POLITIQUE

Publié le 15 novembre 2021

L'analyse cinglante d'une essayiste: «C'est peut-être là que commence la dérive totalitaire»

L'essayiste Ingrid Riocreux était l'invitée de l'émission «Les Points sur les i» diffusée ce dimanche 14 novembre sur CNews.

«Comme si, en fait, tant qu'on n'en est pas à la situation de la Corée du Nord, on n'a pas à se plaindre»

Ivan Rioufol: «Ma première question serait de vous entendre, dans le fond, sur cette crise sanitaire que l'on décrit avec toute cette propagande, de mon point de vue, qui ressemble beaucoup à une propagande, vous me direz si c'est vrai ou pas. Et qui est qualifiée souvent, et je le fais également moi parfois aussi, de dictature sanitaire. Est-ce que ce terme de dictature sanitaire est quelque chose qui vous paraît conforme à ce que vous observez vous-même ?» Ingrid Riocreux: «Peut-être commencer par dire à quel point est horripilante la réaction des gens qui contestent cette notion de dictature sanitaire. C'est-à-dire que l'on entend des choses du genre : " Vous parlez de dictature sanitaire, allez voir en Corée du Nord et là, vous verrez une vraie dictature. "» Ivan Rioufol: «C'est en général ce que l'on entend.» Ingrid Riocreux: «Voilà exactement. Comme si, en fait, tant qu'on n'en est pas à la situation de la Corée du Nord, on n'a pas à se plaindre. Ou alors le jour où l'on passera en dictature, on nous préviendra la veille et on nous dira : " Attention, demain, on passe en dictature. " Moi je trouve que c'est intéressant de penser à ce qu'écrit, par exemple, la philosophe Simone Weil. Elle dit que dans un régime de liberté, la contrainte est toujours justifiée, compréhensible et cohérente.»

«C'est peut-être là que commence la dérive totalitaire»

Ingrid Riocreux: «Et de ce point de vue là, on peut dire qu'effectivement, le traitement de cette crise sanitaire par le pouvoir relève typiquement de l'inverse. C'est-à-dire que l'on a eu affaire en permanence à des consignes contradictoires et incohérentes. Et pourtant, nous acceptons plus ou moins d'être complices de ça. C'est-à-dire que pour pouvoir commencer à continuer à aller au restaurant ou au cinéma, et bien, on va s'accommoder de consignes qu'on juge absurdes. Mais bon, finalement, on s'en accommode. Et c'est peut-être là que commence la dérive totalitaire dont nous acceptons d'être complices. Ce qui m'intéresse ce sont les discours, je rappelle donc ce diagnostic très intéressant du professeur Philippe Breton qui dans " La parole manipulée " écrit qu'il n'y a pas de différence de nature entre propagande en démocratie et propagande en dictature. Finalement, c'est de la rhétorique tout ça, c'est Aristote, c'est Cicéron, c'est Quintilien, il n'y a pas de différence de nature. Et ça, il faut jamais l'oublier. C'est-à-dire que le risque du mensonge, le risque de l'exagération, finalement, il est tout le temps là. Quand on nous dit ce slogan : " On peut débattre de tout, sauf des chiffres. " Je suis désolée mais c'est faux. Bien sûr qu'on peut débattre des chiffres, justement, il faut en débattre. Depuis le protocole qu'on utilise pour les établir jusqu'à l'interprétation qu'on en fait. Le fait qu'un chiffre en lui-même ne veut rien dire. Quelle proportion représente-t-il ? Etc. C'est quand même des questions que l'on doit se poser, justement, quand on est un esprit libre.»



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