POLITIQUE

Publié le 11 septembre 2023

Bienveillance ? Clément Viktorovitch démasque la rhétorique d'E.Macron

Bienveillance : Réelle intention ou stratagème politique ?

Le président de la République, Emmanuel Macron, a incorporé le terme "bienveillance" au cœur de sa rhétorique. Tant vanté lors des meetings, des interviews et des discours, ce terme semble illustrer la philosophie du chef de l’État. Mais se pourrait-il que cette insistance sur la bienveillance cache une stratégie politique subtile ?

La bienveillance n'est pas seulement un concept moral ; elle représente un choix linguistique qui implique un certain cadre idéologique. En mettant l'accent sur ce terme, Emmanuel Macron semble vouloir établir une certaine atmosphère, évoquant la gentillesse et l'harmonie. Cependant, ne faudrait-il pas se demander : quelle est la réelle signification politique de ce mot ?

Concepts mobilisateurs

Les mots ont du pouvoir, surtout en politique. Des termes comme "bienveillance" paraissent irréfutables, qui oserait promouvoir la "malveillance" ? Mais cela cache une vérité plus nuancée. Ces mots, qualifiés de concepts mobilisateurs, peuvent sembler creux, mais ils ont une résonance forte avec le public. Toutefois, leur utilisation excessive, sans expliciter leurs implications concrètes, peut les rendre génériques, perdant ainsi leur véritable essence.

Il est intéressant de noter que le discours sur la bienveillance ne se limite pas à la sphère politique. Il trouve ses racines dans le monde du management où il est utilisé pour évoquer un environnement de travail positif. Cependant, ce discours peut aussi être perçu comme une façon de contrôler subtilement les relations employeur-employé. Ainsi, le "management bienveillant" semble favoriser la performance au détriment des besoins et des revendications des employés.

La bienveillance : au-delà de la stratégie politique

Le terme "bienveillance" en politique pourrait être considéré comme une stratégie pour gérer les oppositions et les conflits. En se posant comme bienveillant, le dirigeant sous-entend qu'il sait ce qui est bon pour le peuple, créant ainsi un contraste entre ceux qui sont "bienveillants" et ceux qui pourraient être perçus comme "malveillants". Cette division pourrait alors réduire au silence les critiques et les oppositions.

La politique, dans son essence, est le domaine du conflit et des divergences d'opinion. Chaque décision prise est le résultat de rapports de force entre différents intérêts et valeurs. Qualifier la politique de bienveillante pourrait donc être perçu comme une tentative de masquer ces conflits et ces rapports de force.

La critique de Kant : une perspective philosophique

Emmanuel Kant, dans son essai "Sur le lieu commun", aborde la question de la bienveillance. Pour lui, un gouvernement basé uniquement sur la bienveillance envers le peuple ressemble à un régime despotique où les citoyens sont traités comme des enfants, incapables de juger par eux-mêmes. Cette vision paternaliste pourrait poser problème car elle nie la capacité des individus à penser et à agir de manière autonome.



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