POLITIQUE

Publié le 26 septembre 2022

Clément Viktorovitch démonte les arguments en faveur de la réforme des retraites

Clément Viktorovitch intervenait lors de l'émission « Entre les lignes » diffusée sur Franceinfo ce dimanche 25 septembre 2022.

L'absolue nécessité de réformer les retraites ?

Clément Viktorovitch : « La réforme est-elle nécessaire ? Pour le gouvernement, les conclusions à en tirer seraient implacables. Ce texte, le rapport du COR, mettrait en lumière l'absolue nécessité de réformer les retraites. C'est ce qu'expliquait le ministre du Travail, Olivier Dussopt, mardi dernier sur RTL. » Olivier Dussopt : « Nous avons échangé autour d'un rapport, le rapport du Conseil d'orientation des retraites. Ce rapport dit que le système de retraites connaît un très léger excédent en 2021-2022, mais que, dès 2023, ce sont presque 2 milliards d'euros de déficit ; en 2027, c'est-à-dire demain, plus de 12 milliards de déficit ; et en 2030, une vingtaine de milliards de déficit. Ce sont des chiffres qui sont partagés et qui montrent qu'il nous faut agir pour à la fois améliorer le système de retraite et le préserver dans le temps. » Clément Viktorovitch : « Les syndicats s'appuient sur un autre indicateur présent dans le rapport, celui d'ailleurs que le Conseil d'orientation des retraites considère comme essentiel : la part des dépenses de retraite rapportées au PIB de la France. En clair, c'est l'indicateur qui évalue quelle partie de notre richesse nationale nous choisissons de consacrer aux pensions des personnes âgées. »

« Notre système de retraite par répartition n'est donc pas en péril »

Clément Viktorovitch : « Et là, le COR est formel : ces dépenses sont maîtrisées sur la longue période, c'est-à-dire qu'elles augmentent très légèrement, puis, au pire, restent stables, au mieux, décroissent nettement à partir de 2035. À ce jour, et c'est le plus important, notre système de retraite par répartition n'est donc pas en péril, il n'a pas besoin d'être sauvé. Si nous estimons aujourd'hui que les dépenses de retraite sont soutenables, nous n'avons aucune raison de penser qu'elles ne le seraient pas demain. » Jules de Kiss : « Mais alors, que fait-on du déficit du système ? Est-ce qu'il faut le combler ? » Clément Viktorovitch : « Eh oui, le fameux déficit, c'est toute la question, et en effet, plusieurs options sont envisageables. On pourrait décider d'assumer ces déficits temporaires avec de la dette. Après tout, on l'a déjà fait hier pour la crise covid, on le fait aujourd'hui pour la crise énergétique. Ou bien on peut choisir de jouer sur l'un des nombreux paramètres du système de retraites, parmi lesquels l'un, qu'on cite assez peu, c'est le niveau des cotisations payées par les salariés et par les employeurs, qui n'a aucune raison d'être considéré comme un tabou politique. Mais ce qui est intéressant, c'est que tout cela, le gouvernement ne l'évoque jamais, pas à un seul moment. Écoutez comment Élisabeth Borne, première ministre, présentait la réforme des retraites en juillet dernier à l'Assemblée nationale. C'était durant sa déclaration de politique générale. »

« Cette affirmation apparaît comme doublement contestable »

Élisabeth Borne : « Je le dis aujourd'hui, pour la prospérité de notre pays et la pérennité de notre système par répartition : oui, nous devrons travailler progressivement un peu plus longtemps. » Clément Viktorovitch : « " Pour la pérennité de notre système par répartition, nous devrons travailler plus longtemps. " À l'aune du dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites, cette affirmation apparaît comme doublement contestable. D'une part, parce que la pérennité du système n'est pas menacée. Il faut le dire et le répéter, c'est le COR qui l'écrit. Ensuite, parce que les déficits temporaires du système n'impliquent pas nécessairement de travailler plus longtemps. D'autres solutions sont envisageables. Et c'est là qu'il faut rappeler, je crois, une statistique. Selon l'Insee, en France, un quart des hommes les plus pauvres meurent avant d'avoir fêté leur 62ᵉ anniversaire. Ils auront travaillé toute leur vie dans les tâches bien souvent les plus pénibles, sans jamais pouvoir profiter de leur retraite. Ce qui signifie de fait qu'ils auront, eux, cotisé pour la retraite des plus riches et des plus privilégiés. Faire travailler tout le monde plus longtemps reviendrait tout simplement à aggraver encore davantage cette situation. Voilà, de mon point de vue, une donnée qui devrait en tout premier lieu orienter nos réflexions. »



À découvrir aussi...

Partager cette page