Les 1% des plus riches se gavent depuis 30ans? Thomas Porcher tire la sonnette d'alarme
Thomas Porcher était l'invité d'Elsa Margueritat ce lundi 19 avril 2021 pour la web-tv «Le Média».
«Les 1% des plus riches a vu son revenu augmenter plus vite que le reste de la population ces 30 dernières années»
Thomas Porcher: «Vous savez que dans toutes les démocraties, dans tous les pays riches, le 1% des plus riches a vu son revenu augmenter plus vite que le reste de la population ces 30 dernières années. Alors ça a été de manière très forte dans les pays libéraux, le Royaume-Uni et les États-Unis, alors on nous dit en France, c'est pas pareil, mais en France, c'est pareil. Des travaux très sérieux ces dernières années, notamment de Thomas Piketty, ont montré que même en France, les 1% ont vu leur revenu moyens augmenter beaucoup plus vite ces 30 dernières années que le reste de la population. Les 1% les plus riches ont vu leur revenu moyen augmenter de 100% quand le reste de la population n'a vu son revenu moyen augmenter que de 25%. Donc, ce qu'il se passe ces 30 dernières années, c'est que les riches, le 1%, s'enrichissent beaucoup plus rapidement que le reste de la population, ce qui n'était pas le cas pendant les Trente Glorieuses. Donc, vous avez 1% de la population en France qui a 25% du patrimoine, c'est-à-dire 25% de l'immobilier et de ce qu'il y a dans les comptes en banque qui s'enrichit depuis 30 ans plus rapidement que le reste de la population.»
«Il suffit juste de taxer les plus hauts revenus pour qu'ils contribuent, au même titre que la majorité de la population»
Thomas Porcher: «Et là, pendant cette crise là, ce 1% s'est enrichi encore plus rapidement. Et là, on nous dit qu'il ne faut pas les taxer. Et c'est pareil pour les grandes entreprises, on nous dit qu'il faut pas les taxer ? Et on prépare un programme où on va casser encore plus ces services publics pour rembourser cette dette ? C'est n'importe quoi. Normalement, le bon sens voudrait que l'on taxe, il ne s'agit pas d'exproprier, il suffit juste de taxer les plus hauts revenus pour qu'ils contribuent, au même titre que la majorité de la population, à la réduction des déficits, au remboursement de la dette s'il y a lieu de la rembourser, parce que ça, c'est une autre question. Ce qui est dingue, c'est que dans les esprits, il y a quand même cette petite musique qui s'est imposée au fur et à mesure des années, même chez les classes moyennes, de se dire que l'on taxait trop les riches. C'est un pays qui taxait trop les riches. Or, comme je vous l'ai dit, le revenu de ces 1% a augmenté bien plus vite. Ils se sont enrichis beaucoup plus rapidement que le reste de la population qui n'a rien, alors que eux, ils ont 25% du patrimoine.»
«On est dans une situation complètement folle»
Elsa Margueritat: «Tandis que leurs taxes ont même été pratiquement supprimées.» Thomas Porcher: «Voilà, et ils ont réussi à négocier en 2017, alors qu'il s'était enrichi comme des malades ces 30 dernières années, ils ont réussi à négocier auprès de Macron une baisse de l'ISF qui leur a permis de gagner en terme de baisse de fiscalité 4 milliards. 4 milliards de baisse de fiscalité à ces 1% qui ont déjà 25% du patrimoine. Donc on est dans une situation complètement folle. Aujourd'hui, dire que chez nous, les riches sont plus taxés qu'ailleurs déjà c'est faux, et nos riches milliardaires sont beaucoup plus riches chez nous que dans d'autres pays, une étude récente l'a montré. Et puis après, c'est vrai que d'un point de vue concret, si, à un moment, on ne se met pas au niveau de l'Union européenne à dénoncer, parce que l'on a un marché unique avec une liberté de mouvement des capitaux s'est inscrit, et c'était soi-disant génial et, dans ce marché unique, nous avons plusieurs paradis fiscaux que nous ne reconnaissons pas comme des paradis fiscaux, disons que ce sont des partenaires qui pratiquent de la baisse de la fiscalité pour siphonner les recettes de leurs voisins, le Luxembourg, par exemple, l'Irlande et j'en passe et des meilleurs, et tant qu'on n'aura pas dénoncé ça, et bien vous aurez une partie des familles riches qui partiront.»
«L'ISF était un impôt efficace, il faut absolument le remettre aujourd'hui»
Thomas Porcher: «C'est le cas des familles très riches dont on a vu que deux tiers étaient parties à l'étranger. Mais globalement, ce qu'il faut quand même rappeler, c'est contrairement aux fantasmes qu'il y a sur l'ISF, l'ISF, c'était 500 personnes qui partaient par an. C'est tout. C'était 800 qui partaient, 300 qui revenaient et donc cela faisait 500 par an. Mais vous aviez beaucoup plus tous les ans de gens, avec l'augmentation de l'immobilier, avec l'augmentation des revenus financiers qui touchait l'ISF. Donc, en réalité, l'ISF était un impôt qui rapportait énormément d'argent, qui avait une forte rentabilité et donc l'aspect de dire oui, ça fait fuir tout le monde. Non, ça faisait fuir 500 personnes par an mais il y avait beaucoup plus de gens qui payaient l'ISF tous les ans avec l'augmentation du patrimoine financier et immobilier. Donc c'était un impôt qui était efficace et qu'il faut absolument, absolument remettre aujourd'hui.»