ÉCONOMIE

Publié le 30 juin 2022

Le patron de Leclerc balance sur BFM : « La moitié des hausses de prix sont suspectes »

Michel-Édouard Leclerc était l'invité de l'émission « L'interview » diffusée sur BFM TV ce jeudi 30 juin 2022.

« Et beaucoup de ces hausses sont des hausses d'anticipation, voire de spéculation »

Michel-Édouard Leclerc : « Si on prend un hypermarché, il peut s'appeler en gros Carrefour, Intermarché, Auchan, Leclerc... On a eu des hausses inégales entre nous, mais négociées auprès des fournisseurs, qui étaient de 3 % au 1er mars. Le gouvernement a fait la bêtise de se précipiter et a dit : " Rouvrez les négociations " après mars, et on s'est avalé une hausse de 6,9, presque 7 %. » Apolline de Malherbe : « En fait, c'était pire, ça a été l'effet inverse de ce qu'ils espéraient !? » Michel-Édouard Leclerc : « Oui, je pense qu'il n'aurait pas fallu faire ça, parce que ça a donné une prime à la surenchère. Tous les industriels se sont dit : " C'est maintenant qu'il faut faire passer les hausses. Après, ils se réveilleront, après les élections, ils ne voudront plus. " Et donc ils sont arrivés avec des paquets de hausses, et donc, nous avons eu beaucoup de mal à les contenir. Et beaucoup de ces hausses sont des hausses, on va en reparler, d'anticipation, voire de spéculation. » Apolline de Malherbe : « L'industriel vous propose des produits aujourd'hui à plus de 8 % ? »

« La moitié des hausses demandées ne sont pas transparentes, elles sont suspectes »

Michel-Édouard Leclerc : « Oui, et ils nous proposent pour la troisième fois dans l'année une nouvelle hausse, dont... sur l'épicerie, elle atteindrait 10 %. » Apolline de Malherbe : « Est-ce que c'est dû, comprenons quand même bien, est-ce que c'est dû à la hausse des prix des matières premières ? Ou est-ce que, malgré tout, ils se font un peu du beurre sur la bête ? » Michel-Édouard Leclerc : « Alors, les trois, c'est-à-dire : la hausse des matières premières ; se faire du beurre, rémunérer les actionnaires ; mais aussi, avoir mal travaillé, avoir eux-mêmes mal négocié. » Apolline de Malherbe : « Et vous m'avez dit deux mots, je les ai notés parce que ça m'a frappé, là, dans les dernières minutes. Vous avez parlé d'anticipation et de spéculation. Est-ce que ça veut dire que l'inflation, telle qu'elle est aujourd'hui, a une part qui est une part de recherche de profit sur le dos des Français, à un moment où, au contraire, on doit tous faire un effort et se serrer la ceinture ? » Michel-Édouard Leclerc : « Oui, la moitié des hausses demandées ne sont pas transparentes, elles sont suspectes. »

« J'aimerais que les députés ouvrent une commission d'enquête sur les origines de l'inflation »

Michel-Édouard Leclerc : « Et d'ailleurs, j'aimerais bien que les députés, une fois qu'ils aient fini leurs négociations pour les représentations à l'Assemblée nationale ou au Sénat, j'aimerais bien que les députés ouvrent une commission d'enquête sur les origines de l'inflation, sur ce qui se passe sur le front des prix, depuis les transports et le marché des matières premières jusqu'au consommateur. Parce que ça nous aiderait beaucoup d'avoir cette obligation de transparence, y compris devant la puissance publique. » Apolline de Malherbe : « Vous demandez, ce matin, Michel-Édouard Leclerc, une commission d'enquête sur, vraiment, l'origine suspecte, dites-vous, d'une partie de l'inflation. Est-ce que ça veut dire que vous considérez que si on regardait vraiment de plus près les causes de l'inflation, on réussirait à la réduire, en quelque sorte, puisqu'on mettrait les différents acteurs devant leurs responsabilités en disant : " Bon, là, vous avez tenté d'augmenter vos marges, de spéculer, et ça n'est pas juste. " » Michel-Édouard Leclerc : « Non. Et vous voyez, ça concerne surtout les grandes entreprises internationales, des marchés internationaux. » Apolline de Malherbe : « Vous pensez à quoi ? Dites-nous pour que l'on comprenne. »

« Les sociétés de transport sortent des bénéfices par milliards l'année dernière »

Michel-Édouard Leclerc : « Quand vous voyez que tous les fournisseurs arrivent avec des factures de transport en augmentation de 15, 20 ou 30 %, et notamment les prix des containers, qui ont augmenté de 30 %. Mais qu'en même temps vous voyez que les sociétés de transport sortent des bénéfices par milliards l'année dernière... On voit bien que ce n'est pas l'indisponibilité des containers qui a fait que ce qui est rare est cher. » Apolline de Malherbe : « Donc là, vous pointez du doigt la responsabilité des entreprises de transport ? » Michel-Édouard Leclerc : « Des entreprises de transport. Après, quand vous avez des fabricants de produits à base de chocolat et de cacao qui vous invoquent le conflit pour une augmentation de 15 % de tarifs sur de la confiserie, sur des barres chocolatées... » Apolline de Malherbe : « Vous parlez de Nestlé ? » Michel-Édouard Leclerc : « Je parle de Nestlé, je parle de Mars. Il ne faut quand même pas déconner ! On est sur l'autre continent pour le chocolat et le cacao. Donc on peut comprendre qu'il y ait des hausses d'énergie, qu'il y ait des hausses de coûts de transport. Mais ça n'a rien à voir avec le conflit, avec n'importe quelle perturbation... » Apolline de Malherbe : « Ce conflit a un peu bon dos, quoi !? » Michel-Édouard Leclerc : « Le conflit a bon dos. »



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