POLITIQUE

Publié le 06 novembre 2021

«Avec vous la matraque est valable en tout temps» Une députée dézingue la macronie

Mathilde Panot, députée, intervenait lors de la séance publique à l'Assemblée nationale ce vendredi 5 novembre 2021.

«L'éternelle justification des autoritaires»

Mathilde Panot: «Vous nous demandez aujourd'hui les pleins pouvoirs pour prolonger le passe sanitaire, avec l'éternelle justification des autoritaires : " C'est pour votre bien. " Vous nous demandez aujourd'hui d'accepter un régime d'exception, pendant huit mois et demi, sans aucune décision démocratique du Parlement, avec pour vous seul le pouvoir exorbitant d'activer ou de désactiver le passe sanitaire à votre guise, ou plutôt, selon le bon vouloir du président. Mais là aussi, françaises, français, c'est pour votre bien. Le passe sanitaire, qui ne devait jamais être étendu aux activités du quotidien, qui ne serait jamais un droit d'accès qui différencie les Français, qui ne devait être que temporaire, pourra donc être prolongé pendant encore 8 mois et demi. Et pourquoi le 31 juillet 2022 ? On ne sait pas ou plutôt on devine. Si on sait que vous pensez que l'élection présidentielle semble être pour vous une formalité. Mais vous verrez, le peuple français aura tôt fait de vous rappeler qu'une élection ne se noue que le jour du vote et que les 500 fortunes de France qui ont doublé leur fortune grâce à vous sont bien moins nombreuses que les millions de personnes que vous avez plongées dans la pauvreté et dans la précarité. Oui, c'est pour votre bien que des millions de nos concitoyens continueront d'être exclus du restaurant ou du bistrot, du cinéma, de concert ou du train, qu'une partie de la population continuera de scanner à tout va une autre partie de la population. C'est pour votre bien que continuera la gestion sécuritaire de la santé publique, même s'il est vrai que contraindre n'a jamais prouvé son efficacité et même pire, a démontré sa contre-productivité.»

«Le passe sanitaire lui même regorge d'absurdités»

Mathilde Panot: «C'est pour votre bien, chers concitoyens, que les moyens humains et financiers que réclament désespérément les soignants attendront, que la levée des brevets sur les vaccins ne se fera pas. La société du roulement, le pôle public du médicament, les purificateurs d'air : non, non, non, d'alternative, il n'y a pas. Vous infantilisez les Français et empêchez la démocratie sanitaire dont nous avons besoin. Mais si vous faites cela, c'est au nom de l'efficacité. La " startup nation " n'est jamais loin. A vous croire, pour qu'une décision soit bonne, il faut qu'elle soit efficace et donc prise rapidement par l'exécutif et même le président de la République, exclusivement de préférence. Quand vous nous présentez un texte sanitaire, vous veillez à ce qu'il ressorte intact et qu'aucune proposition et amendement de l'opposition ne vienne le ternir. C'est l'Immaculée conception revisitée. Dans cette affaire, la démocratie serait du temps perdu. Voyez-vous, nous pensons, au contraire, qu'une décision est bonne parce qu'elle est prise collectivement et que les cafouillages, les mensonges, les couacs en tous genres ne sont pas étrangers au fait qu'une décision a été prise en solitaire. Le passe sanitaire lui même regorge d'absurdités, depuis quatre mois que celui-ci est mis en place, vous n'avez toujours pas expliqué pourquoi il est requis pour s'asseoir à une terrasse à moitié vide et pas au sein de la restauration collective. Les enfants n'en ont pas besoin pour pratiquer un sport dans le cadre scolaire en revanche, dans le même gymnase, dans le même vestiaire, il leur en faut un s'ils sont inscrits dans un club sportif associatif.»

«Allez-vous continuer longtemps à fracturer le pays ?»

Mathilde Panot: «Pour ce qui est de son obligation pour prendre le TGV et pas le métro, alors là vous nous livrez une analyse anthropologique fouillée et inédite. Dans les trains, les gens enlèvent beaucoup leur masque, mais pas dans le métro, disait madame la ministre. Tiens donc, d'où vient ce constat digne d'une étude du CNRS ? Sûrement pas d'une étude empirique, visiblement. L'examen de la nécessité ou non d'une troisième dose de vaccin pour freiner l'épidémie rend le passe sanitaire d'autant plus absurde. Il faudrait alors l'étendre à l'obtention d'une troisième dose, le prolonger ainsi vous voulez créer un passe sanitaire éternel. Mais surtout, ce texte déroge de nouveau à des principes fondamentaux, pas de secret médical, les chefs d'établissement, par exemple, pourront connaître qui, parmi leurs élèves, sont vaccinés. Mais encore : pas de vaccin, pas de travail, pas de vaccin, pas d'allocations chômage, pas de vaccin, pas de tests gratuits de dépistage, quelle idée brillante à l'heure où le taux d'incidence remonte sensiblement ! Alors quoi, collègues ? Allez-vous continuer longtemps à fracturer le pays ? Encore une fois, le passe sanitaire vous donne bonne conscience en donnant une illusion de sécurité. Le ministre de la Santé lui-même a reconnu ici que l'hôpital public allait extrêmement mal, et ce, depuis des années au moins.»

«Monsieur Véran a appliqué les mêmes recettes qui aboutissent toujours aux mêmes échecs»

Mathilde Panot: «Il reconnaît qu'il y a des déserts médicaux, que des soignants manquent dans notre pays. Qu'en gros, il serait tributaire d'une situation dont il n'est pas responsable. Pourtant, monsieur Véran a appliqué les mêmes recettes qui aboutissent toujours aux mêmes échecs. 4 milliards d'euros d'économies sur le dos de l'hôpital public depuis 2017. 14.000 lits supprimés, dont 5.700 d'hospitalisation complète en 2020 en pleine pandémie. Pour finir, l'autoritarisme sanitaire est le contraire d'une politique et d'un travail de conviction. ViteMaDose ou Doctolib ne constituent pas une politique de santé publique. Une véritable politique de santé publique est une politique où il y a des humains pour expliquer avec pédagogie, sans jugement ni culpabilisation. Mais non avec vous, comme d'habitude, la matraque est valable en tous temps et pour toutes choses, nous continuerons à vous le répéter plutôt que de vous en prendre aux non convaincus, prenez vous en à vous même les non convaincants. Et si vous ne votez pas cette motion de rejet, nous saisirons, dès cet après midi, le Conseil constitutionnel sur ce texte.»



À découvrir aussi...

Partager cette page