POLITIQUE

Publié le 24 novembre 2021

Échange tendu à l'Assemblée: «La matraque n'a jamais été une réponse à la colère sociale»

Mathilde Panot, députée, intervenait lors de la séance publique à l'Assemblée nationale ce mardi 23 novembre 2021.

«Mais rassurez-vous, le Raid et le GIGN sont sur place»

Mathilde Panot: «En Guadeloupe, en pleine pandémie, il n'y a pas d'eau pour se laver les mains. Les habitants s'approvisionnent avec des citernes qu'ils ont eux mêmes payées ou avec des tours d'eau. Les enfants ratent jusqu'à un mois et demi de cours par an, parce qu'il n'y a pas d'eau à l'école. Les nappes phréatiques sont polluées au chlordécone qui empoisonne les corps et les terres. Mais rassurez-vous, le Raid et le GIGN sont sur place. En Guadeloupe, au pic de l'épidémie. Il n'y avait pas de masques, pas de tests, pas de médicaments, pas de respirateurs. L'été dernier, à l'hôpital de Pointe à Pitre, on comptait seulement deux infirmiers pour 100 patients. Avec 20% de lits en moins, l'hôpital était devenu un mouroir, mais rassurez-vous, le Raid et le GIGN sont sur place. En Guadeloupe, le taux de chômage s'élève à 17%, 60% des moins de 30 ans n'ont pas d'emploi. Un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.»

«La matraque n'a jamais été une réponse à la colère sociale»

Mathilde Panot: «Pourtant, les prix de l'alimentaire sont supérieurs de 32% à ceux de France hexagonale, mais rassurez-vous, le RAID et le GIGN sont sur place. Monsieur le premier ministre, vous auriez pu investir dans l'hôpital public, dans les canalisations en ruine, dans la dépollution des terres. Vous auriez pu déclencher en urgence le plan ORSEC - Eau potable. Bloquer les prix sur les produits de première nécessité, écouter les revendications de la population qui, ne vous en déplaise, déborde largement les seules questions de mesures sanitaires. Mais non, à la place, vous instaurez un couvre feu arbitraire et envoyez le Raid et le GIGN comme s'il s'agissait d'ennemis de la République. La matraque n'a jamais été une réponse à la colère sociale. Monsieur le premier ministre, si vous voulez la paix, le rétablissement de l'ordre républicain, comme votre ministre l'a dit avec outrance et mépris, commencez par mettre un terme à la maltraitance sociale de nos compatriotes guadeloupéens. En Guadeloupe et en Martinique, la situation est très grave. Vous devez impérativement choisir la désescalade et le dialogue. On ne lutte pas contre une épidémie en réprimant le peuple.»

«Vous soufflez sur les braises, tout simplement»

Jean-Michel Blanquer: «Aujourd'hui, vouloir souffler sur les braises n'est pas responsable, car le premier des droits des Guadeloupéens, c'est de vivre avec de l'ordre public. Et comme toujours dans l'ordre public, ça protège tout le monde et tout particulièrement les plus faibles. Et donc, vous êtes mal placée pour aujourd'hui attaquer le fait que nous ayons envoyé les forces de l'ordre. Parce que qu'encouragez-vous finalement ? Vous encourager le désordre, comme d'habitude. Ce que vous voulez, c'est souffler sur les braises. Vous soufflez sur les braises, tout simplement. Dès qu'il y a un problème quelque part, vous avez envie de l'exploiter. Vous n'aimez pas les solutions, vous aimez les problèmes. Les solutions, je viens de les indiquer. Les problèmes, vous aimez les souligner. Les Guadeloupéens sont évidemment avec leurs élus désireux de sortir de cette situation qui est trop chaotique. Nous sommes déterminés, fermes. Aujourd'hui, ceux qui prennent des balles réelles, ce sont les forces de l'ordre et c'est ça qui devrait vous scandaliser. Soyons tous unis avec les Guadeloupéens pour le retour à un ordre public républicain.»



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