ÉCONOMIE

Publié le 02 février 2021

Électricité: Pourquoi les tarifs ont explosé de 60% depuis 2007 ?

Les tarifs réglementés de l'électricité qui augmentent de 1,6% ce lundi. C'est +15 euros en moyenne par an. Tarifs qui, ces 14 dernières années (depuis l'ouverture à la concurrence d'EDF), n'ont cessé de grimper. A l'époque, pourtant, souvenez-vous, la promesse était une électricité moins chère.

«Une électricité moins chère, c'était la promesse»

Sandrine Feydel (Journaliste): «Une électricité moins chère, c'était la promesse de l'ouverture à la concurrence d'EDF pour les particuliers en 2007. 14 ans après, ces promesses sont-elles devenues réalité? Philippe Brun a quitté EDF il y a quatre ans pour un autre fournisseur d'énergie.» Philippe Brun (Client de Total Direct Energie): «Dans la cuisine, on a un frigo-congélateur, un micro-ondes, un four et un lave-vaisselle. Dans cette pièce nous avons deux machines à laver. Il y a aussi une cave à vin, un congélateur et deux voitures électriques.» Sandrine Feydel: «Philippe Brun paye 2170 euros par an d'électricité. Une facture moins élevée que s'il était resté au tarif réglementé d'EDF. Un tarif fixé par les pouvoirs publics.» Philippe Brun: «Depuis janvier 2019, on a fait une économie en gros de 232 euros sur deux ans. Donc sur deux ans, on a fait un mois d'économie, donc c'est pas mal.»

«L'indice des prix pour l'électricité a augmenté de 60,36%»

Sandrine Feydel: «En quittant le tarif réglementé, la facture baisse en moyenne de 44 euros par an. Des économies à relativiser. Les consommateurs ne gagnent pas en quittant EDF, ils perdent juste un peu moins. Car la facture totale a explosé pour tous les Français. Depuis le début de l'ouverture à la concurrence, l'indice des prix pour l'électricité a augmenté de 60,36%. Concrètement, un client moyen au tarif de base dépensait 319 euros par an en 2006, 501 euros en 2020. Pourquoi une telle hausse au fil des ans? Un effet pervers s'est installé, soulignée par l'Autorité de la concurrence en 2019. Voici ce que disait l'autorité de la concurrence en 2019: "Les tarifs ont pour but de permettre aux concurrents d'EDF de proposer des prix égaux ou inférieurs aux tarifs réglementés de vente".»

«On augmente le tarif pour permettre aux concurrents de proposer des prix inférieurs»

Sandrine Feydel: «Pour faire de la place aux 33 fournisseurs alternatifs. Les pouvoirs publics ont augmenté plus que nécessaire les tarifs régulés.» Raphaël Boroumand (Économiste): «Il faut que ces tarifs soient suffisamment élevés pour permettre aux nombreux concurrents d'EDF d'avoir un espace concurrentiel, c'est à dire qu'on augmente le tarif pour permettre aux concurrents de proposer des prix inférieurs. Donc, c'est un mécanisme qui est très paradoxal, défavorable au consommateur et qui produit une concurrence artificielle dont le bilan n'est pas bon.» Sandrine Feydel: «Autre revers de la médaille, les démarchages abusifs. Les litiges aussi ont explosé. Leur nombre a atteint les 23.000 l'an dernier, entre janvier et novembre. Cette association de consommateurs a même porté plainte.»

«Pour nous, le bilan de la libéralisation est négatif»

François Carlier (DG de l'association CLCV): «Comme ces opérateurs alternatifs n'ont pas l'innovation qui leur permet de vraiment concurrencer EDF, comme on a pu le voir dans la téléphonie. Qu'est-ce qu'ils font pour gagner des parts de marché? Eh bien, ils font du démarchage agressif. Il ne reste que ça pour gagner des parts de marché. Et c'est en cela que, pour nous, le bilan de la libéralisation est négatif.» Sandrine Feydel: «14 ans après l'ouverture à la concurrence, plus de deux Français sur trois ont choisi de rester au tarif réglementé d'EDF, des tarifs de l'électricité qui restaient en 2019, encore un peu inférieurs à la moyenne de l'Union Européenne.»



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