POLITIQUE

Publié le 26 juin 2021

La colère froide d'André Bercoff qui s'agace face à un journaliste au sujet de l'abstention des ouvriers

L'intervention du journaliste André Bercoff dans l'émission «24 Pujadas» diffusée ce lundi 21 juin sur LCI.

«Ce que veulent faire croire certains médias»

Thomas Legrand: «S'agissant de l'abstention, ce n'est pas forcément la colère. La colère n'arrrive pas forcément en premier. Et je trouve que c'est un vieux réflexe d'analyse politique que de dire : "On s'abstient quand on est en colère". Là, en plus, il y a des listes pour la colère comme la France insoumise ou le FN par-exemple. On peut aussi très bien ne pas aller voter tout simplement parce que l'on pense que ça ne changera rien. Pour divers raisons : parce qu'on ne comprend pas les régions, parce qu'il fait beau, que l'on était confiné et que de toute façon on votera aux présidentielles. Et quand on voit que beaucoup de jeunes, même diplômés, n'ont pas été voter, c'est le constat qu'il n'y a pas de polarisation assez forte, contrairement à ce que veulent faire croire certains médias et certaines personnes qui vivent de la polarisation, et bien la société elle est peut-être un petit peu moins polarisée.»

«Une fracture entre la France périphérique et les métropoles mondialisées»

David Pujadas: «Qu'est-ce qui vous fait réagir André Bercoff ?» André Bercoff: «Je suis assez frappé quand même par ce portrait. Parce que franchement, si ce que l'on vient de voir là, ça n'est pas une nouvelle lutte des classes, je ne sais pas de quoi on parle. Si cela n'est pas le signe d'une fracture entre la France périphérique et les métropoles mondialisées, je ne sais pas de quoi on parle. Quand Macron va chez "McFly et Carlito" pour faire des culbutes dans l'Elysée pour TikTok, pendant ce temps 87% des 18-24 ans ne votent pas, 82% des moins de 35 ans ne votent pas.» Thomas Legrand: «Et ils sont en colère ? 85% des moins de 25 ans sont en colère ? Vous voulez toujours décrire une France en colère au bord de la guerre civile, une France submergée. Vous faites ça sur votre radio, vous faites ça partout où vous êtes.»

«Alors c'est un problème de quoi ? C'est parce qu'ils ont vu le soleil et qu'ils sont allés à la pêche ?»

André Bercoff: «La France en colère ce n'est pas la guerre civile, essayez d'écouter un peu, ça vous fera du bien. Je vais vous dire, ce n'est pas la colère, comprenez de quoi en parle, on parle français. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que quand 87% des 18-24 ans ne vont pas voter...» Thomas Legrand: «C'est qu'il y a un problème.» André Bercoff: «Ah, et quel problème ? Et quand il y a 76% des ouvriers qui ne vont pas voter, c'est pas un problème ça ?» Thomas Legrand: «Mais si c'est un problème.» André Bercoff: «Alors c'est un problème de quoi ? C'est parce qu'ils ont vu le soleil et qu'ils sont allés à la pêche ?» Thomas Legrand: «Je n'ai pas dit que ce n'était pas un problème, il y a une crise de la représentation, c'est évident. Il y a une crise institutionnelle.»

«Des élites au pouvoir qui ont totalement oublié le peuple»

Thomas Legrand: «Mais la colère, l'idée qu'on soit au bord de la guerre civile, tout ce qu'on a entendu ces derniers temps est pour moi inaudible.» David Pujadas: «Il n'a pas dit ça.» André Bercoff: «Personne n'a dit ça, on ne parle pas de guerre civile. Moi, je dis simplement que ce que vous voyez là, c'est une déconnexion véritable. On a beau faire ce qu'on veut et se taper aux arbres.» Thomas Legrand: «Si vous voulez, je suis d'accord, c'est une déconnexion.» André Bercoff: «Une déconnexion de qui ? Des élites au pouvoir, gauche et droite confondues, qui ont totalement oublié le peuple, qui ont totalement oublié les ouvriers, les peu diplômés ou les baccalauréats. Ils nous disent : "Oui, nous, on aime le peuple", mais attention, un certain peuple car les autres, on ne les connait pas.»



À découvrir aussi...

Partager cette page