POLITIQUE

Publié le 22 décembre 2022

Olivier Véran très gêné de se revoir en grève en 2007

Olivier Véran, alors ministre de la santé, était l'invité de l'émission « Face à BFM » diffusée le jeudi 8 octobre 2020 sur BFM TV et, alors interne, l'invité du journal « 19/20 Alpes » diffusé le jeudi 27 septembre 2007 sur France 3 Alpes.


“ Vous vous êtes, comme interne, opposé au projet du gouvernement. ”

Maxime Switek : « On voit Olivier Véran, depuis le début de l'émission, à quel point la santé et l'économie sont liées. On le voit notamment quand les soignants réclament plus de moyens. Margaux [ de Frouville ] en parlait, notamment les syndicats. Vous avez été à leur place. Vous vous êtes, comme interne, opposé au projet du gouvernement. C'était en 2007 et je voulais qu'on revoie ces images ce soir. » Olivier Véran : « Le problème pour qu'on en arrive à faire grève, c'est qu'on en arrive à la dernière solution possible puisque toutes les tentatives pour essayer de négocier directement avec le ministère se sont révélées totalement inefficaces. » Olivier, interne en neurologie, est en 10ème année, l'avant dernière de ses longues études. Il fait partie des meneurs de cette grève, suivie selon lui par 80 % des 160 internes grenoblois. Olivier Véran : « Il faut encourager un médecin à aller s'installer en milieu rural et ne pas le forcer, de façon rapide et sans aucun plateau technique, sans possibilité de s'associer à d'autres médecins, sans moyens de télécommunications adaptés et tout en fermant les hôpitaux périphériques. Ce que nous demandons, c'est un développement global de la zone rurale. »


“ C'est à l'origine d'une brèche qui peut conduire à une médecine à deux vitesses. ”

Maxime Switek : « Qu'est-ce que dit le ministre de la Santé à ce jeune interne ce soir ? » Olivier Véran : « Non, ce qui me faisait rire, c'était l'ordinateur. » Maxime Switek : « Ah oui. » Olivier Véran : « Le vieux modèle, ça me projette quand même très, très loin en arrière. » Maxime Switek : « Il n'y a que l'ordinateur qui vous perturbe ? Non, c'était... Pardon. » Olivier Véran : « Je préfère parler d'ordinateur. Vous êtes vache. » Une journaliste : « Pourquoi cette réforme vous prend à rebrousse-poil ? » Olivier Véran : « Cette réforme nous prend à rebrousse-poil parce que nous pensons qu'elle est mauvaise. Elle est mauvaise pour plusieurs points. Je commencerai par dire qu'elle a été appliquée dans certains pays européens, des pays voisins comme l'Allemagne, la Suisse, mais d'autres pays un peu plus loin comme le Québec, et que cela s'est soldé par une diminution de l'accès aux soins, une diminution de la qualité des soins, tout en ne résolvant pas le problème de la démographie médicale. Point encore plus important, c'est à l'origine d'une brèche qui peut conduire à une médecine à deux vitesses. »


“ Notre mouvement peut se durcir si on se rend compte qu'on n'est toujours pas entendus. ”

Une journaliste : « Vous dites aussi, vous vous battez pour les patients. Ce n'est pas juste un mouvement pour vous, c'est l'accès aux soins et le patient lui-même. » Olivier Véran : « Oui, tout à fait, le patient est au centre de notre préoccupation actuelle. » Une journaliste : « Alors, quelle est votre marge d'action ? Parce qu'on sait très bien que si vous êtes en grève, vous allez être réquisitionné. » Olivier Véran : « Notre marge d'action, je dirais, dépend un petit peu de la ville dans laquelle on se situe. Il faut savoir que la continuité des soins sera assurée de toute façon. La direction de l'hôpital peut assigner des médecins seniors, voire des internes lorsque c'est nécessaire pour assurer la continuité des soins. J'entendais dans le reportage, qu'il y aurait des patients en plus dans les couloirs, c'est quelque chose qui ne devrait pas arriver. » Une journaliste : « Oui mais alors, à quoi ça sert si vous êtes en grève et que... Vous voyez ? » Olivier Véran : « Notre moyen d'action, c'est d'essayer de faire remonter l'information au niveau national pour qu'on nous prenne en considération et qu'on nous prenne au sérieux. Je dirais que c'est une étape première dans notre mouvement qui peut effectivement se durcir si on se rend compte qu'on n'est toujours pas entendus. »



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