POLITIQUE

Publié le 06 octobre 2022

« C'est leur métier de livrer le pays à des intérêts privés ! » François Ruffin sur la macronie

François Ruffin était l'invité de l'émission « Face à face » diffusée sur BFM TV ce mercredi 5 octobre 2022.

« Il est allé voir un certain nombre de grands patrons »

François Ruffin : « Vous savez, on parle de lobby, mais " lobby " est un mot trop faible aujourd'hui. " Lobby " suppose une pression de l'extérieur sur les institutions, sur l'État. Mais non, ce n'est pas ça qu'il se passe. » Philippe Corbé : « Le lobby est à l'intérieur, aujourd'hui ? » François Ruffin : « Aujourd'hui, c'est une colonisation par l'intérieur de l'État. » Philippe Corbé : « Colonisation ? Enfin, ils ont été élus... » François Ruffin : « Monsieur Kohler n'a pas été élu. » Philippe Corbé : « Non. Mais Emmanuel Macron a été élu et réélu, il choisit les collaborateurs qu'il souhaite. » François Ruffin : « Il a été élu, et je dirais même que dans le cas de monsieur Macron, avant son élection, il y a déjà eu un premier tour qui fait qu'il a été adoubé par des intérêts privés. Il est allé voir un certain nombre de grands patrons, et qui ont misé sur lui. Et ensuite il y a eu un premier tour devant le peuple et un deuxième tour devant le peuple. Mais il y a eu un tour avant, et c'est d'abord par des intérêts privés. »

« C'est leur métier de livrer le pays à des intérêts privés ! »

Philippe Corbé : « Vous voulez dire que c'est le candidat choisi par les patrons ? » François Ruffin : « Oui, oui, mais tout à fait. Et ça, je l'ai documenté. Toutes les semaines, il allait dîner chez monsieur Bernard Arnault, première fortune du pays. » Philippe Corbé : « En 2017. » François Ruffin : « En 2017, tout à fait. En 2022, il n'avait plus les mêmes besoins. Et ce que je veux dire, c'est que là, ils sont accusés de prise illégale d'intérêts. Mais c'est leur métier ! » Philippe Corbé : « De quoi ? » François Ruffin : « C'est leur métier de livrer le pays à des intérêts privés ! » Philippe Corbé : « Non, ce n'est pas leur intention première. Leur intention première, c'est de faire en sorte que la vie des Français soit meilleure et que la France soit plus puissante et plus prospère. » François Ruffin : « Je conteste absolument. L'intention première de monsieur Macron est d'abord de faire profiter les intérêts de ses amis financiers. » Philippe Corbé : « Mais vous vous rendez compte de ce que vous êtes en train de dire ? Que son intention première est criminelle, d'une certaine manière ? » François Ruffin : « Non, non, je dis : son intention première est d'abord de satisfaire les financiers de ce pays. »

« Les cinq premières fortunes françaises ont vu leur fortune tripler sous l'ère Macron »

François Ruffin : « Oui, je le dis, monsieur Corbé. Vous savez, monsieur Kohler a agi dans ce sens dans plein de dossiers. General Electric, quand il rachète Alstom, est-ce que vous croyez que c'est dans l'intérêt des Français ? » Philippe Corbé : « En tout cas, lui, peut-être qu'il avait tort, mais du point de vue, à ce moment-là, du ministre des Finances, c'était dans l'intérêt de la France. » François Ruffin : « Non, non, absolument pas, ça a été documenté. C'est dans l'intérêt de plein de cabinets de conseil, c'est dans l'intérêt de monsieur Bouygues, c'est dans des tas d'intérêts privés, mais ce n'est pas dans l'intérêt des Français. Quand Nokia a Alcatel qui est bradé, est-ce que c'est dans l'intérêt des Français qu'on laisse partir un pan de notre industrie comme ça ? Quand, aujourd'hui, on a un enrichissement absolument prodigieux – les cinq premières fortunes françaises ont vu leur fortune tripler sous l'ère Macron –, est-ce que c'est dans l'intérêt des Français ? Quand on a Total qui fait des profits, des surprofits, des sur-surprofits, alors que l'Europe le dit, alors que le Royaume-Uni le fait, alors que l'Espagne le fait, on a monsieur Macron qui ne bouge pas le petit doigt. Est-ce que c'est dans l'intérêt des Français ? »



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