ÉCONOMIE

Publié le 07 janvier 2024

Comment le capitalisme nous impose une forme d'esclavage par la dette ? par Bernard Maris

L'Héritage de Bernard Maris : Comprendre la Dette comme Mécanisme de Culpabilité

En 2015, la chaîne de télévision "Arte" diffusait un documentaire intitulé « La Dette, une spirale infernale ? », mettant en lumière les idées de l'économiste Bernard Maris. Disparu tragiquement le 7 janvier 2015 dans le siège du journal Charlie Hebdo, Bernard Maris a laissé derrière lui une réflexion profonde sur le rôle de la dette dans nos sociétés modernes. Dans ce documentaire, il aborde avec brio les mécanismes de culpabilisation imposés à la population par la dette.

Bernard Maris, dans ses interventions, souligne comment la dette perpétue un système de culpabilité. Selon lui, la société est construite de manière à ce que les individus se sentent constamment redevables, forcés de travailler davantage, de payer plus, dans le but de rembourser une dette sans fin. Cette perception de la dette s'inscrit dans une vision plus large de l'économie, où l'argent, créé quotidiennement par les banques, est considéré comme un bien privé plutôt qu'un bien public. Bernard Maris compare l'argent à des éléments essentiels tels que l'air ou l'eau, arguant que, tout comme ces derniers, l'argent devrait être un bien commun accessible à tous.

Le Rôle des Banques et la Privatisation de l'Argent

Dans une critique virulente du système bancaire actuel, Bernard Maris dénonce les privilèges excessifs accordés aux banques. Ces institutions, capables de créer de l'argent à l'infini, se voient conférer un pouvoir disproportionné sur l'économie. Autrefois, c'étaient les producteurs qui influençaient majoritairement l'économie, mais dans le contexte actuel, ce sont les financiers qui détiennent cette influence. Bernard Maris fait valoir que cette situation a conduit à une transformation de la nature même de l'économie, passant d'une logique de production à une logique de finance, avec des implications morales et sociales profondes.

L'approche de Bernard Maris quant à l'économie s'apparente à une critique de la morale économique dominante. Il affirme que l'économie s'est construite autour d'une morale rigide et exigeante, engendrant une vie marquée par la violence du capitalisme et une souffrance perpétuelle pour les individus. Cette situation, selon lui, est le résultat direct des théories économiques dominantes qui ont façonné notre société. Dans cette optique, les individus se retrouvent piégés dans un cycle de dette perpétuelle, comparables, selon Bernard Maris, à des esclaves modernes, vendant continuellement leur force de travail pour s'acquitter de leurs dettes.

La Dette et la Démocratie : Un Conflit Fondamental

Bernard Maris conclut son analyse en soulignant le paradoxe inhérent au maintien de la dette dans une société démocratique. Il soutient que la perpétuation de la dette est une méthode pour maintenir les gens dans un état de devoir constant, un système qui s'éloigne des principes démocratiques pour se rapprocher d'une forme d'autorité et de tutelle morale. Dans cette perspective, les individus se sentent coupables d'avoir "trop bien vécu", et cette culpabilité est exploitée pour les maintenir dans un état de soumission économique.

Le documentaire « La Dette, une spirale infernale ? » et les interventions de Bernard Maris offrent une réflexion essentielle sur le rôle et l'impact de la dette dans nos sociétés. Bernard Maris nous invite à repenser notre rapport à l'économie, à la dette, et à la liberté individuelle. Sa vision critique du système économique actuel soulève des questions importantes sur l'équilibre entre les intérêts privés et le bien commun, et sur le type de société que nous souhaitons construire pour l'avenir.



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