ÉCONOMIE

Publié le 29 août 2023

Sommes-nous sur le point d'entrer dans l'ère de la déconsommation ?

Le PDG de Carrefour plaide pour une révision de la loi Descrozaille

Face à la menace inflationniste, Alexandre Bompard, à la tête de Carrefour, a sollicité l'intervention de Bruno Le Maire. Il propose un moratoire d'un an concernant la loi Descrozaille qui prévoit de limiter les promotions sur divers articles essentiels. Cette loi, devant être mise en action en mars prochain, suscite des préoccupations majeures pour le secteur de la distribution.

En s'exprimant sur France info, le dirigeant de Carrefour a mis l'accent sur sa volonté de proposer davantage de réductions sur des produits indispensables, considérant l'impact croissant de l'inflation sur les ménages. Or, la loi Descrozaille limite considérablement cette marge de manœuvre pour les distributeurs, surtout dans le domaine de l'hygiène et des soins.

Des promotions actuelles en danger

Bompard a illustré son propos en évoquant la possibilité, à l'heure actuelle, d'offrir des rabais allant jusqu'à 60% sur des articles comme la lessive. Toutefois, cette loi controversée contraindra les distributeurs à ne pas dépasser une réduction de 34%. Il a également souligné les conséquences désastreuses de l'inflation sur la capacité des consommateurs à se procurer des produits essentiels. Il cite des articles comme les protections féminines ou le dentifrice qui connaissent une chute significative des ventes.

Selon le PDG de Carrefour, cette réglementation ne favoriserait en réalité que quelques géants industriels tels que Procter & Gamble, Henkel et Unilever. Il soutient fermement que face à la baisse alarmante de la consommation en France, surtout concernant les produits de base, il est urgent d'agir.

Le fléau de l'inflation alimentaire

Bompard n'a pas hésité à qualifier la situation actuelle d'« tsunami de déconsommation ». Avec une inflation alimentaire atteignant 20% en deux ans, les consommateurs peinent à suivre. L'absence de répercussion des baisses des cours des matières premières par les industriels n'a fait qu'aggraver la situation.

Proposée par le député Renaissance Frédéric Descrozaille, la loi a été perçue par les distributeurs comme une menace. Le plafonnement des promotions à 34% a notamment été critiqué, incitant certains acteurs du secteur à le qualifier d'« inflationniste ». Malgré cela, les parlementaires ont décidé de maintenir cette restriction.

Des rencontres cruciales à Bercy

Cette semaine, Bercy sera le théâtre de rencontres décisives entre distributeurs et industriels. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, envisage de solliciter une extension des opérations promotionnelles à une gamme plus large de produits, incitant davantage d'industriels à opter pour une réduction des prix.

Face à l'inflation galopante, certains acteurs majeurs du secteur alimentaire ont déjà pris des initiatives. Par exemple, Intermarché a récemment augmenté son offre de produits anti-inflation. Plus tôt, d'autres enseignes s'étaient engagées à proposer des produits à des prix extrêmement compétitifs dans le cadre d'opérations commerciales spécifiques.

Le constat inquiétant de l'Insee

Selon l'Insee, on observe une augmentation de 12,7% des prix alimentaires par rapport à l'année précédente, une légère diminution par rapport à l'augmentation de 13,7% enregistrée en juin. Dominique Schelcher, dirigeant de Système U, a averti que cette inflation pourrait s'installer sur le long terme, posant ainsi un défi majeur pour le secteur de la distribution.



À découvrir aussi...

Partager cette page