ÉCONOMIE

Publié le 15 octobre 2022

Cet économiste jette un énorme froid sur le plateau de BFM Business en évoquant le Frexit

L'économiste Christian Saint-Étienne intervenait lors de l'émission « Les Experts » diffusée ce jeudi 6 octobre 2022 sur BFM Business.

« Il faut prendre des décisions lourdes et aller voir les autorités européenne »

Christian Saint-Étienne : « On pourrait produire, en investissant sur trois ans, 25 % de plus d'hydroélectricité. Pourquoi on ne le fait pas ? C'est hallucinant, on a envie de hurler. C'est parce qu'on a tellement merdé depuis 20 ans au niveau français par rapport aux directives européennes sur l'eau, sur différents sujets, et notamment, on s'est laissé avoir sur une directive qui exigeait d'ouvrir les barrages. Donc la France se retrouve dans une situation, dans laquelle n'est pas l'Allemagne, de devoir privatiser, entre guillemets, les barrages d'EDF. Et EDF, ayant cette mesure sur la tête depuis plus de dix ans, n'investit plus dans les barrages. Donc on se retrouve dans une situation où personne ne prend de décision, parce que ça va bouger, on a peur que si on bouge la directive sur l'eau, bon... Donc à un moment donné, il faut remettre du moyen-long terme et prendre des décisions lourdes, et aller voir les autorités européennes, et s'adresser au peuple, et prendre des décisions lourdes sur ces sujets-là. »

« Il faut se poser la question anglaise »

Christian Saint-Étienne : « On peut relancer l'hydroélectricité, il faut relancer massivement le photovoltaïque et les gens se diront : " Bon bah, si j'ai un peu froid cet hiver, ce n'est pas forcément les 20 prochaines années. " Mais si on se dit : " Je vais avoir froid cet hiver, mais en plus ça sera pire les 20 prochaines années ", on ne reçoit pas les choses de la même façon. » Nicolas Doze : « C'est super dur de faire bouger Bruxelles. Il faut écouter Bruno Le Maire quand il raconte les heures au téléphone avec Margrethe Vestager ou Ursula von der Leyen. » Benjamin Coriat : « Mais il y a un moment où il faut taper du poing sur la table. » Christian Saint-Étienne : « Oui, je sais. Mais il y a un moment où il faut se poser la question anglaise. » Nicolas Doze : « La quoi ? Question anglaise ? » Christian Saint-Étienne : « Se poser la question anglaise. C'est-à-dire que si on a un ensemble de contraintes insupportables au niveau européen, il faut dire aux technocrates européens qu'on ne continue plus de jouer le jeu. » Nicolas Doze : « Oui mais enfin, si on n'a plus la monnaie, les boucliers, c'est fini. » Benjamin Coriat : « Décidément, aujourd'hui, Christian est plein de bonnes idées. » Nicolas Doze : « Non, mais, enfin moi, j'en parlais avec Benjamin avant... »

« Ces gens-là ont envie de garder leur fromage »

Christian Saint-Étienne : « On ne va pas se coucher indéfiniment. » Nicolas Doze : « Non, non, mais j'en parlais avec Benjamin avant l'antenne, je pense que ce que nous vivons est d'une telle violence ! D'abord, c'est pas compliqué, pour mettre une économie à plat, vous avez deux éléments : c'est la guerre et la pandémie, avant tout le reste. Je pense qu'il va se passer des trucs – alors je ne sais pas jusqu'où ça nous mène – mais il va se passer des trucs. La transition énergétique va considérablement s'accélérer. On va revenir sur des marchés nationaux de fixation des prix de l'énergie. » Christian Saint-Étienne : « Nicolas, est-ce que je peux juste vous dire une chose ? » Nicolas Doze : « Oui, mais on laisse quand même un peu de temps à Gaël, parce que... » Christian Saint-Étienne : « Non, mais c'est très court. » Nicolas Doze : « Bon. » Christian Saint-Étienne : « Il doit y avoir, je me trompe peut-être, 30 000 personnes à la Commission européenne, dont 10 000 hauts fonctionnaires qui sont payés dix fois le smic et sans impôts. Il se trouve que ces gens-là, ils ont aussi envie de garder leur fromage. Donc il y a un moment, on leur dit : peut-être que le fromage va s'arrêter si vous ne voulez pas bouger. »



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