SANTÉ

Publié le 09 janvier 2021

«On réserve le vaccin pour des gens qui attendent la mort» Dr Martin Blachier

L'épidémiologiste Martin Blachier était l'invité de Laurence Ferrari ce jeudi 7 janvier 2021 pour parler de la crise sanitaire et notamment de la campagne de vaccination.

«Honnêtement, les gens, ils attendent la mort»

Dr Martin Blachier (Épidémiologiste): «Il y a quand même eu un symbole, les premières doses de vaccin que vous recevez, vous les réservez aux EHPAD. Je ne sais pas mais il y a quand même quelque chose qui me chiffonne. Je me dis mais que se passe-t-il ? On a des doses de vaccin, on a peut être des gens qui ont 60, 50 ans, qui sont polypathologiques, qui ont peut-être 30 ans d'espérance de vie et toutes les doses de ce précieux vaccin, on les met dans des EHPAD. Honnêtement, les gens, ils attendent la mort.» Emmanuel Hirsch (Professeur d'éthique médicale): «Ils n'attendent pas la mort dans les EHPAD.» Dr Martin Blachier: «Non mais il faut dire les choses ! Emmanuel Hirsch: «C'est une caricature des EHPAD.»

«Les toutes premières doses de vaccin vont aller chez les gens qui ont l'espérance de vie la plus basse»

Dr Martin Blachier: «Voilà, c'est-à-dire que les toutes premières doses de vaccin vont aller chez les gens qui ont l'espérance de vie la plus basse. Parce que quel indicateur ça va optimiser ? Le nombre de morts. Le nombre de morts, je comprends que ce soit important, mais honnêtement, c'est des choix qui sont trop simples et on n'a pas eu ce débat éthique. Il y a plein de questions que l'on ne s'est pas posé. En fait, on est dans une immaturité éthique totale, ce qui fait qu'il y a plein de gens qui sont juste sidérés. Ils écoutent ce qu'on leur dit mais il va y avoir un post crise parce qu'il y a plein de choses que l'on n'a pas compris dans la manière dont les choses se sont passées. On ne cherche pas à opposer différentes parties de la population, je rappelle des faits. Voilà, c'est tout.»

«Le décès, ça fait partie de la vie»

Dr Martin Blachier: «Je rappelle les faits. L'HAS a fait un travail sur la vaccination. Ils ont uniquement pris comme critère le nombre de décès. Moi, je trouve que c'est insuffisant. D'ailleurs, en économie de la santé, en épidémiologie, on fait le nombre d'années de vie. Ce qui compte, c'est le nombre d'années de vie que vous pouvez optimiser et eux, ils ont fait en nombre de décès et c'est un symbole de tout ce qui a été fait de gestion pendant cette crise. On veut optimiser, on veut diminuer le nombre de décès, mais au bout d'un moment, le décès, ça fait partie de la vie. Et ça, c'est un débat éthique. Et on a l'impression que maintenant, le décès, c'est devenu un mot qui est interdit. Moi, je suis désolé, je ne pense pas que le meilleur choix, c'était d'abord de vacciner des gens qui sont dans les EHPAD parce que je pense qu'en terme de nombre d'années de vie, vous optimisez en vaccinant des gens qui sont un petit peu plus jeunes et qui ne sont pas dans ces conditions là.»



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