Il disait quoi, Damien Abad, quand François de Rugy était embourbé dans « l'affaire des homards » ?

Pierrick Bonno intervenait lors de l'émission « Apolline Matin » diffusée ce jeudi 26 mai 2022.

« Damien Abad pouvait rêver mieux comme soutiens »

Charles Magnien : « Ce matin, on revient sur cette affaire de plus en plus gênante pour le gouvernement et la majorité : l'affaire Damien Abad. » Pierrick Bonno : « De la gêne, oui, c'est le mot. Même si aucune enquête n'a été ouverte contre le nouveau ministre des Solidarités, même si la présomption d'innocence prévaut, on le rappelle, Damien Abad pouvait rêver mieux comme soutiens parmi ses nouveaux collègues. » Brigitte Bourguignon : « Je ne me prononcerai pas là-dessus. Ça ne m'appartient pas. » Benjamin Sportouch : « Bah, c'est votre ministre, est-ce que vous lui apportez votre soutien ? » Charles Magnien : « Ce n'est pas mon ministre, c'est un ministre du gouvernement et je n'ai pas à soutenir ou ne pas soutenir. Je ne me prononcerai pas là. » Pierrick Bonno : « La nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, que l'on sent pas très à l'aise sur le sujet, hier matin sur RTL. Mais vous me direz, même dans son ancien camp, on ne la ramène pas trop. Christian Jacob, patron des Républicains, à qui l'on reproche pour le coup d'avoir été au courant de l'affaire dès 2017... »

« C'est regrettable que les actes ne correspondent pas au discours de campagne porté par En marche »

Christian Jacob : « C'est à lui, en son âme et conscience, de se regarder dans la glace et de savoir ce qu'il a à faire. Il y a eu des bruits, des rumeurs qui avaient circulé en 2017. Je l'avais à l'époque interrogé, il m'avait dit que tout cela était faux ; d'ailleurs, qu'il n'avait eu aucune convocation. Et depuis, on n'a pas les moyens d'avoir... On a moins de moyens que vous, on n'a même pas de carte de presse pour avoir les informations ! » Pierrick Bonno : « Voilà. Donc en fait Christian Jacob savait, sans vraiment savoir : c'est pratique comme argument ! Alors je me suis posé une question : comment lui, Damien Abad, réagirait-il s'il était encore dans l'opposition ? Eh bien voilà par exemple ce que l'ancien LR disait du maintien à son poste de Richard Ferrand, juin 2017, éphémère ministre de la Cohésion des territoires, embourbé dans une affaire politico-financière. » Damien Abad : « Je pense qu'il y a le discours et les actes, et c'est regrettable que les actes ne correspondent pas au discours de campagne porté par En marche. »

« C'est une décision sage, responsable et qui était devenue inévitable »

Pierrick Bonno : « Faut-il y voir un mauvais présage ? Deux jours plus tard, Richard Ferrand finissait par démissionner, tout comme François de Rugy en 2019, lui aussi débarqué du gouvernement après les révélations sur ses dîners à base de homards, souvenez-vous. Et là encore, Damien Abad avait un avis très tranché sur la question. » Damien Abad : « Je crois que c'est une décision sage, responsable et qui était devenue inévitable. C'était nécessaire, parce que vous savez, moi je n'ai pas envie que l'on jette l'opprobre et qu'on jette le discrédit sur l'ensemble des parlementaires, et qu'on ne profite pas de ces affaires-là pour créer encore davantage de suspicion et créer un fossé encore plus grand entre les élus et les Français. Donc oui, c'était une décision inéluctable compte tenu du contexte. » Pierrick Bonno : « Une démission inéluctable, disait Damien Abad en 2019 pour quelques homards seulement. Que dirait-il aujourd'hui des soupçons qui pèsent sur lui ? Il faut se méfier des leçons de morale en politique, elles peuvent parfois se retourner contre vous. »