ÉCONOMIE

Publié le 31 janvier 2021

Elise Lucet dénonce l'enrichissement des banques sur le dos des 38% de français à découvert

Elise Lucet était l'invitée d'Anne-Élisabeth Lemoine dans l'émission «C à vous» diffusée sur France 5 le mercredi 27 janvier 2021.

«38% des Français sont à découvert chaque mois»

Anne-Élisabeth Lemoine: «Ce numéro-là, il est ultra, ultra concernant, comme souvent, mais là tout particulièrement parce que ça interroge tout ce qui se passe sur les relevés bancaires, qu'on ne lit pas assez souvent et la première piqûre de rappel c'est il faut les lire, il faut tout regarder, il faut être à l'affût parce qu'il se passe des tas de choses presque dans notre dos. Vous avez fait le test à Cash Investigation?» Elise Lucet: «Oui, on a fait le test au sein de l'équipe et d'abord, on s'est aperçu que les frais bancaires pouvaient aller de, allez, on va dire 200 euros par an, jusqu'à parfois 680, parfois beaucoup plus. Et puis, quand on a, à l'intérieur de l'équipe de Cash Investigation, et puis quand on a commencé à enquêter, on s'est intéressé aussi aux frais d'opérations bancaires, vous savez c'est ce que vous payez, non pas quand vous êtes à découvert, parce qu'à découvert on paie des agios, et puis, on a tous un plafond de découvert. Et puis, quand on dépasse ce plafond de découvert, boum, là on tombe dans les frais d'opérations bancaires. Et là, chaque opération peut vous coûter 20 euros sur un refus de chèque, 8 euros sur l'envoi d'un courrier. On refuse votre prélèvement sur votre abonnement téléphonique qui coûte 24,99 euros. Vous savez quoi ? Les frais d'opérations bancaires c'est 24,99 euros aussi en plus. Donc, c'est une sorte de spirale dans laquelle les gens peuvent tomber. Et si on a décidé de travailler là-dessus, c'est qu'effectivement, comme vous l'avez dit, Babett, on n'est pas très attentif à ça mais qu'en ce moment, on sait déjà que en moyenne, 38% des Français sont à découvert chaque mois. Là, en ce moment, avec la crise sanitaire et donc la crise économique, ça va être évidemment beaucoup plus de monde.»

«Ils sont fragiles, mais en plus, on leur impose des frais qui sont très importants»

Anne-Élisabeth Lemoine: «38 % c'est déjà considérable.» Elise Lucet: «C'est déjà énorme. Et avec la crise économique, ça va être beaucoup plus. Et ce sont des gens qui sont déjà dans une vraie fragilité économique et qui, à cause de ces frais d'opérations bancaires notamment, se retrouvent un peu avec la double peine. C'est-à-dire qu'ils sont fragiles, mais en plus, on leur impose des frais qui sont très importants.» Anne-Élisabeth Lemoine: «Certains ne s'en sortent déjà pas à cause des frais bancaires ?» Elise Lucet: «Oui, très clairement. Objectivement, certains ne s'en sortent pas. Après, ce qui est intéressant, c'est que plusieurs gouvernements se sont attaqués à ce problème et ont tenté de mettre des plafonds. Alors, pour l'instant, c'est un peu du donnant donnant entre le gouvernement et les banques. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de loi, c'est un engagement de la part des banques à faire un plafond de 300 euros par an, c'est-à-dire 25 euros par mois. Et là, on se dit tous pas mal, c'est formidable. Mais la réalité, c'est que Bruno Lemaire dit, globalement, elles jouent le jeu, mais lui même reconnaît qu'il y a des trous dans la raquette et parfois des gros trous dans des petites raquettes. Donc, il y a, nous, on a découvert, par exemple, des dossiers de personnes qui, aujourd'hui encore, avec ces engagements de toutes les banques françaises, se retrouvent avec 2700 euros par an de frais bancaires. Vous imaginez ce que ça représente ?»

«C'est évalué à 6,5 milliards d'euros pour toutes les banques françaises par an»

Anne-Élisabeth Lemoine: «Ils font des crédits pour rembourser les frais bancaires ?» Elise Lucet: «Oui, parce que c'est une spirale qui peut être vraiment infernale. Il y a des banques qui jouent le jeu, donc il ne faut pas faire haro sur tout le monde. Il y a des banques qui jouent le jeu et qui appliquent ces plafonds-là et qui proposent aussi, pour vraiment les plus démunis, une offre clients fragiles. Ce sont deux instruments qui existent, mais malheureusement, il y a aussi beaucoup de banques, mais on va être honnête, qui gagnent énormément d'argent avec ces frais d'opérations bancaires. C'est évalué à 6,5 milliards d'euros pour toutes les banques françaises par an. Donc, c'est un pactole. Et comme aujourd'hui, le crédit immobilier se vend avec des taux d'intérêt à quasiment rien.» Anne-Élisabeth Lemoine: «Il faut bien trouver l'argent quelque part.» Elise Lucet: «L'argent se trouve aussi là, mais sur les plus faibles et les plus fragiles.»



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