuse commode pour faire mine d'avoir fait quelque chose contre le Covid, quand vous n'avez pas fait l'essentiel : avez-vous augmenté le nombre de lits ? Non, vous en avez fermé 5.700 en 2020. Avez-vous embauché plus de soignants ? Non plus. vous en avez suspendu plus de 15.000. Avez-vous œuvré pour la levée sur les brevets ? Non, pourquoi ? Ce serait dommage de retirer la manne de Big Pharma. Comme on dit chez vous : quand il n'y a pas de profit, il n'y a pas de plaisir. Sans oublier le fameux vaccin qui ne sera pas obligatoire, ou encore ce passe sanitaire qui ne sera jamais, oh grand jamais, un droit d'accès qui différencie les Français d'après Emmanuel Macron. Vous avez fixé des dates couperet, au-delà desquelles vous agiter la menace de suspensions, de tests payants, qui vous évitent de vous adresser à l'intelligence des Français. Voici où nous en sommes. Comment la population peut-elle croire et vous croire, alors que le Président lui a si copieusement menti ? Il n'y a pas de politique sanitaire sans confiance. En Guadeloupe, à peine 40% de la population a reçu une première dose de vaccin. Au CHU de Pointe-à-Pitre, 45% des soignants sont vaccinés. Vendredi, en Martinique, des soignants et leurs patients ont été gazés dans un hôpital par des policiers.»

«Allez-vous renvoyer chez eux ces soignants qui ont fait des toilettes à l'eau de Cologne ?»

Mathilde Panot: «Qu'allez-vous faire ? Les matraquer encore et encore ? Allez-vous renvoyer chez eux ces soignants qui ont fait des toilettes à l'eau de Cologne, qui ont été à court de masques, de gants, de médicaments, de respirateurs ou de lits ? Aux Antilles, la méfiance des citoyens s'inscrit dans une histoire plus longue, celle du chlordécone et, plus récemment, celle des déboires liés à la pénurie d'eau. Qu'attendez vous, monsieur le Ministre, pour déclencher le plan ORSEC eau potable, qui prévoit de distribuer des bouteilles d'eau à la population qui n'en a pas au robinet ? Car monsieur le Ministre, vous ne pouvez pas demander à une population d'appliquer les gestes barrières quand il n'y a même pas d'eau pour se laver les mains. Convaincre, plutôt que de contraindre. Sachez collègues que ceci n'est pas une idée nouvelle, on pourrait en faire l'histoire tant la philosophie morale la tient pour acquise depuis des siècles. Rousseau parlait de la loi du plus fort en ces termes : " qu'est-ce qu'un droit qui périt quand la force cesse ? S'il faut obéir par force, on n'a pas besoin d'obéir par devoir, et si on n'est plus forcé d'obéir, on n'y est plus obligé ". Collègues, voici votre erreur fondamentale : le consentement à l'autorité ne se fait pas sous la contrainte. Nous voterons donc contre ce texte, ce texte ce sont vos égarements imposés aux Français depuis deux ans, ce texte c'est une occasion pour vous d'en commettre bien d'autres.»



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