ÉCONOMIE

Publié le 22 août 2023

L'ère du numérique sonnera-t-elle la fin de l'argent liquide ?

Les espèces : un choix persistant malgré les apparences

Les porte-monnaies français semblent moins garnis de pièces et de billets qu'autrefois. Pourtant, une étude récente de la Banque de France, publiée le 20 avril 2023, révèle un fait étonnant : malgré une baisse notable de l'usage des espèces, elles demeurent le moyen de paiement dominant en 2022, surpassant même la carte bancaire.

Alors que la crise sanitaire aurait pu accélérer le passage vers les paiements électroniques, le liquide garde ses aficionados. En effet, en 2022, 50 % des achats en France se faisaient encore en espèces, comparativement à 43 % par carte bancaire et un maigre 6 % par chèques, virements ou paiements mobiles. Cependant, cette prédominance quant au nombre de transactions cache une réalité différente en termes de montant : les retraits au distributeur atteignent en moyenne 73 € par mois, tandis que les paiements par carte culminent à 543 €.

Une tendance qui décline progressivement

La préférence pour le paiement en liquide n'est pas ce qu'elle était. Remontons un peu dans le temps : en 2016, le "cash" comptait pour 68 % des transactions. Trois ans plus tard, ce chiffre chutait à 59 %, et il n’était plus que de 50 % en 2022. En parallèle, la carte bancaire a connu un véritable essor, passant de 27 % des paiements en 2016 à 43 % en 2022.

Comparativement à ses voisins européens, la France est l’un des pays où l'usage des espèces décline le plus rapidement. Nos voisins belges règlent 45 % de leurs achats en espèces, tandis qu'aux Pays-Bas, ce chiffre s'effondre à 21 %. Pourtant, au sein de la zone euro, le liquide demeure majoritaire avec une utilisation estimée à 59 % en 2022. Des pays comme l'Allemagne, l'Espagne ou l'Italie montrent un attachement encore plus fort aux espèces, avec plus de 60 % de leurs transactions effectuées en liquide.

Espèces : un choix de prudence pour certains

Si l'évolution des modes de paiement est indéniable, certaines catégories de la population restent attachées au bon vieux billet. En particulier, les personnes de plus de 55 ans et les ménages en situation précaire continuent de privilégier les espèces. Au-delà de la simple habitude, cette préférence a un sens pratique : limiter ses dépenses. En effet, en ne dépensant que l'argent physique présent dans son porte-monnaie, on s'impose une forme d'auto-discipline financière.

Si les espèces connaissent une baisse progressive de leur utilisation, elles sont loin d'être obsolètes. La transition vers le tout numérique est en marche, mais le billet a encore de beaux jours devant lui, notamment auprès de certaines tranches de la population. La diversité des modes de paiement témoigne des différentes façons dont les individus gèrent et perçoivent leur argent, et il est essentiel de préserver cette pluralité.



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