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Publié le 15 septembre 2024

L'UE interdit la pâte à tartiner El Mordjene, invoquant des règles sanitaires : l'Algérie crie au prétexte et évoque une autre explication


INFORMATION

El Mordjene : La fin d'une pâte à tartiner prisée en France

La pâte à tartiner El Mordjene, fabriquée en Algérie par l'entreprise Cebon, et réputée pour son goût proche du Kinder Bueno, est désormais interdite à l'importation en France. Cette information, révélée par le média algérien TSA le vendredi 13 septembre, a pris de court de nombreux consommateurs français qui avaient adopté ce produit. Après avoir séduit les papilles de milliers de gourmands, cette décision marque un tournant inattendu dans l'ascension de la marque sur le marché français.

El Mordjene avait su trouver son public en France, principalement grâce à son goût riche en noisettes grillées, rappelant certaines des pâtes à tartiner les plus populaires. Mais cette situation favorable a été stoppée net par des mesures qui ont contraint la marque à suspendre ses exportations vers l'Hexagone.

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Ruptures de stock et engouement estival

Durant l'été, les consommateurs français s'étaient rués dans les rayons des supermarchés pour s'emparer des pots d'El Mordjene. Le produit avait conquis une clientèle grandissante, entraînant par endroits des pénuries temporaires en raison de la forte demande. Des magasins ont dû faire face à des rayons vides, un phénomène révélateur du succès de la pâte à tartiner algérienne sur le sol français.

Toutefois, les choses ont pris une tournure différente ces dernières semaines. Selon plusieurs sources, des conteneurs remplis de la célèbre pâte à tartiner ont été bloqués au port de Marseille. L'entreprise Cebon et ses distributeurs n'ont pas pu faire entrer les dernières cargaisons en France, marquant une rupture brutale dans la chaîne d'approvisionnement.

Un blocage douanier basé sur les règlements européens

Selon Mustapha Zebdi, président de l'Association algérienne de protection des consommateurs (Apoce), la cause de ce blocage se trouve dans les régulations européennes. Le règlement n°2202/2292 de l'Union européenne, qui encadre l'importation de produits alimentaires contenant du lait, est particulièrement strict. L'article 20, alinéa 3, stipule que seuls certains pays sont autorisés à exporter des produits laitiers vers l'Europe, et l'Algérie n'en fait pas partie.

Mustapha Zebdi a confirmé que la dernière cargaison d'El Mordjene n'avait pas été autorisée à être déchargée en Europe. Ce règlement s'applique pour garantir la sécurité alimentaire et la conformité des produits laitiers importés dans l'UE. Cela signifie que, malgré la popularité croissante d'El Mordjene, le produit est soumis à des restrictions douanières en raison de la législation en vigueur.

Une explication contestée par l'Apoce

Cependant, Mustapha Zebdi conteste cette explication purement réglementaire. Selon lui, l'interdiction d'importation de la pâte à tartiner pourrait être motivée par d'autres facteurs. En effet, El Mordjene a rapidement gagné en popularité, devenant une véritable concurrente pour des marques emblématiques telles que Nutella, qui dominent largement le marché européen.

Mustapha Zebdi avance que le succès fulgurant de la pâte à tartiner algérienne a inquiété les géants de l'industrie alimentaire. Il estime que les tests et normes appliqués à El Mordjene n'étaient qu'un prétexte pour protéger les intérêts économiques des grandes marques européennes. "Dès que notre produit a commencé à concurrencer leur favori, ils ont intensifié les tests et appliqué toutes les normes nécessaires", a-t-il déclaré à TSA.

Concurrence avec Nutella : une hypothèse crédible?

L'hypothèse selon laquelle le succès d'El Mordjene pourrait avoir effrayé des marques comme Nutella n'est pas à écarter. En effet, la pâte à tartiner de Ferrero détient une part de marché importante en Europe, et l'arrivée d'un concurrent offrant un goût similaire, mais à un prix potentiellement plus abordable, aurait pu représenter une menace commerciale.

La concurrence sur le marché des pâtes à tartiner est féroce, et l'émergence d'une alternative venue d'Algérie a sans doute bouleversé certains équilibres. Si l'on en croit les propos de Zebdi, les autorités européennes auraient donc mis en place une série de barrières non tarifaires pour limiter l'entrée d'un produit étranger qui se distinguait par son rapport qualité-prix.

Une issue encore incertaine pour El Mordjene

Pour l'heure, il est difficile de dire si cette interdiction est temporaire ou définitive. L'avenir d'El Mordjene en Europe dépendra sans doute de la capacité de Cebon à se conformer aux réglementations européennes, notamment en matière de produits laitiers. Il est également possible que des discussions diplomatiques soient nécessaires pour lever ces restrictions, surtout si l'Algérie cherche à s'intégrer davantage au marché européen.

En attendant, les consommateurs français qui avaient pris goût à cette pâte à tartiner devront se tourner vers d'autres alternatives, ou espérer une résolution rapide de ce différend commercial. La question reste de savoir si El Mordjene parviendra à surmonter ces obstacles et à revenir sur le marché français, ou si les marques européennes continueront de dominer sans cette nouvelle concurrence.

Une illustration des défis du marché européen

Cette affaire met en lumière les défis auxquels sont confrontés les produits étrangers cherchant à entrer sur le marché européen, souvent régulé par des normes strictes. Si ces normes sont cruciales pour la sécurité des consommateurs, elles peuvent aussi servir d'outils protectionnistes, limitant la concurrence et protégeant les entreprises locales.

Dans ce contexte, El Mordjene n'est pas seulement un cas d'école pour l'industrie alimentaire algérienne, mais un symbole des difficultés que rencontrent les pays en développement lorsqu'ils tentent d'exporter vers l'Europe. L'issue de cette affaire pourrait avoir des répercussions au-delà du simple marché des pâtes à tartiner, touchant potentiellement d'autres secteurs alimentaires algériens et les relations commerciales entre l'Algérie et l'UE.

Par Tony Houdeville


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