POLITIQUE

Publié le 26 décembre 2020

À 5 300€ par mois, certains députés sont obligés de manger des pâtes ?

Le discours hallucinant du député Jean-Luc Reitzer en 2018 à l'Assemblée nationale qui considérait que les députés n'étaient pas assez payés et qu'une revalorisation permettrait de mieux lutter contre les tentations de corruptions.

«On a l'impression qu'on est contrôlé, qu'on doit tout justifier»

Jean-Luc Reitzer (Député): «Moi, je suis un député de base et donc moi, j'ai le sentiment qu'on a déjà beaucoup de contrôle. Moi, je ne m'en occupe pas, c'est mon épouse qui fait tout mais je sais que quand elle doit faire sa déclaration de patrimoine, elle passe un mauvais quart d'heure. Et donc, on a le sentiment, les citoyens s'en rendent pas compte, mais nous, on s'en rend compte, on a l'impression qu'on est contrôlé, qu'on doit tout justifier. Et maintenant, en plus, on a les frais de mandat. Enfin, bref, on passe son temps maintenant à collecter les factures et les notes de restaurants et autres.»

«C'est peut être parce qu'ils ne sont pas assez bien payés ?»

Jean-Luc Reitzer: «Et donc, moi, j'ai un peu le sentiment quand même que je veux bien que vous proposiez encore des contrôles a posteriori, après avoir terminé sa carrière de député, encore voir s'il n'y a pas un conflit d'intérêts, si ceci, si cela. Franchement, il y en a marre. Franchement, je vous le dis sincèrement, il y en a ras la casquette de ça. On n'est pas des truands. On n'a pas besoin d'être en permanence contrôlés, suspectés de vouloir s'en mettre plein les poches. Et dans votre travail, est-ce qu'il n'a pas un moment donné où vous ne vous êtes pas dit, finalement, s'il y a beaucoup de députés qui travaillent encore à côté, est-ce que c'est peut être parce qu'ils ne sont pas assez bien payés ? Et que s'ils étaient un petit peu mieux payés, ils n'auraient peut-être pas besoin d'avoir encore une activité à côté ? Alors, on peut être passionné pour être médecin, on peut être passionné pour faire des cours à Sciences Po ou à la fac de droit à Paris ou à Strasbourg.»

Faire en sorte qu'ils soient payés pour qu'ils ne soient pas tentés par la corruption ?

Jean-Luc Reitzer: «Mais il y en a peut-être aussi qui se disent qu'avant, ils gagnaient peut-être beaucoup plus. Parce qu'il y a des collègues, surtout les petits nouveaux qui sont arrivés là, j'ai entendu qu'il y en a certains qui devaient manger des pâtes parce qu'avant, ils gagnaient 10 000 ou 15 000 euros et que maintenant, ils se retrouvent avec 5 300 euros. Donc, est-ce que vous ne vous êtes pas demandés si à un moment donné, s'il y a un moyen aussi de lutter contre les tentations diverses que l'on peut avoir quand on a un mandat comme ça. Ce serait de peut-être faire en sorte de payer mieux les députés ? C'était l'idée de l'indemnité à l'époque, faire en sorte qu'ils soient payés pour qu'ils ne soient pas tentés par la corruption et par tous les mauvais esprits qui peuvent traîner ici ou là. Et puis aussi un statut c'est notre rôle aussi d'en discuter, un vrai statut. De retrouver, comme c'est le cas en Allemagne, je crois, de retrouver facilement une réinsertion dans la vie peut-être privée.»

«On n'aurait peut être pas besoin systématiquement de les contrôler ?»

Jean-Luc Reitzer: «C'est difficile, comme vous l'avez dit au bout de 5 ans. Mais bon, moi j'ai été élu. Et puis le lendemain, on m'a fait une lettre de solde de tout compte. Est ce qu'il n'y aurait pas peut-être aussi, dans votre réflexion, à un moment donné, de dire si on les payait mieux, si on facilitait leur réinsertion professionnelle, on n'aurait peut être pas besoin systématiquement de les contrôler ? Ce n'est pas une question. C'est une réaction comme ça de type de base qui vit ça ou qui fait vivre les autres de ses tourments. Mais moi, j'ai le sentiment qu'on a déjà assez de contrôle et que ce n'est pas la peine d'en rajouter.»



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