POLITIQUE

Publié le 01 octobre 2022

Dupont Moretti perd ses nerfs et menace de poursuivre en justice un député s'il recommence à l'avenir

Éric Dupond-Moretti intervenait lors de la Commission des lois à l'Assemblée nationale ce mardi 27 septembre 2022.

« Vous avez dit que j'étais une " petite frappe " »

Éric Dupond-Moretti : « Monsieur Benjamin Lucas. Je vous ai écouté courtoisement poser votre question, aimablement, quand je me suis souvenu que vous êtes celui qui avait tweeté le 2 août, vous avez dit... » Benjamin Lucas : « Vous parlez d'une chose que je n'ai pas citée. » Éric Dupond-Moretti : « J'entends bien, mais en revanche, le tweet, vous l'avez signé, monsieur le député, et vous avez dit que j'étais une " petite frappe ". » Benjamin Lucas : « Non, j'ai dit " comportement de petite frappe ", monsieur. Non, mes mots ont un sens, monsieur. » Éric Dupond-Moretti : « " Éric Dupond-Moretti se comporte en petite frappe, pas en garde des Sceaux. " Et, vous voyez, comme je ne suis pas rancunier, je vais quand même vous répondre. Mais je voudrais vous dire une chose, pour l'avenir, petit conseil d'ancien avocat : restez bien dans l'hémicycle, vous avez tous les droits et vous avez le droit d'injurier les uns et les autres, de les invectiver. Mais si vous en sortez, là, en l'occurrence, vous voyez, ça me donne à moi le droit de déposer une plainte contre vous pour injure, ce que je n'ai pas fait, et je ne regrette pas de ne pas l'avoir fait. »

« On pourrait parler de vos conflits d'intérêts »

Éric Dupond-Moretti : « Mais je voulais quand même que vous le sachiez. Non, non, non, monsieur, ça va. Là, si vous le voulez, ça va, deux minutes. Si, si, je vous dis " ça va ". Et c'est loin d'être petite frappe, vous voyez. » Benjamin Lucas : « Non, non, ça va comme ça, monsieur. Vous êtes à l'Assemblée nationale, vous ne m'invectivez pas de la sorte. » Éric Dupond-Moretti : « Je le savais avant vous, voyez-vous. Bon, d'accord. Mais je vous dis gentiment que si, à l'avenir, vous vouliez à nouveau m'insulter de cette façon, faites-le bien dans l'hémicycle. Une fois, mais pas deux. Alors maintenant, quel est donc le Dupond-Moretti qui a dit, qui n'a pas dit ? Moi, vous savez, je ne suis pas schizophrène, c'est tout à fait clair. Moi, vous voyez, si j'étais méchant garçon, je vous dirais : " Mais qui est le Benjamin Lucas qui me pose la question ? Est-ce le conseiller des Hauts-de-France ou le député des Yvelines ? " Vous voyez, je mettrais en exergue votre nomadisme. Je ne veux pas être cruel avec vous. Bon... » Benjamin Lucas : « On pourrait parler de vos conflits d'intérêts. »

« Moi, je ne suis pas votre paillasson »

Éric Dupond-Moretti : « Mais on peut en parler si vous voulez, ça ne me gêne absolument en rien et puis vous allez quand même me laisser répondre, vous voyez, si vous le voulez bien. Bon. » Benjamin Lucas : « Les électeurs en France n'élisent pas aussi facilement. » Sacha Houlié : « Non, monsieur Lucas, vous avez posé une question et on attend une réponse. Il y a encore douze députés qui attendent la dernière réponse pour poser la leur. » Benjamin Lucas : « Vous ne vous êtes pas présenté aux élections. » Éric Dupond-Moretti : « Monsieur Lucas, vous devriez faire profil bas. Moi, je cherche à être utile, vous, vous cherchez à être élu. Peu importe où, d'ailleurs. » Benjamin Lucas : « Non, mais c'est injurieux ! » Éric Dupond-Moretti : « Ce n'est pas plus injurieux que " petite frappe ", vous voyez. Et je vous redis, monsieur, ce qui n'est pas acceptable, c'est votre tweet. Moi, je ne suis pas votre paillasson, c'est clair ? Parce que là, vous êtes tout mielleux, tout gentil, vous lisez vos petites fiches, mais moi, j'ai de la mémoire. Alors je vous le dis, si vous refaites ça un jour en dehors de l'hémicycle, vous irez devant le tribunal correctionnel. »

« Vous faites des menaces aux parlementaires, vous les injuriez »

Benjamin Lucas : « Allez-y. » Éric Dupond-Moretti : « Est-ce que c'est clair ? Voilà, maintenant, on va passer à la réponse, si vous le voulez bien. » Benjamin Lucas : « Non, non, non... Vous faites des menaces aux parlementaires, vous les injuriez. Enfin, monsieur le ministre, quand même. Comportez-vous en ministre. » Sacha Houlié : « Écoutez, je vous entends tous faire des commentaires, s'il vous faut une suspension de séance avec le risque de ne pas poser vos questions pour ce qui suit, c'est ce qui va advenir. » Éric Dupond-Moretti : « Ouais, suspension, ouais. Je veux bien une petite suspension. » Sacha Houlié : « Donc, je veux la réponse du ministre et ensuite vous aurez une petite suspension. Vous aurez une suspension de cinq minutes pour pouvoir vous rafraîchir, parce que manifestement, vous en avez tous besoin. Monsieur le ministre, vous répondez aux dernières questions et après... » Éric Dupond-Moretti : « Sur les conditions indignes, j'ai déjà répondu, complètement répondu. Moi, je ne suis pas schizophrène, je pense que les choses, elles sont tout à fait claires, vous voyez, je n'ai pas un dédoublement de personnalité, je ne suis pas bipolaire, je vous rassure. Si vous voulez, je vous fournirai un certificat médical rédigé par un psychiatre, n'ayez aucune crainte, c'est plutôt très cohérent, vous voyez. »

« Vous êtes si jeune et vous avez déjà si peu fait »

Éric Dupond-Moretti : « Je vais vous dire, c'est cela qui est un peu gênant, je vous ai à la fois assuré la fermeté de la réponse pénale, sans démagogie, sans populisme. Et en même temps, voyez-vous, je me targue d'un certain humanisme, sans angélisme. D'ailleurs, ce qui est plutôt un bon signe pour moi, c'est que je me fais traiter comme je l'ai été par vous, et que, de l'autre côté, je suis Taubira en pire. Je me dis qu'au fond, je suis peut-être sur le bon chemin, vous voyez. Vous voyez, je suis peut-être sur le bon chemin. Ce n'est pas en même temps, en ce qui me concerne, ce n'est ni les uns ni les autres et j'essaie au milieu de trouver un chemin qui est un chemin cohérent. Donc vous pouvez gratter sur tout ce que j'ai écrit, ce que j'ai dit, pas dit, autrefois, il y a longtemps, etc. Vous êtes si jeune et vous avez déjà si peu fait, donc, calmons-nous. J'ai une politique qui est très claire, ceux qui me connaissent le savent et elle est parfaitement cohérente, vous voyez. C'est de la répression, mais aussi de la réinsertion. C'est les conditions indignes, c'est la préoccupation constante que j'ai du personnel pénitentiaire, etc. Et c'est, monsieur le député, trois budgets de plus 8 % qui n'ont jamais été obtenus au ministère de la Justice. Voilà ma réponse. » Sacha Houlié : « Bien, on suspend pour cinq minutes. »



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