POLITIQUE

Publié le 26 septembre 2022

Agacée par une remarque, Sandrine Rousseau décide de quitter le plateau en plein direct

Sandrine Rousseau était l'invitée de l'émission « Le Temps de l'Info » diffusée sur LCI ce vendredi 23 septembre 2022.

« C'est incroyable de poser la question comme ça »

Élizabeth Martichoux : « Je voudrais juste revenir d'un petit mot sur la méthode. Vous avez donc répondu à une question sur Julien Bayou et vous avez, d'une certaine façon, jeté en pâture ce témoignage. Est-ce que c'est normal comme méthode ? » Sandrine Rousseau : « Qu'est-ce que j'ai jeté en pâture exactement ? » Élizabeth Martichoux : « Vous avez donné l'exemple de cette femme qui est venue témoigner chez vous. Il y a des... il y a une enceinte judiciaire, il y a des débats contradictoires, il y a des procédures. Est-ce que vous trouvez normal de procéder ainsi pour mettre en accusation un homme ? » Sandrine Rousseau : « Mais c'est incroyable de poser la question comme ça. Pardon, mais ça participe du problème de poser la question comme ça. Moi, on m'a posé la question, c'était #NousToutes qui a fait un tweet. Julien Bayou en avait lui-même parlé deux mois avant, ou quelques semaines avant. Lui-même avait dévoilé cette histoire en me disant que la cellule de lutte contre les violences sexistes et sexuelles avait été saisie par son ex-compagne. » Élizabeth Martichoux : « Vous avez mis sur la table l'état de détresse de cette femme. » Sandrine Rousseau : « Oui, en accord avec elle. »

« Est-ce que vous trouvez ça normal de procéder comme ça ? »

Élizabeth Martichoux : « En accord avec elle. Mais, voilà, c'est sa parole. Ma question c'est : il y a une situation, effectivement, des femmes qui est totalement anormale et à laquelle d'ailleurs vous contribuez largement, et avec votre talent, à mettre au jour et à lutter. Mais est-ce qu'on répond à une anormalité par une anormalité ? Est-ce que vous trouvez ça normal de procéder comme ça ? » Sandrine Rousseau : « Et moi, je vous renvoie à une autre question qui est : si je n'avais pas dit les choses, que se serait-il passé ? Dire toujours qu'il y a une forme d'intention cachée, alors que l'on défend les femmes, c'est, un, ne pas reconnaître que c'est un combat politique à part entière. Or, je le dis, le combat pour les femmes est un combat politique à part entière. C'est un combat noble, c'est un combat fort. Et la deuxième chose, c'est délégitimer la parole de celles qui portent ce combat. Et je dis à [Stéphane] Séjourné : votre position aurait été bien plus forte si je vous avais entendu sur [Damien] Abad, si je vous avais entendu sur Gérald Darmanin. » Élizabeth Martichoux : « Est-ce qu'on défend une cause en prenant un exemple de ce type-là ? Vous prenez Abad et vous dites : " Ils ne l'ont pas fait. Eh bien, ils ont tort, mais nous, on le fait. " »

« Je vous interroge sur votre méthode. C'est mon rôle »

Sandrine Rousseau : « Non mais, je vois bien qu'à vos yeux, je ne défends pas bien la cause. Moi, je vous dis, pour l'instant, je l'ai défendue depuis 2016. » Élizabeth Martichoux : « Je vous interroge sur votre méthode. C'est mon rôle. » Sandrine Rousseau : « Et depuis 2016, je la défends avec force, avec constance, avec sincérité et transparence que je le fais. Et que je vois bien que c'est moi qui suis sur le tribunal médiatique aujourd'hui, et que vraiment, là, j'aimerais qu'on se concentre beaucoup sur les hommes qui exercent ces violences, parce que finalement, c'est eux le problème, et qu'il est absolument anormal que ce soient toujours les méthodes des féministes qui soient interrogées. Et je suis allée ce week-end à la bibliothèque Marguerite-Durand, que je vous conseille d'ailleurs toutes et tous d'aller voir, parce qu'il y a une exposition sur le féminisme et l'animalisme, et que la directrice m'a fait visiter les archives de cette bibliothèque, qui a toutes les archives féministes de France. Et on voit que dans les années 1970, les féministes des années 1970 étaient ultra-attaquées. Gisèle Halimi était ultra-attaquée sur ses méthodes, qui étaient jugées inappropriées. »

« J'arrête cette interview. Bonne journée »

Sandrine Rousseau : « Eh bien, je remercie ces femmes d'avoir eu ces méthodes inappropriées, parce que c'est comme ça que les droits des femmes ont progressé. Permettez que j'emploie des méthodes qui, à vos yeux, ne le sont pas. » Élizabeth Martichoux : « Nous vous posons des questions, comme à tous les politiques, sur les méthodes. C'est normal, vous n'êtes pas une victime, vous êtes une femme politique et nous sommes en droit de vous interroger sur vos combats et sur vos méthodes. » Sandrine Rousseau : « Je suis une femme politique et c'est en cela que je fais avancer le débat. Et vous voyez, me renvoyer en permanence à la position de victime, c'est encore une fois impossible. » Élizabeth Martichoux : « Non, je dis... Qu'est-ce que je viens de dire ? » Sandrine Rousseau : « Non, ça n'est pas possible de poser le débat comme ça, pardon. C'est en leader de femmes politiques que je vous parle, et c'est en leader politique que je fais avancer les débats. » Élizabeth Martichoux : « Madame Rousseau, je viens de vous dire : vous n'êtes pas une victime. Vous ne m'avez pas entendue. » Sandrine Rousseau : « Voilà, j'arrête cette interview. Bonne journée. » Élizabeth Martichoux : « Allez, c'est la fin de cette interview. Dans un instant, les chroniqueurs du Temps de l'Info. »



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