ÉCONOMIE

Publié le 10 mars 2021

Dette publique: les plus riches sont-ils les grands gagnants ?

Le journaliste Romaric Godin recevait l'économiste Arthur Jatteau le vendredi 15 janvier 2021 pour parler de la dette publique.

«A qui on verse des intérêts de la dette ? Par définition, aux personnes les plus riches»

Arthur Jatteau: «L'Etat, pour financer ses dépenses publiques, il a grosso modo deux solutions : soit, il fait des prélèvements obligatoires, c'est-à-dire des impôts, des cotisations sociales, soit, il fait de l'emprunt. Il emprunte l'argent. Ce sont les deux possibilités. Il se trouve que dans un cas, avec les prélèvements obligatoires, on fait payer tout le monde, les ménages, les entreprises et dans l'autre cas, les dettes et bien, on verse des intérêts à certaines personnes et pas à d'autres. A qui on verse des intérêts de la dette ? Par définition, aux personnes les plus riches. Pour pouvoir prêter de l'argent à l'Etat, il faut avoir de l'épargne. Il faut avoir de l'argent en trop, ce que n'ont pas la plupart des gens.»

«On a fait le choix politique de privilégier une certaine classe sociale»

Arthur Jatteau: «Donc, on voit bien qu'on est face à une alternative, soit je prélève de l'argent sur tout le monde et pourquoi pas, en particulier sur les plus riches, soit j'emprunte de l'argent auprès des plus riches. Ce que l'on remarque ces dernières années, c'est que l'on a fait un choix, un choix politique, de plutôt emprunter aux plus riches et donc de faire grossir la dette, plutôt que de leur prendre par, notamment par la fiscalité. Et ça, on peut penser à la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune, au prélèvement forfaitaire unique ou à la baisse de l'impôt sur les sociétés, les exonérations de cotisations sociales, etc. Et donc, on a fait le choix politique de privilégier une certaine classe sociale, la classe sociale la plus riche pour financer la dette publique.»

«Finalement, les plus riches sont les grands gagnants»

Romaric Godin: «Donc, finalement, les plus riches, justement, sont les grands gagnants de cette façon de faire, puisqu'à la fois, on baisse l'impôt qui les frappe et on leur demande de l'argent et donc finalement, on se lie à eux via les titres de dette.» Arthur Jatteau: «Exactement ce que l'on peut dire simplement c'est qu'avant, ce qu'on leur prenait sans contrepartie, aujourd'hui, c'est nous qui leur versons quelque chose. Si on simplifie, c'est exactement ça que ça veut dire de privilégier un financement par la dette publique qui enrichit certaines catégories de la population les plus riches à la place d'un financement de la dépense publique, majoritairement par les prélèvements obligatoires.»



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