Ce docteur laisse exploser sa colère: «J'ai vraiment des envies d'aller dézinguer le ministère»
Le docteur Jean-Paul Hamon était l'invité de l'émission «Le Brunch de l'info» diffusée ce dimanche 7 mars 2021 sur LCI.
«On a balancé 50 doses de Pfizer hier parce que l'ARS a interdit qu'on les fasse»
Dr Jean-Paul Hamon: «Jean-Paul Hamon, il ne décolère pas depuis hier soir. On a balancé 50 doses de Pfizer hier parce que l'ARS a interdit qu'on les fasse. Pourquoi ?» Christophe Beaugrand: «Qui a balancé 50 doses ?» Dr Jean-Paul Hamon: «Au centre de vaccination de Clamart.» Christophe Beaugrand: «Au centre de vaccination de Clamart il y a eu 50 doses de vaccin Pfizer qui ont été jetées ?» Dr Jean-Paul Hamon: «On a vacciné 760 personnes et miracle, on avait les infirmières qui remplissent les seringues depuis des semaines et qui ont l'habitude de manier. Elles ont enfin touché des seringues avec des aiguilles serties qui leur permettaient de ne rien perdre. Et elles l'ont dit tout de suite, triomphantes : "Regardez, on a fait 7 doses" dans un flacon où normalement il était prévu de faire 5 doses que Pfizer autorisait...»
«Ne faites pas la septième !»
Christophe Beaugrand: «Il fallait avoir les bonnes seringues pour pouvoir récupérer les doses?» Dr Jean-Paul Hamon: «Et c'est facile à comprendre : vous avez 0.45 de liquide dans le flacon. Vous devez injecter, pour respecter le protocole, 1,8 de sérum physiologique. Vous arrivez à 2 25. Il faut injecter 0,3 de ce produit, donc diviser par 7, vous arrivez à 2,15 sauf que les seringues ne permettaient pas d'aspirer la quantité du produit. Là, les infirmières triomphantes ont dit : " Écoutez Docteur, c'est formidable, on a 7 doses, on les fait". Malheureusement, quelqu'un a prévenu l'ARS que l'on était capable de faire 7 doses. " Malheureux n'y touchez pas, on a le protocole, on a l'autorisation pour 6 doses. Ne faites pas la septième ! "» Christophe Beaugrand: «C'est une blague ?» Dr Jean-Paul Hamon: «Non mais ce n'est pas une blague.»
«50 personnes qui auraient pu se faire vacciner hier?»
Christophe Beaugrand: «Donc il y a 50 personnes qui auraient pu se faire vacciner hier?» Dr Jean-Paul Hamon: «Les infirmières, sous la menace de l'ARS, ont mis de côté la septième dose systématiquement pendant toute la journée et à la fin de la journée, on avait 50 doses ! Tout ça parce que l'administration frileuse qui est incapable de prendre une décision, sinon est-ce que la décision que je vais prendre va pouvoir se retourner contre moi ? On a balancé 50 doses de Pfizer.» Christophe Beaugrand: «Donc ceinture et bretelles, on ne veut prendre aucun risque.» Dr Jean-Paul Hamon: «Ceinture et bretelles.» Christophe Beaugrand: «C'est incroyable !»
«J'ai vraiment des envies d'aller dézinguer le ministère»
Dr Jean-Paul Hamon: «Là, je viens de recevoir un SMS d'une collègue de Bretagne qui me dit que eux aussi sont obligés par l'ARS de balancer la septième dose. Donc là vraiment, balançons monsieur Salomon ! Balançons tous ces gens qui sont incapables ! Cette administration qui dit : " Est-ce que la décision que je vais pouvoir prendre va se retourner un jour contre moi ? " Je peux vous dire que tous les médecins qui étaient présents sur ce centre de vaccination voulaient faire la 7ème dose. Je viens de recevoir un SMS d'un médecin qui va se faire opérer d'une hépatectomie parce qu'elle a un cancer, etc. Et qu'elle cherche désespérément une dose de Pfizer. Là, je peux vous dire que j'ai vraiment des envies d'aller dézinguer le ministère. Qui sont ces gens incapables de s'adapter, incapables de prendre des décisions responsables ? De prendre leurs responsabilités ? Franchement !»
«Ma secrétaire n'a que ça à faire de prendre des rendez-vous et de les annuler ?»
Dr Jean-Paul Hamon: «Pour nous médecins, à qui on a fait porter le chapeau, de ne pas s'engager, etc. Figurez-vous, quand même, que pour des libéraux qui ne voulaient pas s'engager, on a été capable en 3 heures de trouver 24 médecins et 24 infirmières, libérales pour la plupart, qui travaillaient samedi et dimanche alors que ce n'était pas prévu. Moi, j'ai déplacé ma consultation du samedi matin pour aller vacciner dans le centre de vaccination et commencer à vacciner et consulter hier soir jusqu'à pas d'heure. Les patients ont accepté de déplacer leur rendez-vous. Je vaccine dans mon cabinet avec l'AstraZeneca. Je ne sais pas si aujourd'hui j'aurai les vaccins qui sont prévus pour mercredi ou jeudi.» Christophe Beaugrand: «Mais vous êtes obligé de prendre les rendez-vous quand même?» Dr Jean-Paul Hamon: «Et je prend les rendez-vous ! Est-ce que vous croyez que ça se fait en 5 minutes de mobiliser 20 personnes ? Est-ce que vous croyez que ma secrétaire n'a que ça à faire de prendre des rendez-vous et de les annuler ?»
«On a une administration incapable»
Christophe Beaugrand: «Pour les médecins qui ont une secrétaire parce que beaucoup de médecins sont obligés de gérer ça.» Dr Jean-Paul Hamon: «La question aussi de la désertification se pose. Interrogez-vous de savoir pourquoi les médecins généralistes n'ont pas les moyens de se payer une secrétaire ? Ça, c'est un vrai scandale. On ne donne pas les moyens. On est en train de faire un soi-disant Ségur de l'hôpital, un Ségur de la santé pour réorganiser le système de soins. On met 23 milliards sur l'hôpital, 300 millions sur la ville, alors que la France est en train de se désertifier. On a une occasion unique de réformer le système de santé et on ne fait rien. On a une administration incapable. Là, je suis fou de rage !»