ÉCONOMIE

Publié le 19 avril 2022

McKinsey, lobbys et marchés publics : la France, un pays corrompu ?

Élise Van Beneden et Éric Alt étaient les invités de l'émission « La vérité en face » diffusée sur Sud Radio ce lundi 18 avril 2022.

« Un rapport parlementaire de l'Union européenne qui chiffre à 120 milliards d'euros par an »

Élise Van Beneden : « La France est effectivement un pays où il y a beaucoup de corruption. Il y a des chiffres qui en parlent. Il y a un rapport parlementaire de l'Union européenne qui chiffre à 120 milliards d'euros par an, en France, le coût de la corruption. Bien évidemment, ce n'est pas un chiffre qui est tout à fait exact, parce que la corruption est par nature un phénomène occulte. » Éric Alt : « Ce sont les marchés publics qui ne sont pas régulés. C'est les lobbys qui captent la décision publique. Ce sont les cabinets de conseil qui jouent un rôle considérable, qu'ils ne jouent pas dans d'autres pays. Et derrière tout cela, c'est la logique de la démocratie qui s'érode. Parce que, est-ce que c'est encore le peuple qui prend des décisions ? Ou bien est-ce que ces décisions sont déformées, captées, à un moment ou à un autre ? Et la confiance dans la démocratie, ça exige que les promesses soient tenues et qu'elles ne soient pas captées par d'autres. »

« On finit par perdre un pognon considérable »

Éric Alt : « C'est du favoritisme d'une certaine façon, c'est du détournement d'argent public par négligence, par certains aspects. Parce qu'encore faut-il s'assurer que ces marchés publics ont bien servi à quelque chose. Le rapport du Sénat nous dit : dans certains cas manifestement, ils n'ont servi à rien. Et encore faut-il, effectivement, avoir les rapports d'exécution des marchés, ce qui n'est pas toujours le cas. » Jean-Marie Bordry : « Mais on ne peut pas être corrompu par négligence ? » Éric Alt : « Non, c'est un détournement d'argent public, un détournement de fonds publics. Soit un détournement, qui est une infraction en soi, soit un détournement par négligence, ce qui est aussi une infraction. » Élise Van Beneden : « Finalement, ces contrats sont ficelés de telle manière qu'on n'arrive pas à imposer la mise en concurrence pour tous ces sous-marchés et qu'on finit par perdre un pognon considérable. »



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