POLITIQUE

Publié le 05 octobre 2022

L'intervention fracassante d'un maire d'une petite commune : « Méfions-nous des discours des ministres avec des cols roulés »

René Revol, Maire de Grabels, intervenait lors du conseil métropolitain de Montpellier Méditerranée Métropole de ce mardi 4 octobre 2022.

« Méfions-nous des discours des ministres avec des cols roulés »

René Revol : « Je voudrais d'abord faire une petite remarque : méfiez-vous du discours sur la sobriété. Méfiez-vous. Parce que la sobriété, il y en a qui la vivent aujourd'hui et depuis longtemps. Quand on est dans une ville où il y a un habitant sur quatre, dans une métropole où il y en a un sur six, dans une ville comme la mienne, où il y en a un sur cinq qui sont en dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire en dessous de 1 000 €, la sobriété dans tous les domaines et dans l'énergétique, elle existe depuis longtemps. Donc méfions-nous des discours des ministres avec des cols roulés qui jouent leur Marie-Antoinette en disant aux gens qu'il faut qu'ils chauffent moins. Parce qu'il y a longtemps qu'ils chauffent moins. On est confronté à une population aujourd'hui qui se demande, à nouveau, comme au Moyen Âge : est-ce qu'on va passer l'hiver ? »

« L'indice des prix intègre des choses que les gens ne consomment pas »

René Revol : « Donc il faut faire attention. Nous allons appliquer la sobriété écologique et solidaire, et il faut la présenter comme telle. C'est-à-dire que, pendant cet hiver, il faut se battre dans nos communes, là où nous sommes, partout, dans tous les collectifs auxquels on participe, qu'il n'y ait personne qui puisse se retrouver sans chauffage, qui doit arbitrer entre manger et se chauffer. Manger, oui. La hausse des prix alimentaires dans les supermarchés est de 10,6 % en un an et non pas de 6 %. Parce que l'indice des prix, il intègre des choses que les gens ne consomment pas. En tout cas les milieux populaires. Et donc aujourd'hui, le bouclier tarifaire est lui-même au-dessus du prix de l'électricité que l'on payait il y a deux ans et il va augmenter en janvier de 15 %. Et 15 % dans les petits revenus, c'est beaucoup, cette augmentation. Donc aujourd'hui, il n'y a pas de bouclier alimentaire, très peu, et ils le subissent de plein fouet. Alors moi je le dis parce que depuis la rentrée, depuis le 1ᵉʳ septembre, on voit arriver dans nos permanences, dans notre activité, dans les CCAS, des gens qui se demandent comment ils vont joindre les deux bouts. Et le discours sur l'hiver qui vient et les difficultés fait qu'il y a une angoisse qui monte. Donc, essayons d'avoir un discours sur la sobriété nécessaire en lui donnant son contenu à la fois écologique et solidaire. »

« Ils revendent cette électricité sur le marché dix fois plus cher pour s'en mettre plein les poches »

René Revol : « À partir de là, les mesures qui sont proposées, naturellement, il faut les voter. Mais il faut avoir conscience du fait, quand même... quelques éléments. Ça a été déjà dit, mais je voudrais insister. Tout ça nous vient d'une organisation du marché qui est d'ailleurs très peu marchande. C'est une organisation du marché qui s'aligne sur le coût le plus élevé. La centrale hydroélectrique qui est le long du Rhône, eh bien, elle produit une électricité dont le coût moyen est de 25 € le MWh. Le nucléaire, le photovoltaïque, tout ça, c'est autour de 50-52 € – 55-60 € le MWh. D'accord ? Et à combien se négocie le MWh sur le marché ? Au minimum à 300 €. Donc cela signifie que c'est bien supérieur au coût. Et ils sont obligés. En même temps, d'ailleurs, l'opérateur historique est obligé de vendre à 42 € l'électricité à des revendeurs qui, eux, le revendent sur le marché dix fois plus cher pour s'en mettre plein les poches, alors qu'ils ne produisent pas un seul mégawatt. Ils n'en produisent pas un seul, ils ne font que le négocier. Donc la libéralisation du marché, elle peut être mise en cause. »



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