ÉCONOMIE

Publié le 14 septembre 2023

Sur BFM, on nous explique que l'essence n'est pas si chère

Des chiffres qui ne racontent pas toute l'histoire

Emmanuel Lechypre, éditorialiste économique sur BFM TV, a récemment apporté une perspective controversée sur le prix de l'essence en France. Selon lui, bien que les prix à la pompe soient presque historiques, cela ne signifie pas nécessairement que l'essence est onéreuse pour le Français moyen. En appuyant son argument sur le fait que le poids des carburants dans nos budgets est resté stable au fil des années, il met en avant une vision macroéconomique qui, bien que mathématiquement valide, pourrait manquer d'humanité.

Emmanuel Lechypre utilise l'exemple des voitures plus anciennes consommant deux fois plus d'essence que celles d'aujourd'hui pour suggérer que l'augmentation des prix est compensée par une meilleure efficacité énergétique. De plus, il compare le pouvoir d'achat en carburant entre 1970 et aujourd'hui, montrant qu'il a augmenté. Tout cela semble bien sur le papier, n'est-ce pas ?

Des réalités masquées par les statistiques

Cependant, il y a une nuance importante à faire. Une chose est la capacité d'acheter de l'essence, une autre est la capacité d'absorber une augmentation soudaine des coûts. Bruce Toussaint, le journaliste de l'émission, pose la question cruciale : pourquoi les Français sont-ils hypersensibles au prix de l'essence ?

La réponse, comme l'explique Emmanuel Lechypre lui-même, est que les budgets des Français n'ont jamais été aussi contraints. Le site "LesFurets.com" montre qu'un ménage français moyen dépense près de 1200 euros par mois en dépenses incontournables, ce qui représente 38 % de leurs revenus. Pour les ménages plus modestes, ce chiffre peut monter jusqu'à 70%. Cela ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre.

L'impact disproportionné sur les plus vulnérables

Lorsque la moitié des Français dit qu'ils font attention à 10 euros près lors de leurs courses mensuelles, une hausse de 10 à 20 euros de leur budget carburant est une charge supplémentaire importante. Et bien sûr, ce sont souvent les plus dépendants de leurs voitures, comme les habitants des zones rurales, qui sont les plus touchés.

Les familles des zones rurales dépensent en moyenne l'équivalent de 4 SMIC par an pour leur voiture. Si une famille a deux enfants, elle peut avoir besoin de deux voitures, ce qui représente un budget de 6 SMIC par an. À l'inverse, dans les villes, le coût des transports est moindre, l'équivalent de seulement 3 SMIC par an.

Un appel à la compréhension

L'argument de Emmanuel Lechypre selon lequel le carburant n'est pas si cher pourrait être techniquement correct d'un point de vue macroéconomique. Cependant, dans la réalité quotidienne, ces chiffres ne tiennent pas compte des défis auxquels sont confrontés de nombreux Français.



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