SANTÉ

Publié le 17 août 2024

Ce CHU s'offre un logo à 185 000 euros tout en fermant 100 lits


OPINION

Nouvelle Identité Visuelle du CHU de Nantes : Un Coût Controversé

Le CHU de Nantes a récemment présenté sa nouvelle identité visuelle, un logo moderne et coloré inspiré de la croix des ambulances. Cette transformation graphique s’inscrit dans une volonté de modernisation de l’établissement, avec une diffusion large sur les supports de communication, les réseaux sociaux, et le site internet de l’hôpital. Cependant, cette initiative a rapidement déclenché une polémique, non pas pour des raisons esthétiques, mais bien à cause du coût exorbitant de ce projet : 185 000 euros. Une somme jugée scandaleuse par de nombreux observateurs, en particulier les représentants syndicaux, qui voient dans cette dépense une utilisation inappropriée des fonds publics dans un contexte de crise.

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Polémique autour du coût d'un logo

À première vue, un logo peut sembler un détail insignifiant dans la gestion d'un hôpital, mais dans un établissement tel que le CHU de Nantes, chaque dépense doit être scrutée avec attention, surtout en période de difficultés financières. Les syndicats se sont rapidement insurgés contre cette dépense, la qualifiant d'inopportune et de malvenue. Pour Christophe Quillet, porte-parole de la CFDT, cette initiative est un affront aux employés qui se battent au quotidien dans des conditions de travail de plus en plus difficiles. "L'établissement est déjà déficitaire, et nous faisons face à une pénurie de personnel alarmante. Ce n'était clairement pas le moment pour une telle dépense," a-t-il déclaré au journal Le Figaro. Cette déclaration, empreinte de frustration, traduit bien le sentiment général de mécontentement parmi les employés de l'hôpital, qui voient dans ce logo une provocation plutôt qu'un signe de renouveau.

Critiques et indignation syndicale

La colère des syndicats est d'autant plus compréhensible lorsque l'on considère la situation globale de l'hôpital. Ces dernières années, le CHU de Nantes a dû faire face à des coupes budgétaires drastiques, ayant pour conséquence directe la fermeture de nombreux lits et une dégradation des conditions de travail. Les équipes médicales, déjà sous tension, voient leurs effectifs diminuer alors que la charge de travail augmente. Dans ce contexte, la décision de dépenser 185 000 euros pour un logo semble non seulement déconnectée des réalités du terrain, mais également une insulte aux soignants qui se battent chaque jour pour maintenir un niveau de soin décent.

Christophe Quillet, et d'autres représentants syndicaux, ne cachent pas leur indignation face à ce qu'ils perçoivent comme une mauvaise gestion des priorités. "C’est une honte," affirme-t-il, soulignant que cet argent aurait pu être mieux utilisé pour recruter du personnel, améliorer les conditions de travail ou même maintenir ouverts certains des lits récemment fermés. Pour lui, ce logo ne résout aucun des problèmes concrets auxquels le CHU est confronté, et il ne fait qu’alimenter le sentiment de déconnexion entre la direction et les équipes sur le terrain.

Contexte de fermeture de lits

La polémique autour de cette dépense ne peut être pleinement comprise qu’en la replaçant dans le contexte plus large de la gestion de l’hôpital. En effet, depuis plusieurs années, le CHU de Nantes est en proie à des difficultés croissantes, marquées par la fermeture de nombreux lits de court séjour. En 2022, ce sont près de 100 lits qui ont été fermés, suivis par d’autres en 2023 et 2024, affectant des services aussi essentiels que la psychiatrie, où une trentaine de lits ont été supprimés en juin dernier en raison de nombreux arrêts de travail.

Ces fermetures de lits ont des conséquences directes sur la qualité des soins et sur les conditions de travail des soignants, déjà mis à rude épreuve par une gestion des effectifs tendue. Malgré les promesses du directeur du CHU, Philippe El Saïr, concernant une amélioration du recrutement, la situation reste extrêmement préoccupante. Comment, dès lors, justifier une telle dépense pour un logo, alors que des pans entiers de l’hôpital sont en train de s’effondrer sous le poids des restrictions budgétaires ?

Un choix discutable face aux besoins fondamentaux

Cette controverse soulève une question cruciale : dans quelle mesure est-il justifiable de dépenser des sommes importantes pour la modernisation de l'image d'un établissement de santé, alors que ses besoins en termes de ressources humaines et matérielles sont criants ? Le choix de réinvestir dans la communication et le marketing, plutôt que dans le maintien et l'amélioration des services de soin, apparaît ici comme une décision profondément discutable.

Les partisans de cette nouvelle identité visuelle arguent qu’elle est nécessaire pour attirer de nouveaux talents et moderniser l'image du CHU, mais cet argument semble bien léger face à la réalité des suppressions de postes et de lits. Il est essentiel de se demander si l'argent public est utilisé à bon escient, surtout dans un secteur aussi sensible que la santé. La modernisation est sans doute nécessaire, mais elle ne peut se faire au détriment de l’essentiel : la qualité des soins et le bien-être du personnel soignant.

Un investissement mal calibré

Le choix de dépenser 185 000 euros pour un logo dans un contexte de crise et de suppression de lits apparaît comme un investissement mal calibré. Loin d’améliorer la situation du CHU de Nantes, cette dépense semble plutôt exacerber les tensions entre la direction et les syndicats, tout en détournant des fonds qui auraient pu être utilisés pour répondre à des besoins plus urgents. Cet épisode doit servir de leçon pour les futurs choix budgétaires de l’hôpital : l’image ne doit jamais primer sur le contenu, surtout lorsqu’il s’agit de santé publique.

Par Tony Houdeville


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