POLITIQUE

Publié le 08 février 2022

Cette députée met en garde une ministre : «Méfiez-vous du peuple que l'on maltraite»

Mathilde Panot, députée, intervenait lors de la séance publique à l'Assemblée nationale ce mardi 1er février 2022.

«Le mythe de la concurrence pure et parfaite»

Mathilde Panot: «Le néolibéralisme, c'est merveilleux. Le néolibéralisme, collègues, c'est cette doctrine appliquée par la Commission européenne. Tout ce qui ressemble de près ou de loin à une règle, à une norme ou pire, un monopole public, lui donne de l'urticaire. Alors, elle déréglemente, elle libéralise. Car pour la Commission européenne, il faut libérer les énergies. C'est précisément ce qu'elle a fait dans ce domaine, l'énergie. Avant l'entreprise publique EDF permettait de mutualiser les coûts, d'investir sur le long terme, bref, d'œuvrer pour l'intérêt général. EDF produisait l'électricité et la revendait aux consommateurs et aux entreprises. Mais c'en était trop pour la Commission, furieuse de ne pas voir appliqué le mythe de la concurrence pure et parfaite. Alors, comme toujours, elle a déréglementé et libéralisé. Résultat : entre 2007 et 2020, les prix de l'électricité ont augmenté de 50% en France.»

«12 millions de personnes en situation de précarité énergétique»

Mathilde Panot: «Le néolibéralisme, c'est merveilleux. Si merveilleux que l'Etat a dû intervenir ces derniers mois pour contenir la flambée des prix. Sans intervention de la puissance publique, la hausse de l'électricité serait de 44%. Avec la mise en concurrence, les fournisseurs privés se sont multipliés, entraînant des frais supplémentaires puisqu'ils ne font rien d'autre qu'acheter et revendre de l'électricité. En bref, madame la ministre, des parasites qui ne servent qu'à une chose : engraisser les actionnaires. D'ailleurs, Total Énergie vient d'annoncer un résultat de 15 milliards d'euros en 2021, en pleine crise énergétique. Le néolibéralisme, c'est donc merveilleux, mais pas pour tout le monde. Ça l'est moins pour les 12 millions de personnes en situation de précarité énergétique qui peinent à payer leurs factures. Ça l'est moins pour les 4,8 millions de familles qui vivent dans des passoires thermiques.»

«Méfiez-vous toujours du peuple que l'on maltraite»

Mathilde Panot: «Ils sont nombreux à ne pas pouvoir se permettre d'allumer le chauffage, à se couvrir de plaids, de pulls et de manteaux à la maison. L'hiver dernier, déjà plus d'un Français sur deux avait été obligé de réduire son chauffage pour faire baisser sa facture d'énergie. Le médiateur de l'énergie indique que ce chiffre a doublé en deux ans. Le gouvernement n'en a que faire, le marché d'abord, voilà la promesse du néolibéralisme. Rappelez-vous, collègues et madame la ministre, qu'il a suffi d'une étincelle pour que le peuple se soulève. J'ai entendu dire que certains étaient de retour sur les ronds points. Madame la ministre, méfiez-vous toujours du peuple que l'on maltraite.»



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