POLITIQUE

Publié le 29 avril 2022

« Un métier de p*te » Quand Alain Minc parle du métier d'Emmanuel Macron chez Rothschild

Alain Minc intervenait lors de l'émission « Envoyé Spécial » diffusée le jeudi 1er décembre 2016 sur France 2.

« Alain Minc murmure à l'oreille des grands patrons et des politiques »

En 1986, la droite remporte les législatives et privatise. Claude Sérillon : « Succès de la privatisation de Paribas, environ 3 millions de Français se seraient portés acquéreurs. » Édouard Balladur, l'intime de la famille, est ministre de l'Économie. Pour cette privatisation symbolique, il nomme Rothschild banquier-conseil de l'État. Un cadeau d'ami qui les remet en selle, le contexte économique fera le reste. Dans les années 1990, le banquier d'affaires est au cœur de la refondation du capitalisme. Fusions-acquisitions, privatisations, OPA. Plus ça brasse, plus les capitaines d'industrie ont besoin de leurs nouveaux amis. Le banquier conseille, négocie, appelle Bercy : on ne peut plus se passer de lui. La première de ses qualités ? Un carnet d'adresses bien fourni. Et question relationnel, Rothschild excelle. Alain Minc murmure à l'oreille des grands patrons et des politiques. Ami de David de Rothschild, il a souvent joué le rôle de DRH officieux pour la banque.

« C'est quand même un métier de p*te »

Une journaliste : « Macron, c'est vous qui avez conseillé à David de Rothschild de le rencontrer ? » Alain Minc : « Non, il l'avait rencontré, mais je lui ai dit : " Il faut le prendre à tout prix ! " » Une journaliste : « Mais pourquoi " il faut le prendre à tout prix " ? » Alain Minc : « Parce qu'il était exceptionnellement charmant et intelligent, et que ce sont les qualités d'un banquier d'affaires. Un banquier d'affaires doit être intelligent, souple, rapide, et s'il peut être en plus charmant – parce que c'est quand même un métier de p*te –, c'est une qualité, et il les avait toutes, et il a merveilleusement réussi. » Le parcours d'Emmanuel Macron est fidèle à une vieille tradition française qui autorise un haut fonctionnaire à quitter l'administration pour céder aux sirènes du privé et à ses salaires attrayants. On appelle ça " le pantouflage ". Dans le système bien rodé de la pantoufle, le haut fonctionnaire ne démissionne pas : il est " détaché ".

« Une pratique répandue qui fait naître le soupçon du conflit d'intérêts »

Son passage chez Goldman Sachs, par exemple, ou bien Lazard, ou encore Rothschild, devient même le signe d'une carrière réussie, un must. Et rien ne lui interdit de revenir ensuite aux plus hautes fonctions de l'État, les poches pleines. Une pratique répandue qui fait naître le soupçon du conflit d'intérêts. Jérôme Karsenti : « Ce n'est rien d'autre qu'une forme dévoyée du lobbyisme. On embauche un haut commis de l'État qui a servi l'intérêt de la nation. L'entrisme est direct. On sait très bien que dans un second temps, ce haut fonctionnaire nous servira toujours et servira toujours nos intérêts. » Une journaliste : « Donc c'est " Rothschild un jour, Rothschild toujours " ? » Jérôme Karsenti : « Non, mais quand on a touché 2 millions d'euros, on est quand même redevable. Quand on a travaillé un certain nombre d'années, même si c'est une année à temps plein ou deux années, qu'on a servi un employeur, on lui est peut-être redevable. » Grâce à ses recrutements, Rothschild devient un lieu de pouvoir et d'influence. Certains surnomment même la banque : " Bercy bis ". Dans les années 1990, Paris Match ne s'y trompe pas et titre sur ces Richelieu de la finance, devenus les vrais maîtres du monde.



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