POLITIQUE

Publié le 17 novembre 2021

Jean Castex pique une crise en pleine Assemblée suite aux critiques d'un député

Le député Stéphane Viry intervenait lors de la séance publique à l'Assemblée nationale ce mardi 16 novembre 2021.

«Les 19 milliards que vous agitez fièrement ne sont qu'une illusion»

Stéphane Viry: «J'aimerais revenir, monsieur le premier ministre, sur les réponses de votre ministre de la Santé, Olivier Véran. Non, monsieur Véran, ce n'est pas l'automne qui fait la crise des hôpitaux. En réalité, l'épidémie de Covid a révélé au grand jour le naufrage que subissent nos soignants depuis plusieurs années. Non, monsieur le ministre, les 19 milliards que vous agitez fièrement ne sont qu'une illusion. 13 milliards serviront à résorber la dette et 1,5 milliard iront aux EHPAD. Non, enfin monsieur le ministre, nous n'avons pas besoin de vous pour connaître le travail formidable de nos soignants. Nous portons la voix de nos soignants dans nos circonscriptions pour dénoncer les incessantes coupes budgétaires. Résultat de cette politique, de votre politique. Quand le moment est venu, nous n'avions pas assez de personnel et de matériel pour ouvrir des lits de réanimation.»

«Ce sont les déserts médicaux qui progressent»

Stéphane Viry: «Aujourd'hui, nous constatons les dégâts laissés par la tempête sanitaire. Le moral est au plus bas et nombreux sont les soignants qui veulent changer de profession. La cause de la lassitude des soignants, ce sont les records de fréquentation sans cesse battus dans des services sous dotés. C'est l'angoisse de ne pas pouvoir soigner tout le monde. C'est le manque de mobilité de la profession. Ce sont les déserts médicaux qui progressent et l'absence totale de considération. C'est pour cela que 15% des infirmiers et aides soignants sont partis, alors que 22% des postes demeurent vacants. Il nous faut, monsieur le premier ministre, une vision pour la santé, une santé où les acteurs privés et publics coopèrent. Une santé pensée à l'échelle des territoires. Une santé qui dépasse la tarification à l'acte. Une santé, enfin, qui valorise l'expérience et la mobilité. Une santé centrée sur l'humain. Après la réforme creuse de ma santé 2022, un pacte de refondation des urgences qui n'aboutit à rien. Un Ségur de la déception. Quelles réformes technocratiques allez vous encore nous proposer avant de recentrer la santé sur l'humain ?»

«J'espérais jusqu'au bout des propositions opérationnelles»

Jean Castex: «Je vous ait écouté avec beaucoup d'attention. J'espérais jusqu'au bout des propositions opérationnelles, il n'en est pas venu. Si vous voulez il y a des gens qui nous écoutent, j'aimerais comprendre. Premièrement, vous dites, l'hôpital est épuisé, l'hôpital est en difficulté, notre système de santé est en difficulté parce que des moyens suffisants ne lui ont pas été donnés. Alors on va en toute transparence, faire l'historique de ces moyens, en toute transparence. Il est tout à fait exact, nos concitoyens le savent bien, que nous manquons de médecins libéraux comme hospitaliers en France. Alors, voulez-vous une nouvelle fois que je rappelle l'évolution du numerus clausus ? Qui les forme ? Je vais le faire monsieur le député.»

«Vos accusations ne sont pas dignes, je vous le dis»

Jean Castex: «Le numerus clausus, mesdames, messieurs qui forme les médecins a été créé en 1972. On en informait alors 8.588 en 1972. En 2017, il y en avait 8.124. C'est-à-dire qu'on avait en 2017, un numerus clausus inférieur à 1972, alors même que la population française a augmenté, que la population française a vieilli et que les pratiques médicales ont changé. Ça veut dire, monsieur le député, que nous devons être humble, car nous sommes collectivement responsables de cette situation et vos accusations ne sont pas dignes, je vous le dis. Vous osez dire que le Ségur de la santé, 19 milliards pour l'investissement, 9 milliards pour les rémunérations, le plus gros effort jamais fait depuis la création de la Sécurité sociale. Mais qu'avons nous fait avant ? Enfin ! Évidemment, cet effort est indispensable et je ne doute pas que vous voterez la loi de finances pour 2022 qui accroît cet effort juste et légitime, un rattrapage indispensable pour notre système de santé.»



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