ÉCONOMIE

Publié le 22 avril 2022

Un journaliste d'investigation sur Macron : « Où sont passés les millions ? »

Le journaliste d'investigation Jean-Baptiste Rivoire était l'invité de l'émission « Quoi qu'il en coûte » diffusée sur QG ce mardi 19 avril 2022.

« C'est un énorme deal à 9 milliards d'euros »

Jean-Baptiste Rivoire : « Quand on examine un peu la carrière de Macron, il a fait beaucoup de fusions-acquisitions chez Rothschild pendant quatre ans. Ces fusions-acquisitions, ce sont des opérations très importantes sur des sommes très très importantes, et donc la banque touche beaucoup d'argent, et le banquier touche beaucoup d'argent. On sait notamment par les travaux de Marc Endeweld qu'il a eu un rôle absolument clé dans une fusion majeure, quelques jours avant l'élection de François Hollande. » David Bobin : « La fameuse fusion sur le lait pour enfant Pfizer et... » Jean-Baptiste Rivoire : « Voilà, le rachat de la branche nutrition infantile de Pfizer par le géant suisse Nestlé. Alors, c'est un énorme deal à 9 milliards d'euros. C'est une des plus grosses fusions de cette année-là chez Rothschild, c'est dire. Or, Macron a eu un rôle absolument clé pour deux raisons. D'abord, parce que c'était plutôt le concurrent Danone qui était en tête pour racheter Pfizer, avec la banque Lazard, pour plein de raisons : Matthieu Pigasse, ils se connaissaient, etc. »

« Combien touche le banquier ? »

Jean-Baptiste Rivoire : « Donc Nestlé était un peu l'outsider, et Nestlé n'était pas un client de Rothschild. Or, Macron, parce qu'il a rencontré le patron de Nestlé à la commission Attali, va réussir à ramener cet énorme client chez Rothschild. Donc quand vous amenez un client, vous amenez énormément d'argent à la banque. Et, par ailleurs, au moment où Nestlé hésite, Pfizer dit : " Moi, ça me va pas, je veux 500 millions d'euros de plus. " Macron va faire un saut en Suisse, il va aller voir le patron de Nestlé. Il va le convaincre, lui et le board de Nestlé, d'ajouter 500 millions sur la table pour rafler Pfizer. Donc il a eu un rôle absolument déterminant dans ce deal à 9 milliards. Or, quand on regarde un peu combien prennent les banques d'affaires sur ce genre d'opérations, c'est entre 0,5 et 1,5%. Donc en gros, entre 45 millions et 135 millions d'euros pour la banque. Et la question, c'est : combien touche le banquier ? Macron, quand on regarde sa déclaration d'intérêts sur cette année-là, 2012 – bon, il l'a faite en 2014, mais il évoque les années précédentes –, en 2012, il dit : " Moi, je n'ai gagné que 720 000 € de bénéfices industriels et commerciaux. " Alors, 720 000 €, ça paraît beaucoup. »

« L'ensemble des milieux d'affaires qu'on a rencontrés nous disent : c'est totalement invraisemblable »

David Bobin : « Ça, ce sont les primes qu'il aurait touchées ? » Jean-Baptiste Rivoire : « Oui, c'est ça, c'est quand tu fais des fusions-acquisitions, à priori, tes bonus sont versés sous forme de bénéfices industriels et commerciaux. Donc il en déclare 720 000. Ça paraît beaucoup, sauf que, sur un deal à 9 milliards, l'ensemble des milieux d'affaires qu'on a rencontrés nous disent : c'est totalement invraisemblable. » David Bobin : « Il se serait fait arnaquer, à la limite ? » Jean-Baptiste Rivoire : « Oui, enfin d'accord, il se serait fait arnaquer de 1 à 10 ?! Enfin, je veux dire, il n'est pas idi*t Macron. Il est inspecteur des finances, il est banquier d'affaires, il est quand même pas complètement d*bile, donc je ne pense pas qu'il se soit fait arnaquer. Donc, soit il a gagné très très très très très peu sur ce deal Pfizer-Nestlé, soit il a, une fois de plus, pas dit la vérité. »



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