POLITIQUE

Publié le 09 août 2023

E.Macron malmené par Elise Lucet, cette interview refait surface

L'énigme du Crédit Impôt Recherche

Il est bien connu que la fiscalité est une matière complexe, souvent interprétée de manière différente selon les points de vue. Pourtant, la conversation entre Emmanuel Macron et Elise Lucet lors de l'émission "Cash Investigation" de 2015 offre une opportunité unique d'explorer les tensions inhérentes à la politique fiscale française. Lorsque Lucet interroge Macron sur le versement de "Crédit impôt recherche" à Sanofi malgré les suppressions de postes dans le domaine de la recherche, elle met le doigt sur un paradoxe troublant.

Macron défend ces crédits, arguant que sans eux, des entreprises comme Sanofi auraient délocalisé leur recherche et, peut-être, leur siège hors de France. C'est un argument économique majeur, qui résonne avec l'idée que pour garder les entreprises en France, il faut leur offrir des incitatifs fiscaux. Mais la question cruciale demeure : pourquoi ne pas attacher des conditions à ces incitatifs pour garantir leur usage approprié ?

CICE : Une tentative audacieuse ou un chèque en blanc ?

L'exploration se poursuit avec le CICE, que Lucet qualifie de "bébé de François Hollande". Macron accepte que la juxtaposition du CICE et des plans sociaux soit intolérable pour les employés licenciés. Cependant, sa réponse est ambivalente. Plutôt que de donner une solution concrète pour assurer que ces incitations fiscales soient utilisées correctement, il insiste sur la "transparence" et l'"explication".

Lucet, armée du document "Phoenix", un plan interne de Sanofi, montre la face cachée de cette "transparence". Ce plan révèle l'intention de Sanofi de fermer plusieurs usines en France tout en mettant l'accent sur la génération de cash-flow et l'envoi de messages positifs aux investisseurs.

Le dilemme de la transparence

La contradiction est frappante : d'une part, l'État offre des crédits et incitatifs pour soutenir les entreprises et, espérons-le, stimuler l'emploi. D'autre part, ces mêmes entreprises et leurs plans secrets comme le document "Phoenix", peuvent utiliser ces fonds pour financer des réductions d'effectifs. Lucet pointe le fait que les crédits fiscaux et le CICE pourraient couvrir deux fois le coût du plan social de Sanofi.

En fin de compte, cet échange intense entre Macron et Lucet souligne le besoin urgent de réformer la manière dont les incitations fiscales sont distribuées et surveillées en France. Alors que la compétitivité est essentielle à la prospérité économique, il est tout aussi vital de garantir que l'argent public soutienne réellement les emplois et la croissance, et non des plans de restructuration déguisés.



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