SANTÉ

Publié le 19 septembre 2021

Origine de la maladie: la Chine a-t-elle menti ?

Peter Ben Embarek, chef de la mission d'enquête de l'OMS, n'exclut pas la fuite d'un laboratoire chinois concernant la Covid. Extrait de l'émission «7 jours BFM» diffusée ce samedi 18 septembre 2021.

«Il estime qu'un employé aurait pu être infecté par une chauve-souris lors de prélèvements d'échantillons»

Et si le patient zéro était un employé d'un laboratoire de Wuhan ? C'est en tout cas la théorie exposée aujourd'hui par Peter Ben Embarek, le chef de la mission d'enquête de l'OMS sur les origines de la maladie. Il estime qu'un employé aurait pu être infecté par une chauve-souris lors de prélèvements d'échantillons. Une théorie à l'opposé des conclusions de son enquête en début d'année, qui jugeait hautement improbable la thèse de la fuite accidentelle. Pourquoi un tel revirement ? Si sa théorie n'est pas prouvée, elle révèle en tout cas l'obstruction de la Chine, qui refuse toujours qu'une enquête soit diligentée à l'intérieur de ses laboratoires. Janvier 2021, Peter Ben Embarek se filme tout au long de son voyage vers la Chine, sur les traces de la maladie qui paralyse le monde. Le scientifique danois et son équipe sont plutôt enthousiastes. Ils sont les premiers experts internationaux que Pékin accepte sur son territoire.

«C'était des données qui étaient limitées»

Peter Ben Embarek (Enquêteur pour l'OMS): «Nous n'avons pu consulter aucun document. Ça n'était pas le but de notre visite. Il s'agissait d'une collaboration et d'une discussion entre groupes d'experts. Il ne s'agissait pas de remettre en cause ce qu'ils disaient.» Brice Perrier (Journaliste indépendant): «Les experts ont travaillé dans les conditions qu'on leur a données. Les occidentaux ont dit : " On voudrait avoir toutes les données pour faire le tri. " Et ça n'a pas été possible. Donc ils leur ont donné les données qu'ils voulaient et c'était des données qui étaient limitées.» Et surtout, comment accorder une confiance aveugle aux informations chinoises ? Décembre 2020, la chaîne américaine CNN reçoit des documents transmis par un lanceur d'alerte anonyme. 117 pages classées confidentiel du Centre de contrôle et de prévention des maladies du Hubei, la province chinoise où sont apparus les premiers cas de Covid 19.

«Des chiffres parfois ahurissants et surtout bien différents de ceux divulgués à la presse»

Le rapport est accablant : manque de transparence, chiffres erronés, erreurs institutionnalisées. Pour les experts mandatés par CNN, la Chine a tenté d'étouffer la crise naissante du coronavirus : " Certains bilans annoncés étaient faux. Le pire jour dans ces rapports est le 17 février, où 196 cas confirmés sont décédés. Mais ce jour là, les autorités n'en annoncent que 93. " Des chiffres parfois ahurissants et surtout bien différents de ceux divulgués à la presse. Toujours dans la province du Hubei, le 10 février 2020, les autorités recensent 5.918 nouveaux cas dans la région or, le même jour, les données officielles annoncent 2.478 nouveaux cas pour le pays tout entier.

«Une nouvelle porte se ferme sur les origines de la maladie»

La Chine a une responsabilité dans la gravité et dans le caractère mondial de cette crise. Elle n'est pas la seule responsable mais elle a une part de responsabilité très importante. Il n'y a aucun doute sur le fait que les mensonges et les retards chinois aient très largement contribué au retard avec lequel les autorités européennes ont pris conscience de l'ampleur et de la gravité potentielle de ce qui pouvait se passer. Cet été, les chercheurs de l'OMS ont réclamé une nouvelle enquête à Wuhan, une démarche jugée plus politique que scientifique par la Chine, qui a finalement rompu toute collaboration avec l'agence onusienne. Une nouvelle porte se ferme sur les origines de la maladie, qui a fait plus de quatre millions et demi de décès à travers le monde.



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