En 5 minutes, Olivier Besancenot plombe tout le plateau de France 5 en expliquant l'origine de la plus-value
Olivier Besancenot était l'invité de l'émission « C ce soir » diffusée sur France 5 ce mercredi 19 octobre 2022.
“ On parle de plus de 130 milliards par an, qui en gros nous échappent ”
Olivier Besancenot : « Il y a un économiste qui nous a quittés, qui s'appelait Michel Husson – qui a compté pour moi, d'ailleurs, en effet – et qui insistait sur cet événement qui est revalidé à chaque fois par la banque de données de la Commission européenne elle-même. C'est que, en moyenne, en France, nous avons perdu 10 % du PIB, c'est-à-dire des richesses annuelles qui ont été transférées vers le capital, vers les profits. Et on voit qu'aujourd'hui l'augmentation des prix, c'est pour que les profits soient indexés dessus, et surtout pas les salaires. Et qu'en moyenne, par rapport à la période des 30 Glorieuses, c'est de 6,5. C'est un transfert de revenus colossal. On parle de plus de 130 milliards par an, qui en gros nous échappent, qui échappent aux services publics, à la satisfaction des besoins sociaux. Donc, ce n'est en effet pas qu'une question de salaires, c'est une question de répartition globale. Et moi, la répartition en effet, je l'entends de manière globale, pas simplement en termes de revenus. Moi, je propose une chose simple, c'est que les 2,6 milliards d'argent accordés aux actionnaires, on le donne aux 100 000 salariés du monde entier. J'ai fait le calcul : ça fait plus de 1500 € d'augmentation par mois. » Karim Rissouli : « Par salarié Total dans le monde. »
“ 1 heure en moyenne de travail aujourd'hui crée 70 euros de richesse. En moyenne, on n'en touche que 18. C'est parti où, la différence ? ”
Olivier Besancenot : « Ça donne une petite idée du décalage dans lequel... Et qui saute aux yeux, c'est-à-dire, on parlait du côté des discours politiques qui s'accumulent depuis des années et des années... » Marc Landré : « Ce que vous dites, c'en est un. » Olivier Besancenot : « ... Et qui viennent nous faire, en plus de tout – c'est là où je reparle d'insulte à l'intelligence –, vous dit : " Mais écoutez, de toute façon, ne vous occupez pas de ça. D'abord l'économie, c'est très compliqué et votre sort est entre les mains des entreprises parce que ce sont les entreprises qui créent les emplois. " Grand mythe extraordinaire. Les entreprises, notamment les plus grandes entreprises, ne créent aucun emploi, elles achètent des emplois, et c'est toute la différence. C'est-à-dire que c'est nous tous, 85 % de la population, avec notre force de travail, manuel ou intellectuel, qui nous vendons sur le marché, ceux qui font l'émission tous autant compris, tous ceux qui nous regardent. Nous vendons notre force de travail dans l'espoir d'être embauchés. C'est notre activité qui crée les richesses, et personne d'autre. Puisqu'on parle des chiffres, en l'occurrence, d'après l'OCDE – je vous parlais de productivité –, 1 heure en moyenne de travail aujourd'hui crée 70 euros de richesse. En moyenne, on n'en touche que 18. C'est parti où, la différence ? Vous parliez de Marx ?! Bah ça s'appelle la plus-value. »
“ Si on s'arrêtait de travailler en moyenne dans la journée, là où s'arrêtent nos fiches de paye, on arrêterait de travailler en mi-journée ”
Olivier Besancenot : « La grande découverte de Karl Marx, en l'occurrence, c'est ça. C'est de nous expliquer qu'entre la valeur ajoutée que nous donnons aux biens, aux choses, aux prestations, aux services sur lesquels nous travaillons et notre salaire, il y a un différentiel considérable. C'est-à-dire que tous autant qu'on est, entre le moment où on embauche, notre prise de service et notre fin de service, on valorise quelque chose. Soit on fabrique quelque chose avec des outils et des matières qu'on nous a mis entre les mains, soit on les complète, soit on les performe, soit on est sur une mission, on les a valorisés. Et entre cette valeur ajoutée là, dont nous sommes les uniques responsables, et notre fiche de paye, il y a une différence considérable. À l'époque, Marx pensait que c'était de l'ordre de la moitié. Autrement formulé, ce que je suis en train de vous dire, c'est vieux comme le marxisme. Si on s'arrêtait de travailler en moyenne dans la journée, là où s'arrêtent nos fiches de paye, on arrêterait de travailler en mi-journée. Le restant, on travaille gratuitement. C'est le surtravail qui est à l'origine de la survaleur et donc du profit. Personne d'autre, ni le PDG de Total, ni aucun conseil d'administration. Et ça, c'est vrai par-delà les frontières. Donc l'idée d'opposer les travailleurs et les salariés entre eux, au-delà des conditions matérielles qui ne sont pas nécessairement les mêmes, soit, mais je veux dire qu'il faut quand même mesurer ce qu'on est en train d'expliquer. »