POLITIQUE

Publié le 07 octobre 2023

Edwy Plenel dénonce une « démocratie de la crapulerie » depuis l'ère Sarkozy

Edwy Plenel et la déliquescence du débat public

Lors de son apparition dans l'émission "L'invité" sur TV5 Monde le 5 octobre 2023, Edwy Plenel, le directeur de la publication de Mediapart, a livré une analyse poignante de l'état actuel du débat public en France. Selon lui, notre démocratie est actuellement en proie à une dégradation manifeste, caractérisée par une virulence croissante et des polémiques incessantes, quelle que soit l'affiliation politique.

Edwy Plenel est catégorique : le niveau du discours politique a atteint un point bas. "Il faut reprendre de la hauteur, parce qu'il y a le feu au lac", insiste-t-il. Pour illustrer ses propos, il n'hésite pas à revenir sur une déclaration controversée de Nicolas Sarkozy en 2009. "Ne vous laissez donc pas intimider par la dictature des bons sentiments", avait alors lancé l'ancien président. Des mots qui, pour Plenel, sont plus que problématiques : "Ça veut dire qu'il faudrait une démocratie des mauvais sentiments ?", s'interroge-t-il, ajoutant non sans ironie, "Il faudrait donc une démocratie de la crapulerie ?".

La démocratie, un idéal en péril ?

Si l'on suit la réflexion de Plenel, la démocratie ne se résume pas à une série d'élections, mais elle est avant tout une conversation, une interaction. Elle est faite de désaccords, de débats et de divergences. Citant Pierre Mendès France, Plenel rappelle que la démocratie est avant tout "un code moral". De ce fait, l'utilisation de discours virulents et agressifs, surtout lorsqu'on occupe une position aussi influente que celle de président, est non seulement inappropriée, mais elle dégrade également la qualité du débat public.

La tendance à la virulence ne se limite pas à l'ère Sarkozy. Selon Plenel, même le président actuel, Emmanuel Macron, n'est pas exempt de reproches à cet égard. Les éclats de voix, les mots tranchants et les attaques personnelles n'ont pas leur place dans la rhétorique d'un leader d'État. Pour Plenel, cette dérive a pris racine durant le mandat présidentiel de Sarkozy, marquant ainsi un tournant décisif dans la manière dont la parole politique est utilisée et perçue.

Sarkozy et les affaires : une proximité problématique

Au-delà du discours, Plenel aborde une autre préoccupation concernant Nicolas Sarkozy : sa proximité avec le milieu des affaires. En citant la promenade de Nicolas Sarkozy sur le yacht de Bolloré peu après sa victoire en 2007, Plenel souligne le risque d'une collusion entre le pouvoir politique et les grands entrepreneurs. Pour lui, cette proximité pourrait compromettre l'intégrité du processus démocratique et la confiance des citoyens envers leurs dirigeants.



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