POLITIQUE
Publié le 18 octobre 2022
Il dénombre les scandales politiques, Gabriel Attal passe un très mauvais moment face à ce journaliste d'investigation
Fabrice Arfi était l'invité de l'émission « Quelle époque » diffusée sur France 2 ce samedi 15 octobre 2022.
“ Un constat de grande fatigue démocratique et de défiance vis-à-vis de la parole publique ”
Léa Salamé : « Emmanuel Macron, quand il est élu en 2017, avait promis l'avènement d'une République exemplaire. Que l'on se souvienne des mots qu'il avait prononcés en mars 2017 : " La justice est au cœur du projet que nous portons, parce que l'indécence, les privilèges n'ont que trop duré, et que nous voulons les mêmes règles pour tous, quels que soient les statuts. Nous voulons des dirigeants responsables, exemplaires et qui rendent des comptes. " » Fabrice Arfi : « Je crois qu'on peut tous faire un constat de grande fatigue démocratique et de défiance vis-à-vis de la parole publique. Il faut quand même prendre conscience, pour ceux et celles qui nous regardent, que la représentation nationale, l'Assemblée nationale, est le fruit du vote de moins de la moitié des gens qui ont le pouvoir de voter. Donc c'est une représentation nationale qui représente une minorité. Donc on vit quand même dans une toute petite bulle, dans un tout petit monde, autour d'une grande désespérance, dont, je crois, les affaires participent comme un carburant, sans mauvais jeu de mots, vu la situation, de fatigue démocratique. »
“ C'est ce qu'a demandé Monsieur Macron ”
Fabrice Arfi : « Et ce n'est pas moi qui suis l'enfant de l'affaire Fillon qui, sur le terreau des batailles pour la République exemplaire, se fait élire en disant que, si un ministre est mis en examen, évidemment, au nom de la jurisprudence française en la matière, il doit démissionner. Non pas pour porter atteinte à sa présomption d'innocence, mais par principe de précaution, pour éviter que le soupçon dont il est la cible entache la fonction et l'institution qui est la sienne. Et, pour le gouvernement, de ne pas prendre le risque d'avoir quelqu'un qui pourrait être condamné un jour et être donc un délinquant. On entend la présomption d'innocence, il ne peut pas démissionner, présomption d'innocence. Maintenant, c'est quand il est condamné. Mais quand il est condamné, par exemple Nicolas Sarkozy, on lui demande de représenter la France à l'étranger, notamment au Japon. C'est ce qu'a demandé Monsieur Macron. Je veux dire, d'accord, mais il a fait appel, il n'est pas condamné définitivement. »
“ Vous parlez du renvoi en procès d'Éric Dupond-Moretti ou d'Alexis Kohler ”
Fabrice Arfi : « Mais quand on est condamné définitivement, confer Alain Juppé, on le nomme au Conseil constitutionnel. Et c'est Monsieur Ferrand, quand il était président de l'Assemblée nationale. Ce que je veux dire par là, c'est qu'on a l'impression que ce sont des mots magiques qui sont sortis, mais qui participent en réalité quand vous, quand je dis vous, encore une fois, ce n'est pas à vous, Gabriel Attal, mais quand les politiques concernés par les affaires, quand vous êtes au pied du mur, à l'épreuve du réel vis-à-vis de ces affaires, le sentiment qui peut être partagé d'une parole totalement disloquée et qui fracasse la confiance des Françaises et des Français. » Léa Salamé : « Là, vous parlez du renvoi en procès d'Éric Dupond-Moretti ou d'Alexis Kohler, pour parler de l'actualité chaude. » Fabrice Arfi : « Enfin, il faut prendre conscience, ça n'est jamais arrivé dans l'histoire politique et judiciaire française que le ministre de la Justice en exercice soit renvoyé devant un tribunal ! »