POLITIQUE

Publié le 09 mars 2022

«L'ensemble des Français paie pour satisfaire les préférences politiques des plus riches» Julia Cagé

Le financement politique en France : Un système inégalitaire ?

L'émission Viens Voir les Docteurs, diffusée sur Clique TV le mardi 18 février 2020, a ouvert un débat fascinant avec l'économiste Julia Cagé. Le sujet de discussion était la façon dont la vie politique est financée en France, une question essentielle à la démocratie.

L'animateur, Clément Viktorovitch, s'est interrogé sur le fait que, même si les individus les plus fortunés financent majoritairement la vie politique, c'est en réalité tous les Français qui la financent indirectement. Pour illustrer ce point, Cagé a donné un exemple édifiant : lorsqu'un individu donne 7 500 euros à un parti politique, il bénéficie d'une réduction d'impôt de 5 000 euros. Ainsi, il ne paie en réalité que 2 500 euros de sa poche, et le reste est compensé par les impôts des autres citoyens. Cela soulève la question de savoir si les fonds publics devraient être utilisés pour soutenir les préférences politiques de certains.

Le rôle de la collectivité

L'animateur poursuit son questionnement, posant une hypothèse : si une personne finance la campagne d'un candidat avec 50 000 euros, les deux tiers de cette somme sont en réalité financés par la collectivité. Cagé confirme cette affirmation, soulignant que cette situation s'applique aux personnes ayant un revenu suffisant pour bénéficier de ces déductions fiscales.

Julia Cagé ne s'arrête pas là. Elle attire l'attention sur une injustice plus profonde. Elle évoque le cas des jeunes étudiants ou des travailleurs précaires qui, bien que payant différents types d'impôts comme la TVA ou la CSG, ne sont pas imposables sur le revenu en raison de leurs faibles revenus. Si ces individus, malgré leurs contraintes financières, décident de faire un don modeste à un parti politique, ils ne bénéficient d'aucune réduction d'impôt. En d'autres termes, ils paient intégralement leur don, sans aide de l'État. Le contraste est frappant et pose la question de l'équité dans le système de financement politique.

Les plus démunis paient-ils pour les préférences des riches ?

La conclusion de Cagé est implacable. Elle affirme que le système actuel est structuré de manière à ce que l'ensemble de la population, y compris les plus démunis, finance indirectement les préférences politiques des plus riches. Ce constat est alarmant car il met en lumière un système institutionnalisé d'inégalités.

Vers un besoin de réforme

La discussion entre Viktorovitch et Cagé, bien que brève, ouvre la voie à une réflexion approfondie sur la nécessité de réformer le système de financement politique en France. L'idée de base de la démocratie est que tous les citoyens sont égaux devant la loi. Toutefois, si le système encourage l'inégalité dans le financement des partis et des campagnes, cela peut compromettre l'intégrité du processus démocratique lui-même.

Il est essentiel de s'interroger sur la manière dont nous pouvons garantir que le financement politique reflète les préférences de l'ensemble de la population, et non seulement celles des plus fortunés. Une réforme est nécessaire pour assurer une plus grande équité et garantir que chaque citoyen, quel que soit son niveau de revenu, ait une voix égale dans le processus politique.



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