POLITIQUE

Publié le 06 janvier 2022

L'intervention pertinente d'un journaliste sur LCI: «On a devant nous la théorie du bouc émissaire»

Vincent Trémolet de Villers était l'invité de l'émission «LCI Midi» diffusée ce mercredi 5 janvier 2022 sur LCI.

«On a devant nous la théorie du bouc émissaire»

Vincent Trémolet de Villers: «On a devant nous ce que René Girard a appelé la théorie du bouc émissaire. C'est à dire, on est dans une situation critique, tout le monde n'en peut plus et on va désigner quelqu'un pour dire qu'il est coupable de tous les maux. Les mots de Gabriel Attal sont à plusieurs endroits scandaleux. Il dit : " Ca fait deux ans que les non-vaccinés encombrent... " Il y a un an, il n'y avait pas de vaccin. Il dit " Les restaurateurs, etc... " Mais c'est le virus qui fait tout ça. Il se trouve qu'il y a des non-vaccinés et qu'il faudrait que les non-vaccinés, les personnes vulnérables se vaccinent, mais ce n'est pas eux qui ont inventé le covid, ce n'est pas eux qui n'ont pas fait de politique de l'hôpital, ça devient quand même délirant.»

«On utilise la colère des gens contre cette population»

Vincent Trémolet de Villers: «C'est-à-dire que pour que le gouvernement ne soit coupable de rien, pour qu'il n'y ait aucun problème dans ce qu'ils ont fait, tout doit être mis sur 10% de la population et on utilise la colère des gens contre cette population. Et après, on dénonce le populisme comme l'expression des colères et des peurs. Mais moi, je pense que ce qui se joue là en ce moment, plus que de savoir s'il va gagner des points ou perdre des points, c'est un rapport à la démocratie. Il faut faire attention à ce qu'on dit. Et quand on sait qu'il y a des millions de Français qui sont à cran et qu'on est chef de l'Etat, on est dans la retenue. On ne souffle pas sur les braises. On a l'impression si vous voulez créer des manifestations et un petit chaos pour montrer que le chef de l'Etat est là pour protéger de ce chaos, on ne ferait pas autrement.»

«On ajoute à une proposition politique un propos public méprisant, injurieux et déclassant»

Vincent Trémolet de Villers: «Moi, je n'ai pas le souvenir dans l'observation de la vie politique que j'ai depuis 25 ans, d'une mise en accusation d'une catégorie de français par le chef de l'Etat de façon assumée, alors vous allez dire pas injurieuse mais en tout cas grossière, comme il l'a fait là. On ajoute à une proposition politique un propos public méprisant, injurieux et déclassant. Ce n'est pas du tout du même ordre. C'est-à-dire que sans cette interview, nous n'aurions pas ce débat et c'est ça que je ne comprends pas. Et là on va peut-être arriver à la tactique politique parce que les communicants, tous ces sympathiques et brillants disent que c'est très malin parce qu'il clive, il fait du Trump du centre, etc. Bon peut-être, mais il restaure quand même le climat autour de sa personne sur le pro-macronisme et l'anti-macronisme, c'est-à-dire quelque chose qui est dégagé de la gravité sanitaire du moment.»



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